Renaud Payre, Bruno Bernard, Sandrine Runel, Grégory Doucet et Nathalie Perrin-Gilbert © EELV
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Les écologistes aux portes du pouvoir à Lyon

Le 15 mars au soir, la démocratie s’est mise en pause alors que les écologistes s’apprêtaient à conquérir Lyon et sa métropole. Trois mois plus tard, l’euphorie de mars a laissé place à une pointe de doute : la musique du péril vert orchestrée par Gérard Collomb, en temps de crise économique, peut-elle leur coûter une victoire qui leur tendait les bras ?

Le 15 mars, c’est une vague verte qui a déferlé sur Lyon et sa métropole. Les candidats écologistes sont arrivés largement en tête du premier tour des élections municipales et métropolitaines. La tornade a emporté sur son passage Gérard Collomb, devancé dans son fief du 9e arrondissement par une trentenaire novice en politique. Grégory Doucet, candidat à la mairie de Lyon, a viré en tête dans huit des neuf arrondissements lyonnais. Les résultats obtenus dans des arrondissements qu’ils imaginaient moins favorables comme le 2e, le 5e ou le 9e avaient même quelque chose d’inespéré pour les écologistes. Si le vote vert cartonne au cœur de la métropole, à Lyon et Villeurbanne, il se propage aussi à certaines communes de la première couronne comme Oullins et aux zones périurbaines comme Saint-Germain-au-Mont-d’Or, une ville conquise au premier tour. Bruno Bernard qui brigue la présidence de la Métropole a vu ses listes arriver en première position dans huit des quatorze circonscriptions et ses candidats sont en mesure de se maintenir au second tour partout. “Nous ne crions pas victoire, mais les conditions pour qu’elle puisse exister sont réunies”, sourit Grégory Doucet.

Collomb : “Une ville qui va s’opposer à moi”

Si le délitement de la majorité sortante en deux listes irréconciliables les a aidés, cette vague verte n’est, et de très loin, pas qu’un effet d’aubaine. La campagne du premier tour s’est jouée sur leur thème : l’écologie. La canicule de l’été 2019 avait précédé le lancement des campagnes de tous les candidats et marqué les esprits. Tous ont verdi leur programme. Les écologistes se sont appuyés sur une société civile fortement mobilisée vis-à-vis du défi climatique. Les marches pour le climat de l’année 2019 avaient ainsi réuni jusqu’à 15 000 personnes. Un peu partout en France, le premier tour des élections municipales a aussi rappelé que, dans les grandes villes, la prise de conscience climatique progressait rapidement. “La ville a changé et nous ne l’avons pas compris ou n’avons pas voulu le voir, confie, sans concession, un candidat des listes Collomb. Lyon la catho, l’aristo n’existe plus. La gentrification de nombreux quartiers a fait venir des bobos en vélo.” Dès l’automne, Gérard Collomb a d’ailleurs fait cette confidence à l’un de ses collaborateurs en se promenant à la Confluence : “J’ai créé une ville qui va s’opposer à moi.” Le 15 mars au soir, elle lui a clairement signifié qu’elle voulait s’engager sur une autre route. Même si la crise sanitaire et la mise en pause des élections laissent une chance aux rivaux des écologistes d’inverser le cours de l’élection ou de l’histoire.

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