Si l'issue du scrutin à Lyon ne fait plus vraiment de mystère après le 1er tour – Gérard Collomb devrait être réélu maire de Lyon –, le 2nd tour présente de grands enjeux pour Nathalie Perrin-Gilbert (Gram) et Michel Havard (UMP). Le vote de dimanche devrait aussi acter le retour du FN au conseil municipal. Tour d'horizon des points chauds du 2e tour.
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Perrin-Gilbert va-t-elle gagner son pari ?
Mise à l'écart par le PS pour avoir osé critiquer l'action de Gérard Collomb, Nathalie Perrin-Gilbert, l'actuelle maire du 1er arrondissement, est en passe de gagner son pari. Dimanche dernier, elle a accueilli avec soulagement puis euphorie le verdict des urnes. Quand ses adversaires lui prédisaient un score de candidate de témoignage, elle a nettement viré en tête. L'alliance des Verts et du PS, bâtie pour l'empêcher d'empocher une victoire hautement symbolique face à Gérard Collomb, pourrait ne pas suffire pour lui barrer la route d'un troisième mandat en mairie du 1er. "La dynamique est du côté de Nathalie Perrin-Gilbert. Il faut attendre dimanche, mais c'est mal parti", pronostiquait un écologiste alors que l'encre de l'accord signé avec Gérard Collomb n'avait pas encore séché. L'appel de Philippe Meirieu est venu passer la seconde couche. Comme l'espéraient les conseillers de Michel Havard, le report de voix des écologistes et du Front de gauche, dans les arrondissements où il peut se maintenir, ne devrait pas être automatique.
Surtout qu'Émeline Baume, l'écologiste bombardée tête de liste face à Nathalie Perrin-Gilbert, cache difficilement ses états d'âme. Plus qu'une défaite face à son ancienne protégée, c'est peut-être le mauvais signal envoyé à son équipe municipale qui peut inquiéter Gérard Collomb. "Nathalie Perrin-Gilbert a prouvé qu'elle existait. Elle réalise une bonne performance. Au niveau de certains maires d'arrondissement sortants. Ce qui prouve qu’eux n'ont aucune valeur ajoutée", analysait un candidat socialiste au soir du premier tour. Nathalie Perrin-Gilbert apporterait, en cas de victoire, la preuve qu'il peut y avoir une vie hors de Collomb à Lyon. À l'heure où tous les moins de 60 ans pensent à 2020, cet aveu de faiblesse pourrait parasiter le troisième mandat de Gérard Collomb.
Michel Havard, leader sans terres ?
Pour marquer le premier temps de la reconquête et asseoir son leadership, Michel Havard avait prévu de gagner le 5e arrondissement à défaut de décrocher l'hôtel de ville. Son score dans son fief laisse préfigurer qu'il pourrait ne réaliser aucun de ses objectifs. Devancé d'un point au premier tour par Thomas Rudigoz (36,29 %), le candidat centriste présenté par Gérard Collomb, Michel Havard (35,66 %) souffre surtout de l'absence de réserves de voix. Le maintien au second tour du FN (11,32 %) et l'alliance du PS avec les écologistes (8,17 %) ne lui laissent guère d'espoir. "Cette semaine, nous irons faire campagne dans le 5e", confiait un candidat du 6e élu dès le premier tour. Sur son arrondissement, où il avait été défait en 2008 dès le premier tour, un nouveau revers électoral affaiblirait Michel Havard dans son rôle de patron de la droite lyonnaise. Surtout que Georges Fenech, finaliste de la primaire UMP à l'été 2013, tente de transformer le gain du 6e dès le premier tour en triomphe personnel. Dans le 2e, Denis Broliquier, en ballottage très favorable, pourrait aussi repartir à l'assaut de Michel Havard, qu'il n'a rallié que le temps de la campagne. Le candidat UMP doit l'emporter dimanche dans le 5e, sous peine d'en revenir au point de départ de 2008 : leader par défaut. Surtout, si le 5e ne bascule pas, il ne pourra pas s'enorgueillir d'avoir fait mieux que Dominique Perben en 2008.
Combien d’élus FN au conseil municipal ?
Christophe Boudot, le candidat du FN à Lyon, ne boudait pas son plaisir dimanche soir. Il avait choisi le 8e pour s'implanter du fait du haut potentiel de voix de l'arrondissement pour lui, mais d'autres territoires ont souri à sa liste. Hormis le 1er et le 4e, celle-ci a dépassé la barre fatidique des 10 % dans tous les autres arrondissements. Lors du prochain conseil municipal, le 4 avril, le FN devrait donc faire son retour à l'hôtel de ville. Une assemblée dans laquelle il n'avait pas compté d'élus depuis que Gérard Collomb est maire de Lyon (2001). Le parti d'extrême droite devrait faire entrer Christophe Boudot (8e) et Romain Vaudan (3e). Le FN devrait aussi disposer d'élus dans chacun des arrondissements où il se maintient au second tour (2e, 3e, 5e, 7e, 8e, 9e). Christophe Boudot vise une dizaine de conseillers d'arrondissement. "Ils ne seront plus seuls, ils ne pourront plus faire ce qu'ils veulent", prévient Christophe Boudot. Une affirmation qui fait doucement rire Christian Coulon (PS), maire du 8e, le seul arrondissement où le FN compte un élu : "André Morin a été élu conseiller d'arrondissement. Sa femme l'a remplacé quand il a été invalidé. Elle est venue quelquefois au début, puis on ne l'a plus vue pendant des années. Elle est revenue lors du dernier conseil d'arrondissement. Je ne suis pas sûr qu'elle ait pris la parole une seule fois, sauf pour répondre à l'appel des élus."
Fin de partie pour Havard ! se faire battre par Rudigoz est vraiment révélateur de la faiblesse du leader de l'UMP. Face à Fenech et Bera en situation confortable sans faire campagne dans le 6ème et Broliquier, il va se faire lapider.
Notre sarkoziste lyonnais qui pensait que les foules se précipiteraient pour l'acclamer, tel un Jules César revenant vainqueur de sa campagne de Gaule , se retrouve petit personnage à la Sempé . Bien seul devant son miroir et un horizon brumeux ...