Deux journalistes du Monde, enregistrements audio à l’appui, rapportent que François Fillon aurait fait pression sur l’Élysée, le 24 juin dernier, pour accélérer le cours des affaires judiciaires visant son rival Nicolas Sarkozy.
Dans leur livre Sarkozy s'est fait tuer (éd. Stock), sorti jeudi dernier, les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme affirment que François Fillon, aujourd'hui coprésident par intérim de l'UMP, a demandé que les poursuites judiciaires à l'encontre de Nicolas Sarkozy liées au financement de la campagne présidentielle de 2012 soient accélérées. "Tapez vite !" aurait-il dit à Jean-Pierre Jouyet dans une discussion entre les deux hommes.
Cette demande aurait été faite lors d'un déjeuner, le 24 juin dernier, entre l'ancien Premier ministre et Jean-Pierre Jouyet (qui a été son secrétaire d'Etat aux affaires européennes de mai 2007 à décembre 2008 et qui est secrétaire général de l'Elysée depuis avril) accompagnés d'un ami commun.
François Fillon porte plainte contre Le Monde
Si François Fillon et Jean-Pierre Jouyet ont démenti, il n'en reste pas moins que les journalistes ont en leur possession des enregistrements audio. Jean-Pierre Jouyet affirme : "Où Fillon a été le plus dur, vraiment le plus dur, c'est sur le remboursement que Sarkozy avait demandé, vous connaissez ça mieux que moi, des pénalités et des trucs pour le dépassement des frais de campagne. Fillon m'a dit, texto : “Jean-Pierre, c'est de l'abus de bien social. C'est une faute personnelle. Il n'y avait rien à demander à l'UMP, de payer tout ça.” Il était extrêmement clair."
À la question "Il ne s'est pas interrogé devant vous devant la lenteur de la justice par rapport à tout ça ?", Jean-Pierre Jouyet a répondu : "Mais si ! Il m'a dit… En gros, son discours c'était de dire : “Mais tapez vite ! Tapez vite !”" Jean-Pierre Jouyet poursuit, à propos de M. Fillon : "Et puis il me dit : “Mais, Jean-Pierre, t'as bien conscience que si vous ne tapez pas vite, vous allez le laissez revenir ?”"
François Fillon vient d'annoncer qu'il portait plainte en diffamation contre les deux journalistes et contre Le Monde.