Pourtant, personne n'a abusé du champagne. Les éléphants ayant échoué à s'entendre, c'est aux militants qu'il reviendra de trancher jeudi prochain entre trois candidats à la succession de François Hollande : Ségolène Royal, Martine Aubry et Benoît Hamon. Divisé comme jamais, le parti semble au bord de l'explosion. La première fédérale dans le Rhône, Christiane Demontès, est la première à le redouter : "Quelque soit le résultat du vote jeudi, il y a un risque. Si Ségolène Royal gagne, certains pourraient partir. Si elle perd, je ne suis pas dans sa tête, mais elle pourrait se dire qu'il s'agit d'un vote contre elle, et qu'elle a donc intérêt à partir." Représentante locale de Martine Aubry, Farida Boudaoud poursuit : "Je ne crois pas à une victoire de Royal. Si elle gagne, il y a un risque... Mélenchon est déjà parti. Tout dépendra probablement de ce qu'elle proposera aux autres comme méthode de travail."
Ce risque d'explosion semble paradoxalement la meilleure chance de Ségolène Royal. Pour l'éviter, les militants auront peut-être la tentation de voter pour elle. "Je pense que les militants vont être très légitimistes, et il y a une motion qui est arrivée en tête. Personnellement, j'aurais plutôt tendance à voter Aubry. Mais mon choix n'est pas fait. Je pense sincèrement que Ségolène Royal va arriver en tête. Est-ce qu'il ne faut pas lui donner sa chance ? Il faut trouver le moyen de remettre ce parti en marche" confie Christiane Demontès. Autre partisan de Bertrand Delanoë, Philippe Zittoun n'a pas ce genre de doutes : il ne votera pas Royal. "Je ne pense pas que beaucoup de delanoëistes votent Royal. Il y aura surtout de l'abstention, du vote Aubry et un peu d'Hamon." Tous deux ont cependant été interrogés ce matin, avant l'appel de Bertrand Delanoë à voter 'massivement' pour Marine Aubry, au nom de la défense de 'l'identité même du Parti Socialiste'. On le voit, les choses peuvent évoluer très vite au PS. 'Les pronostics ne sont pas valables au-delà de 24 heures' nuançait d'ailleurs Philippe Zittoun.
Darne, grand favori
Au niveau local, la situation semble plus claire qu'au niveau national. Elle paraît en tout cas un peu moins tendue. Des quatre candidats déclarés à la succession de Christiane Demontès, il ne devrait en rester que trois : Philippe Zittoun (Delanoë) devrait en effet se retirer. "Delanoë ne se présentant pas, il n'y a pas de raison non plus qu'on ait un candidat au niveau fédéral. Personnellement, je prônerai au niveau local qu'on donne une vraie majorité à Jacky Darne (Royal). Et qu'on évite toute démarche qui laisse penser qu'on développe un front anti-Ségolène Royal au niveau national ou anti-Gérard Collomb au niveau local" poursuit Christiane Demontès.
Jacky Darne paraît ainsi être le grand favori du scrutin. Il peut s'appuyer sur la motion Collomb-Royal, qui a obtenu 42% dans le Rhône. Cela lui donne un avantage probablement définitif face à ses concurrents Farida Boudaoud (Aubry) et Jules Joassard (Hamon). Ces derniers croient malgré tout en leurs chances. "Tout est possible. Royal devrait être largement en tête dans le Rhône, mais Jacky Darne pas forcément" estime Jules Joassard, qui pronostique un deuxième tour entre Darne et lui.
Même si elle n'est pas totale, la nette victoire de Gérard Collomb et Ségolène Royal dans le PS du Rhône devrait permettre au parti de se rassembler plus facilement à Lyon que dans le reste de la France. On en saura plus ce soir lors de l'assemblée générale des militants, prévue pour 20h30 à la Maison des Citoyens (Lyon 8e).
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