Les "pirates" de France font le point à Lyon

Plusieurs membres du bureau national du parti pirate sont à Lyon ce week-end pour dresser un retour d'expérience des élections législatives.

Non loin du "Lol", le hackerspace de Lyon, des membres du parti pirate venus de la France entière discutent stratégie et démocratie. Né en Suède en 2006, le parti pirate s'est importé en France à partir de 2011. "À Lyon, nous sommes l'une des sections les plus anciennes et les plus actives" explique Jérôme Leignadier-Paradon, secrétaire de la section Rhône-Alpes du parti pirate et membre de la commission de contrôle. "Beaucoup de pirates sont des informaticiens intéressés par la politique et ici, il y a une grosse communauté de libristes [militants en faveur des logiciels libres NDLR]" poursuit-il.

En 2012, le parti avait présenté 101 candidats aux législatives. En 2017, d'autres micropartis citoyens et alternatifs se sont associés au parti pirate pour le groupement de la "caisse claire" qui, fort de 138 candidats, n'a récolté aucun siège à l'Assemblée. "Le mode de scrutin ne nous ait pas vraiment favorable actuellement" estime Jérôme Leignadier-Paradon. "Il y avait une cinquantaine de pirates dans le regroupement. C'est quelque chose qui était très connexe avec ce qui s'appelle la belle démocratie, qui est un ensemble de micros partis qui partagent un certain nombre de valeurs".

Légalisation du partage, open data et revenu universel

Des valeurs qui n'ont pas vraiment changé depuis plusieurs années au sein du parti pirate. "Nous sommes globalement pour la légalisation du partage, qui n'est pas seulement informatique, mais qui peut aussi être au niveau des semences pour l'agriculture" précise le secrétaire Rhône-Alpes du parti. "C'est aussi une approche complètement différente du droit d'auteur et de la propriété intellectuelle, qui ne consiste pas simplement à supprimer, mais à réformer pour l'adapter aux usages et aux technologies nouvelles". Le parti milite également contre "le fichage abusif" en ligne et en faveur de la protection de la vie privée et de l'indépendance de la Justice. "L'indépendance de la Justice n'a jamais été un thème autant d'actualité qu'aujourd'hui, puisque ça va faire bientôt 20 mois que nous sommes en État d'urgence, autrement dit que la justice est court-circuitée" considère Jérôme Leignadier-Paradon.

Le revenu universel et la transparence de la vie publique par l'open data sont également des thèmes d'intérêt pour le parti pirate. "Nous considérons que si nous sommes dans une République, cela veut dire que la chose gouvernementale doit être publique. C'est la définition même du mot. Mais d'une manière générale, les citoyens ont difficilement accès aux véritables données économiques de l'État. Les choses évoluent un peu avec l'open date, mais il y a encore des efforts à faire et des résistances là-dessus donc nous continuons à être vigilant". Ce week-end lyonnais sera l'occasion pour les membres du bureau de discuter de solutions pour améliorer le fonctionnement interne du parti, qui veut mettre en place un système décisionnel horizontal. Les passants qui passeront proches de la réunion auront aussi l'occasion de découvrir un parti qui espère que ces trois journées permettront de faire office de "porte ouverte" pour les citoyens intéressés par ces questions.

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