Le nouveau représentant de l'Etat dans le Rhône, Jean-François Carenco, arrivé à Lyon le 3 décembre, a présenté ses vœux à la presse mercredi 12 janvier. L'occasion de faire le point sur ses principaux chantiers en 2011 : les transports bien sur, l'hébergement d'urgence aussi, et enfin la sécurité et l'économie. Récit.
"Il n'y a pas de liberté démocratique majeure sans une presse qui travaille. Aussi je souhaite des relations franches et loyales entre les services de presse de cette maison et vous-même", a dit mercredi Jean-François Carenco à la soixantaine de journalistes qui s'étaient pressés à ses vœux. Des pique-assiettes -il y en a toujours-, mais cette année, l'exercice s'avérait intéressant dans la mesure où il s'agissait surtout de découvrir un homme nommé voilà seulement 11 semaines dans le Rhône et dont on attend beaucoup après le passage du cyclone Gérault, ces quatre dernières années.
Le nouveau préfet s'est volontiers prêté à l'exercice. En bon tacticien, il a d'abord brossé les journalistes dans le sens du poil, comme il est de coutume, en leur expliquant qu'ils étaient "essentiels" à "son travail", et que sa mission restait "la cohésion sociale et nationale et l'application des lois". "Les citoyens, a-t-il poursuivi, ont le devoir de se faire une idée de la marche des choses, et vous, vous êtes le vecteur de cette information", a-t-il commencé, plaisantant au passage sur l'article du Canard Enchaîné du matin même qui l'avait mis en cause pour avoir autorisé une entreprise polluante à polluer un peu plus dans le Nord, où il était préfet au Havre. Carenco en a profité pour dire tout le bien qu'il pensait de "ces journalistes qui ne présentent qu'une version des faits".
Aboutir à un plus large "consensus" sur les transports
Le préfet a ensuite embrayé sur ses objectifs professionnels en 2011, au premier rang desquels se trouve évidemment les transports, lui qui était, il y a encore quelques semaines au cabinet de Jean-Louis Borloo au ministère du même nom et de l'écologie. Et dans l'imbroglio rhodanien concernant le contournement ferroviaire, le tronçon ouest du périphérique, le contournement ouest, la construction de l'A45, etc, le préfet a suggérer que rien ne se ferait tant que les projets ne feraient pas plus l'unanimité. "Dans le dossier sur les infrastructures, a-t-il dit, ce n'est pas le consensus qui manque, ce n'est même pas l'argent. C'est le fait de se mettre autour d'une table pour définir ce qui est indispensable. Un consensus à 80%, ça va; mais à 50%, mieux vaut essayer de travailler encore, a-t-il justifié. Il a terminé sur le sujet en enfonçant le clou, "un consensus oui, mais pas un consensus mou. Ce dossier mérite que les services de l'Etat travaillent un peu dessus en 2011".
Améliorer le système d'"attribution" des logements sociaux
Le deuxième objectif de Jean-François Carenco cette année concerne l'hébergement d'urgence. Et alors que les associations se révoltent depuis plusieurs années, dans la veine des Don Quichotte et à la suite de l'adoption de la loi Dalo, pour moderniser les structures d'accueil et les rendre pérennes, Jean-François Carenco veut "fluidifier les parcours résidentiels". Le problème ayant plus trait selon lui à "l'attribution qu'à l'hébergement".
Il est vrai que les sans-abri sont pris en charge en nombre à Lyon, mais uniquement l'hiver durant le plan grand froid. Durant cette période, le nombre de places d'accueil en foyers augmente, plus de 200 places étant occupées actuellement par des SDF dans des gymnases lyonnais réquisitionnés par le préfet . Mais ces gymnases ne seront ouverts que jusqu'au 15 mars, et après que deviendront ces gens ? Autre problème, le 115, qui concentre toutes les demandes d'accueil chaque jour et qui remet tous les trois jours des personnes à la rue pour céder la place à d'autres, selon un terrible turn-over qui n'aide pas les personnes à se réinsérer. "L'année dernière, précise Jean-François Carenco, on a sorti 700 personnes des CHRS", sous-entendu des personnes sorties de ce cycle infernal et loger dans des appartements afin d'être réinsérer, appartements très "sociaux". Le préfet veut favoriser encore cette circulation par le haut de la chaîne du logement, "de la rue vers Kaufman & Broad", selon son langage toujours très imagé.
La sécurité, un objectif pré-électoral
"La sécurité, un sujet très journalistique", selon le préfet. Très électoral aussi à un an de la présidentielle. Le préfet a fait de ce thème son troisième cheval de bataille en 2011. Il souhaite que l' "on continue à bien vivre dans cette agglomération". Le passage en zone police de Feyzin au 1er janvier et ceux d'Ecully et de Rillieux-la-Pape au 1er juillet devraient en tout cas bien occuper cette année les services de police. A cette occasion, les moyens devront être mutualisés, les charges indues supprimées. Tout sera remis à plat, "un vrai travail qui suppose que l'on se concerte avec les syndicats, avec les responsables des forces de police et de gendarmerie".
Enfin, Jean-François Carenco veut continuer à faire que "chacun pense que la sécurité c'est bien et que chacun y participe : les sociétés de transports, les associations de commerçants et les offices HLM".
Dernier objectif, l'économie
"On de la chance dans cette agglomération, ce qui n'est pas forcément vrai dans tout le Rhône et surtout dans toute la région Rhône-Alpes d'a avoir une économie relativement dynamique", a commencé le préfet, présentant son quatrième et dernier objectif. Mais "les accidents d'entreprises existent et sur la route de Roanne, de l'Ardèche et de l'AIn, de la Loire bien sûr, il y a des endroits qui ne vont pas bien". Pour y remédier, le préfet a dit essayer d'avoir "un peu de méthode" et "travailler avec la région et les organismes de formation, et Pôle emploi pour qu'ils améliorent leur taux de pénétration". Enfin, Carenco a dit rencontrer massivement les chefs d'entreprises depuis son arrivée à Lyon. Le 24 janvier, il mettra en place "un système d'Etat major en liaison avec l'Aderly, [l'agence de développement économique de Lyon, ndlr], pour que tout entrepreneur qui a un projet d'entreprise et qui rencontre un problème puisse être aidé".
Pour finir, le préfet veut "travailler sans relâche" sur la question de l'intégration de la troisième génération de Maghrébins dans les cités de l'agglomération, une génération "qui ne va pas bien", selon lui. Il doit aider Charles Beigbeder, le nouveau directeur général de la candidature d'Annecy aux JO d'hiver 2018 à convaincre le jury, "c'est aussi un sujet sur lequel on va progresser", a-t-il dit. Il a fini par citer en vrac, "l'amélioration du fonctionnement des services de l'Etat", "la défense du Beaujolais et du nucléaire". Puis, il a terminé avec le projet très "administratif" de refonte des communautés de communes, espérant définir d'ici décembre un nouveau schéma dans le Rhône. "Nous sommes actuellement à 21 communautés de communes, plus une communauté urbaine (celle de Lyon) et une communauté d'agglomération (celle de Villefranche-sur-Saône), l'objectif est d'en avoir 17 à terme", a précisé Hélène Chevalier, secrétaire générale de la préfecture, à l'issue des voeux du préfet.