Grossetête affiche régionales

Les secrets de nos affiches électorales

DECRYPTAGE - Représentations des candidats aux quatre coins de rues, les affiches électorales ont leur grammaire. Les choix des couleurs, de la photo, des mots répondent à une volonté de délivrer des messages, manifestes ou sous-jacents. Analyse avec Jean-Michel Rampon, maître de conférences à l'IEP de Lyon, relevant des signaux subliminaux.

Grossetête affiche régionales ()

UMP : une affiche qui casse les codes habituels

"Cette affiche casse les codes habituels, notamment parce que son visage est coupé et que la candidate est de profil. C'est la plus soignée de toutes. La partie à droite est dégagée, ouverte sur le bleu qui ressort beaucoup. Cela m'évoque l'expression 'chambre bleu horizon' que l'on emploie quand une assemblée conservatrice est élue. Le bleu, avant d'être de droite, était la couleur des républicains face au noir clérical et au blanc monarchiste. Ce slogan 'la France change, la région Rhône-Alpes doit changer aussi' est une manière de dire que la Région est à la traîne, à la suite du changement opéré en 2007 au niveau national. Le message analogique, c'est aussi 'vous avez estimé qu'il fallait changer la France il y a trois ans, il faut le faire aussi pour la Région'".

Gollnisch affiche régionales ()

FN : un clin d'oeil au courant catholique

"Sur la forme, cette affiche est traditionnelle avec un portrait frontal comme il en existe pour les campagnes depuis 1974. N'apparaît qu'un seul visage, à la différence des autres partis : celui du chef. En revanche saute aux yeux le terme "provinces", désuet depuis la Révolution. Est-ce un clin d'oeil à l'ancien régime ? Le message sous-jacent est "la France perd ses valeurs", en référence à une France éternelle, catholique. C'est un courant qui est représenté au sein du parti. Il faut peut-être y voir une remise en cause de l'échelon régional, considéré comme artificiel".

Queyranne affiche régionales ()

PS : dissoudre Meirieu tout en annonçant sa venue

"La dimension nationale, présente au FN et à l'UMP, est ici complètement absente. A l'inverse, l'identité régionale est très forte : Rhône-Alpes apparaît deux fois. "Le choix de Rhône-Alpes" laisse entendre qu'il n'y en a pas d'autres possibles. Les trois logos des trois partis sont de même taille, comme pour indiquer une égalité. Ils sont très peu apparents par rapport à l'UMP ou au FN, dans une volonté de dépassement des formations politiques. Ici, les électeurs votent Queyranne plus que le PS. Il faut relever aussi la mention "personnalités du mouvement écologiste et du monde associatif", référence aux personnes qui ont rallié dès le premier tour la liste du président sortant, issues parfois d'Europe Ecologie ou des Verts. Ce qui m'intéresse, c'est ce fond vert. C'est une technique habituelle en marketing de ripoliner de vert des produits pour les rendre éco-compatibles. Grâce à cette couleur, Queyranne indique qu'il est écologiste. Mais c'est aussi une manière de dissoudre Meirieu : les écologistes sont là mais ils sont invisibles. C'est enfin une façon d'annoncer leur arrivée pour le 2nd tour, dans une alliance qui apparaissait inéluctable. Je remarque que dans chaque département, Queyranne apparaît au 1er plan et les deux têtes de liste départementales derrière, selon un montage très visible. A chaque fois, les deux derrière sourient, mais pas lui. Queyranne est le socle, celui sur lequel on peut se reposer".

Jean-Michel Rampon est maître de conférences à l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon, en Sciences de l'information et de la communication.

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