Vue de la place Bellecour depuis Fourvière. @WilliamPham

Location en Airbnb à Lyon, la Métropole serre (fort) la vis

Pour mettre en location un meublé de tourisme du type AirBnB, il faudra désormais créer un autre logement à côté. Une mesure de compensation contraignante qui concerne surtout l'hyper-centre. Décryptage.

C'est une mesure sans concession pour les investisseurs, qui a été votée le 11 avril dernier. La Métropole de Lyon et la Ville de Lyon ont annoncé ce mercredi 13, durcir drastiquement les règles existantes de location de meublés de tourisme. Ces derniers sont les logements dédiés uniquement à la location type AirBnB. Véritables plaies des villes très touristiques, ils favorisent la spéculation et font monter les loyers. Ainsi, nombreuses sont les villes à imposer une régulation comme à Paris, Lisbonne ou Venise. Pour Grégory Doucet, le maire écologiste de Lyon : "même si le phénomène est encore contenu à Lyon, il progresse surtout dans l'hyper-centre".


"Plus personne ne peut se loger à Lyon à part les ultra riches" Raphaël Michaud, adjoint à l'urbanisme de la Ville de Lyon


L'objectif ? "Rendre du logement aux Lyonnais, réduire la tension sur le marché locatif et éviter la concurrence déloyale envers les hôteliers" explique le président de la Métropole, Bruno Bernard (EELV). Une réforme qui provient du constat suivant : "Plus personne ne peut se loger à Lyon à part les ultra riches" lance, à la volée, Raphaël Michaud, adjoint à l'urbanisme de la Ville. Autrement dit : les prix de l'immobilier s'envolent et les loyers - bien qu'encadrés depuis peu - restent pour la majorité parmi les plus hauts du pays.

Qui est concerné ?

Il est toujours possible pour un particulier de louer son appartement quelques jours par an, notamment pour le 8 décembre et la fête des Lumières. Cependant, au-delà de 120 nuits/an en location, la loi oblige à déclarer un changement d'usage car le logement change de statut et devient un meublé de tourisme. Ce bien n'est plus considéré comme une résidence principale. La mesure concerne uniquement cette catégorie de propriétaires. Détenir un meublé de tourisme était jusqu'alors bien plus rentable qu'une location classique, mais ôtait dans le même temps le logement aux habitants pour les touristes, le tout dans un marché où l'offre est déjà rare.


Il est toujours possible pour un particulier de louer son appartement quelques jours par an, notamment pour le 8 décembre et la fête des Lumières.


Le détail : une mesure de compensation

Dans l'hyper-centre :

Pour tous logement acheté à Lyon-centre dans un but de location touristique (un logement A), quelle que soit la surface, il est à présent obligatoire d'acheter un autre local (appartement B) pour en faire un logement. Il s'agit, selon les écologistes, de "compenser" la perte d'un logement dédiés au touristes en créant un logement pour les Lyonnais. La notion d'hyper-centre a été délimitée dans un périmètre précis (carte ci-dessous). Précisions importantes, cet autre local (B) doit :

-être dans le même arrondissement que le A

-disposer au moins de la même surface que le A

-ne doit pas être déjà un logement, il peut être une surface commerciale ou un bureau par exemple

-ne doit pas être au rez-de-chaussée

"Pour chaque nouveau logement meublé de tourisme, il y aura donc un nouveau logement pour les Lyonnais" explique Renaud Payre, le vice-président de la métropole en charge du logement, qui porte la réforme. En conséquence, l'investissement dans le meublé de tourisme devient extrêmement difficile dans le centre-ville de Lyon puisqu'il implique l'achat et la transformation d'une autre surface.


L'investissement dans le meublé de tourisme devient quasiment impossible dans le centre-ville de Lyon


En dehors de l'hyper-centre :

Tous les logements de plus de 35 m2 sont soumis au même régime que ceux dans le centre-ville, expliqué ci-haut. Pour les meublés de tourisme de moins de 35 m2, la durée de leur mise en location sera limitée à 9 ans.

Bientôt dans toute la Métropole de Lyon ?

"On le souhaiterait mais la loi nous contraint à nous limiter à Lyon pour l'instant" expose Renaud Payre. Seules les communes de plus de 200 000 habitants peuvent aujourd'hui délivrer des autorisations de changement d'usage des locaux d'habitation en meublé de tourisme. Lyon est ainsi la seule ville de la métropole répondant à ce critère. Mis à part un changement de la loi au niveau national, aucune extension de mesure dans la Métropole n'est possible pour l'instant.

0,7% des logements de Lyon concernés

Dans les faits, il y a 9200 logements en meublés de tourisme sur l'ensemble de la ville de Lyon (7800 AirBnB, 1100 Booking, 300 sur le reste des plateformes). Ce type de biens ne représente donc que 0,7% des logements à Lyon, surtout concentrés dans le centre-ville. Par exemple, ils seraient ainsi plus de 8% à la Croix-Rousse selon la Mairie de Lyon. Avec de telles proportions - loin des chiffres parisiens avec 20% des logements dans certains quartiers, cette réforme politique de la majorité écologiste de la Métropole ne semble pas celle qui permettra de faire baisser les loyers lyonnais. Ce qu'assume d'ailleurs les élus interrogés à ce sujet.


Avec de telles proportions, cette réforme politique de la majorité écologiste de la Métropole ne semble pas celle qui permettra de faire baisser les loyers lyonnais.


Elle paraît plutôt envoyer un message aux investisseurs spéculant sur le marché immobilier en les contraignant fortement, par la régulation massive d'un marché jusqu'à là laissé libre. En effet, avec l'encadrement des loyers qui avaient déjà fait du bruit à la fin de l'année dernière, il va devenir de plus en plus difficile d'investir dans l'immobilier lyonnais.

Lire aussi : Immobilier : "On peut faire toute sa vie dans le 7e", explique Gaël Fluchaire (vidéo)

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