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Loi contre le cumul des mandats : vers une hécatombe à la tête des villes

Le rapport de la commission Jospin préconise d'interdire le cumul des mandats aux parlementaires. Sénateurs et députés du Rhône auraient jusqu'à 2014 pour choisir. Ceux que nous avons interrogés penchent en faveur de leur mandat législatif, provoquant un vide dans les équipes municipales. Tour d'horizon.

Si la proposition de Lionel Jospin, qui figure dans le programme du candidat Hollande, était retenue, 13 parlementaires devraient choisir : 5 socialistes, 6 UMP , un centriste et un radical de gauche. Nous avons interrogé la majorité d'entre eux : hormis Gérard Collomb et Christiane Demontès, ils renonceraient à leurs mandats locaux. Voilà qui va accélérer le renouvellement des équipes à la tête des villes. Ainsi, Oullins, Feyzin - peut-être Caluire avec Philippe Cochet - perdrait leur maire. Et Gérard Collomb devrait remplacer ses adjoints aux Sports, aux Affaires sociales et à la Sécurité.

Collomb : "Il vaut mieux supprimer le Sénat"

Le maire de Lyon qui n'y est pas allé avec le dos de la culière sur un sujet auquel il s'est, avec constance, opposé au Parti Socialiste. "On a affaire à un Etat très centralisé. Si demain au Sénat, chargé de représenter les collectivités locales, il n'y a plus de maires, de présidents de conseils généraux, de présidents de conseils régionaux, il vaut mieux supprimer le Sénat", a-t-il coléré au micro de Jean-Jacques Bourdin, sur RMC, le 9 novembre. Le socialiste prend exemple sur le Bundesrat allemand qui représente notamment les Landers. "Les projets de loi qui concernent les collectivités locales lui sont présentés", expose-t-il. En cas d'adoption de cette proposition, aucun doute : il abandonnera la Chambre Haute où il est rarement présent. "Cela ne va pas changer sa vie, il est suffisamment reconnu pour être entendu. Mais il n'en va pas de même pour de jeunes maires ou élus de terrain", explique sa collaboratrice.

Buffet choisirait le Sénat sauf si...

Dilemme pour François-Noël Buffet. En l'état, l'élu UMP choisirait sans doute le Sénat, comme le laissent entendre certains proches... sauf s'il gagne la Ville de Lyon, comme il en nourrit toujours l'ambition. L'intéressé botte en touche, mais souligne "être très attaché à ce qu'un parlementaire - député ou sénateur - garde un ancrage local pour ne pas être déconnecté de la réalité".

Christiane Demontès veut rester maire

La sénatrice socialiste du Rhône n'est pas prête à abandonner son mandat de maire. Elle l'a dit au Progrès avant l'été. "Il n'était pas raisonnable d'abandonner des mandats locaux en cours comme nous le demandait l'ancienne première secrétaire du PS, mais en 2014, je n'aurai aucun état d'âme. Je sais ce que je ferai", confirme-t-elle à Lyon Capitale. Elle milite en revanche pour le maintien de "passerelles" entre "les élus locaux et les parlementaires" dans un souci de bonne connaissance du terrain au moment de faire la loi.

Sylvie Guillaume quittera la Ville de Lyon avant 2014

Députée européenne et adjointe socialiste aux affaires sociales de Gérard Collomb, elle ne voit aucun inconvénient à quitter son mandat à la Ville. "Dès la loi votée et avant si cela est souhaité et possible au sein de l’équipe municipale", précise-t-elle. Elle engage même les parlementaires à aller plus loin en n'oubliant pas "les indemnités et les fonctions cumulées des élus au titre des mandats dans les EPCI et les divers organismes comme les syndicats mixtes, SEM, etc…". On imagine Jean-Louis Touraine abonder dans le même sens, laissant à d'autres son poste d'adjoint à la Sécurité. Gérard Collomb perdrait alors son premier adjoint.

Dominique Nachury : "Ce sont aux électeurs de sanctionner les élus"

Elle était déjà en situation de cumul une fois élue députée, et elle avait abandonnée son mandat de conseillère municipale. Cette fois, Dominique Nachury renoncerait à son fauteuil de vice-présidente au Département pour redevenir simple conseillère générale. Elle s'interroge sur cette loi qu'elle perçoit aussi comme un acte qui "bride la démocratie". "On prend les électeurs pour les enfants. Ce sont aussi à eux de sanctionner les élus qui sont trop absents", observe-t-elle.

Yves Blein et Thierry Braillard se concentrent sur l'Assemblée

Tout comme Dominique Nachury, ce sont des bleus à l'Assemblée Nationale. L'un et l'autre en rêvaient : ils ne sont pas prêts à abandonner le Palais Bourbon. Le premier affirme vouloir aller au terme de ses mandats : 2014 comme maire de Feyzin, 2017 comme député. "C'est un engagement pris devant les électeurs", invoque-t-il. Le 2e "abandonnera l'exécutif municipal au terme de 13 années à oeuvrer comme adjoint aux Sports", nous écrit son collaborateur. Yves Blein et Thierry Braillard appuient cette réforme.

Philippe Cochet n'a pas donné suite à nos demandes d'interview.

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