MEETING - A quelques heures de son meeting villeurbannais du 10 mars, la porte-parole nationale du parti trotskyste, Nathalie Arthaud, donnait une conférence de presse. Il n’a guère été question des régionales de dimanche mais de l’“urgence sociale" et des moyens d’en sortir. Par la "lutte", évidemment.
"Révolutionnaire", comme son parti, Nathalie Arthaud ne compte pas sur les élections pour améliorer le sort "de toutes les victimes de la crise" dont elle se veut la porte-parole. "Les réponse ne viendront pas par le bulletin de vote mais par les luttes", précise la porte-parole. Même si elle appelle tous les abstentionnistes à exprimer plus clairement leur "rejet de tous les partis gauche comme droite qui se soumettent aux volontés du patronat". Etre plus "clair", c’est voter aux régionales pour Lutte Ouvrière dont elle mène la liste en Rhône-Alpes. On aura compris.
Face à l’"urgence sociale", l’héritière d’Arlette Laguiller refuse de "ronronner comme si de rien n’était". A la place d’un programme pour la région, elle développe donc ses trois idées phares (voir le programme) : l’interdiction des licenciements, le partage du travail sans diminution de salaire et le contrôle des comptes des entreprises par les travailleurs. Le ton est volontiers incantatoire. Ce "programme pour les luttes" doit être imposé par "un nouveau rapport de force" car "on arrêtera la dégradation des conditions d’existence que si l’ensemble des travailleurs renouent avec des mobilisations puissantes".
Aller voir chez les Grecs
Les yeux se tournent alors vers l’Est. Nathalie Arthaud n’évoquera pas Trotsky mais les Grecs. L’actualité inspire davantage Lutte Ouvrière."Nous ne sommes pas à l’abri des spéculateurs qui peuvent nous acculer comme ils l’ont fait en Grèce". Surtout, cet exemple permet de démontrer, pour elle, le découplage entre le pays réel et le pays légal. "Les urnes ne sont pas un bon thermomètre de la colère. Il y a cinq mois, les Grecs sont allés voter pour les socialistes, aujourd’hui ils sont dans la rue. Cet exemple-là, il va falloir le suivre". Dans cette logique-là, on comprend un peu mieux pourquoi Lutte Ouvrière a refusé une alliance avec les autres formations à la gauche du PS. "Le Front de Gauche sème l’illusion qu’en votant correctement à gauche, y compris en se débarrassant de Sarkozy, que tout ira pour le mieux”.
Les régionales ne sont pas des élections locales
Une question toutefois. Pourquoi s’allier avec des communistes et socialistes pour les dernières municipales dans certaines villes et pas pour les régionales ? "Ce ne sont pas les mêmes élections, répond simplement Nathalie Arthaud qui siège dans une majorité PC à Vaulx-en-Velin. La dimension nationale n’aura échappé à personne. Ces élections régionales préparent 2012". Elle tient toutefois à préciser : "Pour les municipales, nous n’avons pas fait d’accord politique avec le PS et le PC sur le plan national. Nous avons pu faire des accords localement, quand on connaissait les équipes militantes, on a en conservant notre indépendance. A Vaulx-en-Velin, je vote parfois contre la majorité". Elle reconnaît toutefois qu’"on ne le comprend pas bien". Effectivement. La porte-parole se retrouve adversaire de Marie-France Vieux-Marcaud (PC), tête de liste Front de Gauche dans le Rhône, alors que les deux siègent dans la même majorité à Vaulx-en-Velin. Les jeux politiques sont très subtils, y compris à l’extrême-gauche.