Lyon 3è : Thierry Philip, l'homme qui peut battre Perben

Face à Dominique Perben, le cancérologue Thierry Philip s'appuie sur son nom et l'"effet Collomb" pour l'emporter dans un arrondissement traditionnellement ancré à droite.

Dans la famille Philip, je demande le frère cadet, Thierry. Les électeurs du 3e arrondissement connaissaient Christian, député UMP de la circonscription jusqu'à ce qu'il en soit délogé par Dominique Perben, en quête d'une terre d'élection. Ils connaissaient, au moins par le nom que porte une avenue, André, le grand-père, député socialiste et Résistant. Ils pourront désormais voter le 9 mars prochain pour Thierry Philip (liste de Gérard Collomb). Ce cancérologue réputé de 58 ans, directeur du centre Léon Bérard, affronte donc Dominique Perben sur des terres familiales. Ses adversaires ont beau rétorquer qu'il n'habite pas le 3e, il répond, stoïque, que certes, il habite à Bron mais "à 300m du 3e", qu'il va à la paroisse protestante de Montchat depuis 30 ans, qu'il travaille "à 300 m du 3e" et que ses enfants sont allés au collège dans l'arrondissement. "Je suis un homme du 3e", clame-t-il.

Politiquement, la terre familiale en question est à droite depuis des décennies mais Dominique Perben ne l'a emporté que de 1000 voix (sur 45 000 votants) aux dernières élections législatives dans la 4e circonscription, qui correspond plus ou moins à l'arrondissement. "Si on bouge de 500 voix, c'est bon.(...) Si on ne gagne pas là, on ne gagnera jamais", pronostique Thierry Philip. Ce quasi-novice en politique (il a été élu conseiller régional en 2004), ratisse l'arrondissement rue après rue, avec un plan de campagne presque militaire : le matin, rendez-vous avec les associations et les commerçants. L'après-midi, encore les commerçants. A 16h, sortie des écoles. A 18h, porte-à-porte. Et enfin de 20h à 22h, réunion d'appartement avec une vingtaine de personnes. Deux quartiers ont été particulièrement ciblés : Montchat et la Préfecture, où la gauche est généralement très en difficulté.

En bout de campagne, le candidat Philip se montre confiant : "Partout on l'on va, on est très bien reçus. Pendant les législatives, les électeurs de droite nous expliquaient qu'ils allaient voter Collomb aux municipales". Ce qu'il appelle "l'effet Collomb". Malgré tout, son attention se tourne surtout vers les abstentionnistes. Une semaine avant le jour J, il a sillonné le 3e avec une dizaine de ses colistiers, de Montchat aux Berges du Rhône, en Vélo'V, pour distribuer son tract magique. Dessus, une simple phrase, "Voter a des conséquences visibles", avec deux photos des Berges : avant et après leur transformation. "J'explique que je veux faire la même chose pour le haut des quais et la rue Garibaldi". L'homme mouille la chemise. Il intercepte tous ceux qui passent à sa portée, sous le regard admiratif de ses colistiers. "Il est pédiatre. Ça se sent, il va très facilement vers les gens, explique sa directrice de campagne Anne Brugnera. Certains ont même été soignés par lui".

Très implanté sur les terres de son frère Christian, Thierry Philip s'appuie aussi sur les réseaux barristes, qui n'ont pas digéré l'éviction de l'aîné de la famille par Dominique Perben. Comparativement, le candidat UMP est aux abonnés absents, tout affairé qu'il est à soutenir ses candidats dans les autres arrondissements. Thierry Philip en rajoute une couche puisqu'il jure qu'il ne sera que maire du 3e. Il envisage même de démissionner de son poste de directeur du Centre Léon Bérard avant le terme de son contrat en 2009. A une exception près : "Si Collomb me propose d'être vice-président du Grand Lyon en charge de la propreté et de la voirie, je ne dirai pas non".

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