François Fillon tenait ce mercredi soir un meeting au parc des expositions de Lyon. Devant plus de 7 000 personnes, le candidat Les Républicains a vanté les mérites des classes moyennes, sans attaquer nommément une seule fois ses rivaux. Un plaisir qu’il a laissé à Bernard Accoyer et Laurent Wauquiez.
“Ce ne sont pas de demi-mesures ou d'eau tiède dont nous avons besoin, c'est d'un choc profond”, s’époumone le sénateur du Rhône François-Noël Buffet. Dans la salle, l’ambiance est déjà électrique, rythmée par la rengaine “François, président !” Plus de 7 000 personnes sont venues assister au meeting de François Fillon. “On a du monde de la Loire, des départements alentour, mais le plus gros vient bien de la région”, précise Antoine Henaff, le responsable départemental des Jeunes Républicains du Rhône. Derrière la foule, deux jeunes militants secouent une grande banderole “Saint-Étienne avec François Fillon”.
Bernard Accoyer et Laurent Wauquiez, porte-flingues de François Fillon
Sur scène, les interventions se succèdent. “Tout schuss avec François Fillon !” clame l’ex-championne de ski olympique Marielle Goitschel. Le secrétaire général du parti Les Républicains, Bernard Accoyer, accuse le président sortant de tous les maux : “La seule courbe qu'a inversée François Hollande, c’est celle du chômage”, “il a laissé monter le communautarisme, le totalitarisme islamiste !“ Il enchaîne avec une harangue contre “les soixante-huitards, reconvertis en bobos marxistes du XXIe siècle”.
Ultime intervenant avant l’apparition de François Fillon, Laurent Wauquiez souhaite faire oublier les divisions au sein de la droite : “Je demande aux élus de laisser les arrière-pensées de côté, car [cette] victoire est vitale pour la France.” Un message d’union, vite suivi d’une série de tacles sur chacun des adversaires désignés du parti Les Républicains. Macron est “l’attrape-miettes de la politique française”, et ceux qui le soutiennent sentent “la naphtaline à plein nez. Et en plus, la naphtaline socialiste !” La traditionnelle évocation de Christiane Taubira fait rugir la foule. Un cri qui redouble quelques secondes plus tard quand est évoquée Najat Vallaud-Belkacem, celle qui aurait “détruit l’éducation en supprimant l’histoire”, selon le président du conseil régional aurhalpin.
Frigide Barjot, discret soutien de Fillon
“J’ai perdu Frigide, quelqu’un l’a vue ?” demande un membre du staff dans le public. À quelques mètres, Frigide Barjot se retourne : “Je suis ici !” L’ancienne égérie de la Manif pour tous est venue en famille soutenir le candidat de la droite. Elle en a la certitude, “François Fillon va être président. Vous avez vu le monde qu’il y a !” lance-t-elle en pointant la foule du doigt.
Au premier rang, un vieil homme avec une pancarte “François Fillon, une volonté pour la France” sur les épaules bloque la vue des militants. “Bougez-vous !” lui lancent les militants derrière lui. “C’est la sécurité qui m’a placé là”, rétorque-t-il, avant de se faire tirer en arrière à grands cris par ladite sécurité. “Au secours ! On m’agresse !” beugle-t-il, s’attirant les “chut” de plus en plus insistants de Frigide.
Après l’énergique discours de Laurent Wauquiez, celui de François Fillon semble terne. Calme, appuyé sur son pupitre, l’élu Les Républicains lit ses notes. Au risque d’endormir la foule, moins prompte à applaudir et à dresser les drapeaux au signal des chauffeurs de salle. Il faut dire que le discours est moins agressif, et ne nomme directement aucun des rivaux de François Fillon, si ce n’est François Hollande le temps d’une seule saillie. ”C’est vrai que Wauquiez a un peu plus de peps”, commente un militant. Ce qui n’empêche pas Frigide Barjot d’opiner du chef en laissant échapper des “C’est bien vrai” dès que le thème de la famille est abordé.
“Fillon, je t’aime !” “Laurent, un bisou !”
Le discours se termine. Devant les barrières, un petit garçon aux cheveux roux et aux joues tricolores entame avec l’auditoire le refrain “On va gagner !” Laurent Wauquiez sur les talons, François Fillon file vers la sortie en traversant la foule. Une horde de cinquantenaires hystériques les interpelle : “Fillon, je t’aime !”, “Laurent, un bisou !” À coups de coude, une petite dame en jupe rouge tente de forcer le barrage de la sécurité pour toucher le candidat.
Une fois dehors, François Fillon s’engouffre dans sa voiture pour décoller du site. Le bain de foule n’aura duré que quelques minutes. “Vivement que ça se termine”, souffle un membre du groupe de protection du parti Les Républicains.
À l’extérieur, les commentaires sur la prestation vont bon train entre les militants LR. “Je l’ai trouvé rassurant”, déclare un partisan lyonnais. “C’est la presse qui en a fait un vilain. Cet acharnement l'a rendu encore plus sympathique”, l’approuve un autre. “Tu vas voir qu’ils vont prouver qu’il a piqué un peu de vin de messe quand il avait douze ans”, plaisante le premier.