Gérard Collomb et Georges Képénékian, les deux maires qui ont officié durant ce mandat, se sont mutuellement adressé leurs vœux, comme le veut la tradition au premier conseil municipal de l’année. Un exercice à la saveur particulière pour le millésime 2020, dernier du mandat. Les deux membres de la majorité seront adversaires aux prochaines élections municipales.
Avec un regard malicieux, les proches de Georges Képénékian guettent la prise de parole du premier adjoint. Gérard Collomb a le regard dans le vide. Après avoir salué les vingt années au pouvoir du maire de Lyon, l'ancien chirurgien lance sa première pique à celui qui sera un adversaire politique aux prochaines élections municipales : “Je salue la réussite collective à laquelle chacune et chacun ont contribué. Car, seul, rien n’est possible.” Georges Képénékian loue aussi “la défiance face à toute certitude, l’apprentissage permanent, le travail collectif et le respect des autres”. “Il faut avoir un regard critique sur ce qui a été réalisé, et ne pas être grisé par la réussite”, ajoute-t-il, soulignant en creux ce qu'il estime être les carences de celui qui fut son mentor politique.
Puis, il critique les angles morts du bilan de sa majorité. Une attraction sans bien-être, pourrait-on résumer. Peu ou prou les arguments de campagne qu'il porte avec David Kimelfeld. “Nous faisons peu de place à la prévention de la qualité de l’air, de l’eau, et à l’action contre la pauvreté. Est-ce la ville que nous voulons ? Est-ce la ville future ? Non, et nous en sommes convaincus. Le monde de demain est celui d'un développement plus équilibré et solidaire. Notre ville doit savoir anticiper, sinon elle deviendra inhospitalière. Car trop chaude et trop chère”, tance-t-il.
Gérard Collomb a la mâchoire serrée. Son adjoint termine. “Mobilisons-nous tous au-delà des clivages politiques. C'est notre responsabilité d’élus de s'engager dans cette voie. J'émets en ce début d'année un vœu, un appel à l'intelligence et au collectif, à la sagesse et à l'écoute, à cette indispensable construction d'une nouvelle vision, au lieu de l'aveuglement et de l'entêtement”, conclut Georges Képénékian.
Gérard Collomb, “fier de l’action accomplie”, affirme avoir été “à l’écoute” des critiques
Le maire de Lyon, comme la majorité, applaudit mollement. À son tour de prendre la parole. Il remercie Georges Képénékian pour ces mots. “Sachez que j'y suis sensible, comme à toutes les actions que vous entreprenez”, ironise Gérard Collomb. Son exécutif est divisé entre ses soutiens et ceux du duo Kimelfeld-Képénékian, qui ont créé leur propre groupe politique. Il défend son bilan pour ce qui semble être son dernier conseil municipal en tant que maire de Lyon.
“Avec la majorité telle quelle a été constituée, nous terminons un cycle. Nous devons en commencer un autre. Je veux vous dire que je suis et nous pouvons être extrêmement fiers de l'action accomplie”, débute-t-il. Sa mâchoire se détend. À l'attaque sur la qualité de vie à Lyon, il égrène les grands projets réalisés : la Confluence, Gerland, la Part-Dieu, le parc Blandan, les berges du Rhône. “Me dira-t-on ici que ceux qui travaillent et vivent dans ces quartiers n'y trouvent pas de qualité de vie ? Il n'y a pas d'un côté ceux qui pensent l'urbain et de l'autre ceux qui pensent l'humain. Les deux vont ensemble. Ce qui a toujours compté pour moi, c'est la transformation de la vie quotidienne”, assure Gérard Collomb.
Dépeint en autocrate par ses anciens amis et une bonne partie de son opposition, d'un ton paisible, il estime lui avoir “été à l'écoute”. “Quand j'entendais des critiques, je ne le disais pas ici, mais je l'intégrais dans ma réflexion”, dit-il. Quelques élus rigolent. Puis il conclut, en regardant son adjoint : “Si vous croyez que l'on n’est jamais habité par le doute, vous vous trompez. Oui, on doute, mais il faut un moment donné lancer un projet et s’y tenir. Si l’on est dans les oscillations, on ne va nulle part. Comme le disait Sénèque, “il n'est pas de bon vent pour celui qui ne sait où il veut aller”.”
De la division naît la défaite ! Ah si les hommes politique avaient un égo moins surdimensionné ... vous me direz, il ne seraient pas homme politique ...