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Maintien de l'eau au secteur privé : Collomb en porte-à-faux avec sa majorité

Les élus du Grand Lyon ont voté ce lundi la fin anticipée du contrat actuel qui accorde à Veolia 85% du marché lyonnais de l'eau potable. Un marché très déséquilibré qui se traduit notamment par un abonnement parmi les plus chers de France et un tarif au mètre cube surévalué de 25 à 30%. Le président n'est pourtant pas enclin à un retour en régie, que souhaitent ses partenaires de gauche.

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Pourquoi instaurer un groupe de travail associant tous les groupes politiques si la décision de Gérard Collomb est déjà prise ? Pourquoi laisser croire que quatre scénarii sont envisagés quand le président de la communauté urbaine parle déjà de "délégataire" ? C'est à l'automne que les élus du Grand Lyon devront décider si le marché de l'eau reste en délégation de service public, comme c'est le cas actuellement, ou s'il retourne dans le giron public, à l'instar de Paris, Grenoble et bientôt Bordeaux. Ces villes ont obtenu des baisses de tarif et sont parvenues, dans le même temps, à accroître leurs investissements. Un choix que le maire de Lyon ne semble pas près de faire, comme en témoignent ses propos tenus lundi au conseil communautaire.

Les vices du contrat de 1986

Le sujet est éminemment politique. Le contrat actuel, qui cède 85% du marché lyonnais à Veolia (ex-Générale des Eaux), est unanimement décrié. Comme le reconnaît Gérard Claisse, vice-président en charge de la participation citoyenne au Grand Lyon, l'abonnement est l'un des plus chers de France. Et le prix de l'eau au mètre cube est surévalué de 25 à 30%. Par contraste, l'assainissement, en régie publique, est l'un des moins onéreux de France. Comment expliquer alors les tarifs exorbitants de l'eau potable à Lyon ? Par le contrat signé en 1986 par Francisque Collomb, qui garantit notamment une hausse quasi automatique des tarifs. Pis : les dettes antérieures à 1986 continuent d'être payées par les usagers via leurs factures – réévaluées chaque année en même temps que l'est le prix de l'eau –, alors qu'elles ont progressivement été remboursées dans le temps jusqu'à atteindre zéro en 2014.

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PCF, EELV et GAEC pour la régie

Ce lundi, les élus ont voté la fin anticipée du contrat lyonnais à février 2015, en vertu de la loi Barnier et de l'arrêt Olivet. Et même si ce n'était pas le sujet du jour, les élus se sont prononcés sur le choix qu'ils feront à la rentrée. À la gauche de Collomb, tout le monde tire dans le même sens : la régie publique. "Ces groupes se sont assez rémunérés sur le dos de nos contrats, il faudra en tirer les conséquences", exhorte Yves Fournel (GAEC, à gauche ci-dessus). Et d'appeler à l'organisation d'un référendum local. Paul Coste (EELV, à droite ci-dessus) a évoqué les exemples de Paris et de Grenoble pour appeler lui aussi à la constitution d'une régie. Même son de cloche chez les communistes. La droite continue, elle, de ne pas avoir d'avis sur la question, retirant son intervention au débat. Le groupe socialiste a fait entendre une voix discordante. "Ce n'est pas le mode de gestion qui garantit la qualité du service public, mais une autorité organisatrice forte", a nuancé Guy Corazzol. En charge du dossier, Jean-Paul Colin (au centre, ci-dessus) a aussi appelé "à renforcer l'autorité organisatrice", autrement dit le pilotage du Grand Lyon.

Collomb ne veut pas de référendum

Ces prises de parole ont introduit celle du président de la communauté urbaine. "Il y a des gens qui sont pour le tout public, pour le ramassage des déchets, le chauffage urbain, le déploiement du très haut débit…", a-t-il commencé, évoquant sans doute le groupe communiste. Mais Gérard Collomb n'est pas cet homme-là. "Il est impossible que la puissance publique assure l'ensemble des investissements", prévient-il. Revenant sur la bonne santé financière de la collectivité, il a dévoilé son "secret" : "Pour un euro d'argent public dépensé, nous avons six euros d'argent privé [investi]." C'est cela son "modèle lyonnais". Si la gestion publique était davantage retenue, ce ratio tomberait, selon lui, à "peut-être 1,5 euro" d'argent privé dépensé. C'est oublier que ce sont les usagers et non les contribuables qui financent les services de l'eau, via leurs factures, quel que soit le mode de gestion retenu.

Ce lundi, le maire de Lyon a envoyé des signaux aux formations à la gauche du PS. Il s'est méchamment payé le groupe GAEC, signe que la pluralité de la gauche communautaire a ses limites. Revenant sur la proposition d'Yves Fournel d'organiser un référendum, il a estimé qu'"on ne peut pas se cacher derrière son petit doigt". Pas de consultation des citoyens donc : "C'est ici que cela se passera", à l'automne. Et ça promet d'être sportif. "Nous devons avoir des services performants pour définir des cahiers des charges et contrôler les délégataires", a poursuivi le maire de Lyon, indiquant, s'il en était besoin, qu'il se place déjà dans le scénario d'une délégation de service public. Et de préciser son cahier des charges : un prix de l'eau abordable, la préservation de la ressource et une politique d'économie de l'eau.

Lire aussi : "Service public de l'eau à Lyon : la bataille a déjà commencé"

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