Etat des lieux.
Dès que les résultats sont tombés, tous les élus de l'agglomération ont sorti leurs calculettes : les municipales sont dans un an et chacun était naturellement pressé de connaître le rapport de force dans sa commune. Dans la région, certains en sont sortis rassurés, comme le maire socialiste de Grenoble, Michel Destot, qui peut s'appuyer sur un confortable 58,05% pour sa candidate. Mais d'autres maires ont vu leur commune basculer dans le camp opposé au leur, ce qui promet des sueurs froides.
En résumé, la gauche peut espérer emporter Saint-Fons et Saint-Etienne. Mais c'est à peu près tout. A l'inverse, la droite a consolidé ses fiefs de l'Ouest Lyonnais et peut espérer faire une "razzia" sur l'Est Lyonnais qui, c'est historique, penche désormais à droite : Bron, Saint-Priest, Rillieux, Décines, Mions... Les quartiers populaires votent Sarkozy ! A moyen terme, le PS n'échappera pas à une forte remise en cause pour comprendre comment il a perdu ces électeurs traditionnellement acquis. A court terme, les maires socialistes ont du souci à se faire, d'autant que l'effondrement du FN devrait les priver de triangulaires. Leur seule chance, c'est le niveau d'impréparation de la droite : pour l'instant, l'UMP n'a pas choisi ses candidats et annonce qu'elle ne le fera qu'après les législatives. Une seule exception, Saint-Priest, où Philippe Meunier (UMP) est prêt à partir à l'assaut de Martine David (PS). Ailleurs, on verra dans un an si l'UMP a eu raison de partir si tard.
Michel Denis (divers droite), maire de Saint-Fons
En 2001, Michel Denis avait créé la surprise en faisant basculer ce fief de la gauche. Il faudra qu'il se montre très convaincant pour le conserver en 2008, car Ségolène Royal y a dépassé les 60%... La situation semble d'autant plus mal engagée que le PS lui envoie une "carrure", la secrétaire départementale Christiane Demontès.
Michel Thiollière (UMP), maire de Saint-Etienne
Voir sa ville voter majoritairement à gauche (51,6%), alors que le pays se donne massivement au candidat de droite, ne doit pas être rassurant pour l'ex-UDF Thiollière. C'est peut-être l'heure de l'ancien président d'Université Maurice Vincent (PS). Mais Saint-Etienne vote régulièrement à gauche au national et à droite au local.
Jean-Paul Bret (PS), maire de Villeurbanne
Avec un peu plus de mille voix d'avance pour sa candidate, Bret sauve l'essentiel : la gauche reste majoritaire à Villeurbanne. Mais la bataille avec Henry Chabert (UMP) sera tout de même serrée, à cause de la division de la gauche.
Yves Blein (PS), maire de Feyzin
18 voix ! C'est la petite avance obtenue par Sarkozy à Feyzin. Autant dire que la partie s'annonce sur le fil en 2008, dans cette ville qui a basculé à gauche en 2001.
Annie Guillemot (PS), maire de Bron
Pour se rassurer, Guillemot peut se souvenir que Chirac avait été majoritaire à Bron en 95, ce qui n'a pas empêché Queyranne (PS) de gagner la mairie.
Martine David (PS), maire de Saint-Priest
Pratiquement assurée de perdre son siège de députée, Martine David peut aussi s'inquiéter pour sa mairie. Surtout que la droite a envoyé contre elle un jeune plein de niaque, Philippe Meunier.
Renaud Gauquelin (PS), maire de Rillieux-la-Pape
Devenu maire en cours de mandat, en remplacement de Jacky Darne, Gauquelin va devoir se battre pour conserver son fauteuil.
Pierre Voegel (divers droite), maire de Solaize
L'UMP voudrait savoir si le maire de Solaize est prêt à prendre des candidats UMP sur ses listes, dans une ville ou Sarkozy atteint 64%. Dans le cas contraire, le parti du Président aura sa liste.
Pierre Crédoz (PS), maire de Décines
"C'est vachement inquiétant" confie un cadre du PS. Sarkozy à 56,2% dans ce bastion de gauche, c'est en tout cas historique.
René Lambert (PS), maire de Francheville
Maire de gauche dans une commune de droite, Lambert en a vu d'autres.
Guy David (PS), maire de Saint-Germain-au-Mont d'or
La droite est majoritaire, mais l'équation personnelle joue beaucoup dans ces petites communes.
Paul Serres (PS), maire de Mions
Un maire de gauche peut-il résister dans une ville qui vote à plus de 60% pour Sarkozy ? C'est l'équation que devra résoudre Serres.
Collomb/Perben : c'est du 50-50 !
Les résultats du deuxième tour sont nettement meilleurs que ceux du premier pour Gérard Collomb (PS). Il y a quinze jours, le maire de Lyon pouvait se faire de gros soucis pour sa réélection : Sarkozy atteignait 34,5% dans sa ville, soit 4 points de plus qu'en national, et surtout, les projections semblaient indiquer que la gauche n'avait pratiquement aucune chance de conserver Lyon sans les centristes. La bonne nouvelle pour Collomb vient de là : à Lyon, les centristes se sont apparemment plus reportés à gauche qu'ailleurs. C'est moins vrai sur la colline de Fourvière et le 5e arrondissement, qui basculent nettement à droite. Mais c'est flagrant sur les pentes de la Croix-Rousse.
Si les municipales donnaient le même résultat, la gauche conserverait largement le 1er arrondissement, normalement les 7e et 9e, et de grande justesse les 4e (200 voix près) et 8e (281 voix près). Le mode de scrutin, par arrondissement, permettrait ainsi à Gérard Collomb de conserver sa mairie d'extrême justesse, même si Sarkozy obtient 53,08% sur sa ville. Dominique Perben se console en notant que les résultats sont extrêmement serrés dans certains arrondissements. Mais pourra-t-il aux municipales faire mieux que Nicolas Sarkozy à la présidentielle ?
Gérard Collomb abordera donc les municipales en favori. Par contre, il a du souci à se faire pour le Grand Lyon, qui a voté à 54,45% pour Sarkozy. La plupart des bastions de gauche de l'Est-Lyonnais semblent avoir basculé à droite. Si cela se confirme aux municipales, Collomb se retrouvera très minoritaire au Grand Lyon.
Le PS se divise déjà
Alors que pendant cette soirée d'élection, Ségolène Royal multiplie les interventions devant les militants comme pour marquer le terrain au PS, son rôle de leader pour les législatives est déjà contesté. Dominique Strauss-Kahn a souligné "une très grave défaite pour la gauche, la troisième consécutive pour la présidentielle" et se dit disponible pour la suite. Sévère avec François Hollande, DSK a même croisé le fer en direct avec Jack Lang sur le plateau de TF1. La patronne du PS du Rhône, Christiane Demontès, proche de DSK vient de confier à Lyon Capitale : "Elle ne peut pas décider toute seule aujourd'hui qu'elle est la patronne du PS pour les législatives. Je souhaite qu'une direction collégiale soit mise en place".
De son côté le président de région Jean-Jack Queyranne reste sur une ligne beaucoup plus "royaliste" dans ses déclarations. Tout comme Gérard Collomb, le maire de Lyon, qui tient "à réaffirmer [son] respect pour le combat qu'a mené Ségolène Royal avec courage et détermination tout au long de ces dix huit mois et notamment au cours de ces dernières semaines où elle a osé faire bouger les lignes de forces politiques." Il ajoute : "Malgré la défaite, son message reste porteur d'avenir et doit être repris par la gauche, les écologistes et tous ceux qui ont affirmé leur volonté de renouveau politique."
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