Placé sous la surveillance de la DGSI alors que des militants d'extrême-droite fomentaient un projet d'attentat contre lui pendant la campagne législative, le fondateur du mouvement France insoumise (FI) reproche au ministre de l'Intérieur de ne pas l'avoir averti de cette mesure de protection.
Jean-Luc Mélenchon demande des comptes à Gérard Collomb. Son avocat, Me Juan Branco, a annoncé ce mercredi qu'il avait écrit à la juge d'instruction anti-terroriste pour lui demander d'auditionner le ministre de l'Intérieur dans le cadre de l'enquête sur le projet d'attentat fomenté par des militants d'extrême-droite contre le chef de file de la France insoumise (FI) durant la dernière campagne législative. Le 28 juin dernier, les services de renseignements interpellaient un militant d'extrême-droite radicale à Vitrolles, Logan Alexandre Nisin. Détenteur d'un petit arsenal (fusil à pompe et revolvers), ce dernier projetait de commettre un attentat. Il avait identifié plusieurs cibles, dont des personnalités politiques. Jean-Luc Mélenchon, alors candidat aux législatives à Marseille, et Christophe Castaner, à ce moment là maire de Forcalquier, faisaient parti de ses objectifs.
"J'ai demandé une protection qui m'a été refusée"
Pour sa sécurité, Jean-Luc Mélenchon, déjà suivi par le service de protection des hautes personnalités (SPHP) de la police nationale, comme de nombreuses personnalités politiques, est alors placé sous la protection de la DGSI, les services du renseignement intérieur, pilotés par la place Beauvau et son pensionnaire. Or, l'intéressé assure ne pas avoir été informé de cette surveillance supplémentaire. Comme il n'aurait pas été mis au courant du projet de Logan Alexandre Nisin. "J'aurais apprécié être informé", avait lâché le député des Bouches-du-Rhône, le 18 octobre dernier, à l'Assemblée nationale, au lendemain de l'interpellation de huit personnes soupçonnées d'appartenir au réseau de Nisin par la sous direction antiterroriste (Sdat).
"Quand des gens annoncent qu'ils veulent me tuer, je m'y intéresse", a de nouveau asséné le leader la France insoumise ce dimanche matin au micro d'Europe 1. Jean-Luc Mélenchon est allé plus loin, en mettant en cause la place Beauvau, qui lui aurait refusé, selon ses dires, une protection supplémentaire. "Pendant la législative, j'ai reçu des menaces de mort et demandé une protection qui m'a été refusée, a-t-il dénoncé. Alors même que le ministère de l'Intérieur arrêtait un militant d'extrême droite qui menaçait de me tuer". Ce dont il n'était alors pas au courant, d'après son récit.
"Clarifier le rôle de la DGSI"
Jean-Luc Mélenchon et son conseil, Me Juan Branco, souhaitent que la juge d'instruction en charge du dossier entende Gérard Collomb sur les conditions de cette surveillance supposée. Le fondateur de la France insoumise s'est constitué partie civile dans ce dossier. "Clarifier le rôle de la DGSI", c'est le souhait du camp Mélenchon. "Est-ce que la DGSI a surveillé Jean-Luc Mélenchon notamment pendant la campagne des législatives ? Si menace il y avait, pourquoi n'a-t-il pas été prévenu ? Est-ce que ce service spécialisé dans la lutte antiterroriste peut prendre en charge la protection de personnalités politiques ?", s'est interrogé Juan Branco en milieu de semaine.
Ce dimanche sur Europe 1 Jean-Luc Mélenchon a assuré que 5 des 17 députés FI ont reçu des menaces de mort. "L'extrême droite doit être prise pour ce qu'elle est : un danger mortel, a attaqué le député. Il faut en finir avec les groupuscules d'extrême droite violents et dangereux".