Musée des Confluences
Musée des Confluences vu de Fourvière @Tim Douet

Menacé de pénalités, Vinci écrit aux conseillers généraux

Le conseil général doit voter mardi une délibération demandant à Vinci, l’entreprise du BTP qui a construit le musée des Confluences, plus de 40 millions d’euros de pénalités. Le géant du BTP, qui refuse de payer, a pris la plume pour convaincre les élus de ne pas suivre Michel Mercier dans son baroud d’honneur sur le musée des Confluences.

Tous les conseillers généraux du Rhône ont reçu en fin de semaine une lettre de Vinci pour les sensibiliser à une délibération qui sera soumise au vote par la présidente Danielle Chuzeville (UDI) et Michel Mercier, premier vice-président et à l’origine du musée des Confluences. Le département veut ainsi récupérer 41,6 millions d’euros de pénalités pour différents retards imputables à Vinci et à ses sous-traitants.

“Nous estimons que cette décision serait tout à la fois disproportionnée, lourde de conséquences et surtout profondément injustifiée, [c'est pourquoi] nous prenons la liberté de vous solliciter”, expliquent les patrons des trois entreprises concernées par l’action en réparation du conseil général.

Menace de suppression d’emplois

Si Vinci ne conteste pas la réalité du retard (14 mois), la société avance des raisons exogènes : “Le dossier de conception de l’ouvrage s’est très vite révélé insuffisamment abouti, ce dont nous n’avons eu cesse d’alerter notre donneur d’ordre.” Un point que soulevait déjà la première entreprise, le groupement Bec, qui avait obtenu le premier marché de construction avant de l’abandonner. Cet argument pourrait prendre auprès de certains élus qui sont interpellés, par le fait que le conseil général réclame des pénalités à Vinci alors que la Serl et le cabinet d’architectes – qui s’étaient engagés à livrer le bâtiment en 2004 – ne sont pas inquiétés.

Dans la missive adressée aux élus, que nous avons pu consulter, Vinci explique aux conseillers généraux que le paiement des pénalités de retard ne serait pas sans conséquences sur l’emploi. “Les entreprises nous expliquent qu’elles pourraient licencier pour [y] faire face”, soulève un conseiller général.

Le coup de gueule de Mercier

Au conseil général, la question des pénalités a créé un vrai psychodrame. Beaucoup s’interrogent sur le bien-fondé de recourir à une délibération, ce que la législation n’impose pas. “Je pense qu’il s’agit pour Michel Mercier d’ôter cette somme au prix total du musée des Confluences et de le rendre plus acceptable”, estime Raymonde Poncet, conseillère générale Europe Écologie-Les Verts de la Croix-Rousse.

La dernière réunion de la commission des finances, avant même que Vinci ne contre-attaque, a ainsi été particulièrement houleuse. Un élu qui y a participé raconte : “Michel Mercier a reconnu que ce dossier lui pourrissait la vie depuis dix ans et son mandat. Il a accusé les élus UMP d’être à l’origine des fuites dans la presse, de le diffamer lui et le projet de musée.”

Michel Mercier trouverait aussi certains conseillers généraux de droite trop réceptifs aux arguments de Vinci et s’en est ouvert à Éric Poncet, conseiller général UMP. “Moi, je ne mange pas au restaurant, je ne pars pas en vacances avec Vinci”, s’est emporté Michel Mercier, tout en sous-entendus.

Lors de cette réunion, l’ancien ministre de la Justice, qui a présidé le conseil général de 1991 à 2012, a déboussolé un peu plus les élus quant au sens de la délibération qui leur sera soumise, en reconnaissant que les 41,6 millions de pénalités réclamées ne pourraient être récupérés en totalité. La jurisprudence prévoit en effet que, sur un marché de ce montant, les indemnités versées par une entreprise défaillante ne peuvent dépasser un certain pourcentage.

“Michel Mercier a admis qu’il ne pourrait récupérer que 28 millions d’euros”, relate un membre de la commission des finances.

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