Mais dans l'ombre.
Depuis une semaine, son nom a été cité dans toute la presse. Chaque fois qu'un article évoque une réunion animée par François Bayrou, on peut être sûr que Michel Mercier y était. Mercier se donne toujours l'air de ne pas y toucher, il joue les modestes : "Comme d'habitude, je n'ai joué aucun rôle..." C'est naturellement un gros mensonge. C'est d'ailleurs lui qui va déposer, la semaine prochaine, les statuts du futur Parti Démocrate. "Et si j'en avais joué un, je ne le dirai pas" ajoute Mercier, sourire en coin.
Mercier, c'est un homme de réseau. "Le plus puissant de Lyon", avait d'ailleurs jugé Lyon Capitale en 1999. Dans l'équipe restreinte de Bayrou, il joue un rôle de l'ombre capital. D'abord, c'est lui qui tient la caisse, en tant que trésorier national de l'UDF. Ensuite, c'est "le négociateur" attitré. Nulle doute qu'on peut retrouver sa patte dans les échanges Royal - Bayrou la semaine dernière, au sujet de l'organisation d'un débat. "Ça se prépare les rencontres. Mais moi, je ne parle jamais de la technique" confie-t-il, suggérant ainsi que son rôle est avant tout politique.
Pour ce qui est de la communication, par contre, Mercier planque. Il laisse les femmes, comme Marielle de Sarnez ou Anne-Marie Comparini, monter au front. Lui se fait volontiers le roi de la langue de bois. interrogé par TLM sur son choix entre Sarkozy et Royal, il a ainsi répondu : "Je n'ai pas pris de décision. Et je ne sais pas si je l'annoncerai publiquement". Une fois le projecteur éteint, il nargue le cameraman : "Avec ça, vous irez loin ! (rires)"
La technique et la communication, Mercier ne s'en mêle donc pas. Mais la stratégie est son royaume. Il prépare déjà la prochaine bataille législative. Dans le Rhône, c'est lui qui choisira les 14 candidats : "J'attends le plus tard possible, pour ne pas être emmerdé par ceux qui ne seront pas sur la liste" plaisante-t-il à moitié. Les centristes semblent persuadés qu'ils peuvent gagner des députés, au point d'empêcher un seul parti - le PS ou l'UMP - d'avoir la majorité à lui seul :"Pendant des années, on a été obligés de quémander nos élus. Pour la première fois, on peut les avoir par nous-mêmes, parce qu'on peut provoquer des triangulaires. C'est comme ça que le FN a exercé une dictature sur la démocratie" lâche Mercier. Mais concrètement, comment le centre peut-il obtenir des députés, sans s'allier à la gauche ou à la droite, dans un système qui favorise la logique camp contre camp ? Mercier ne dévoile rien : "C'est une alchimie très complexe. Si ça marche, je vous expliquerai. L'objectif, c'est de pouvoir être autonome. D'avoir notre groupe à l'Assemblée, de pouvoir saisir le Conseil Constitutionnel nous-mêmes... Mais on n'aura pas 100 députés !" Une vingtaine pourrait déjà suffire.