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Mercier veut sortir du Sytral pour mieux se mêler de transport

Suivant les recommandations du préfet, le président du conseil général annonce la sortie du Département du Sytral. Il tend la main à la Région pour former un syndicat de transport plus vaste. Veut-il intégrer le pôle métropolitain voulu par Gérard Collomb ou souhaite-t-il le concurrencer ?

"Je n'ai jamais cassé la baraque, ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer". Fidèle à sa tempérance et à sa pratique du billard à huit bandes, Michel Mercier a choisi de ne pas passer en force ce lundi matin. Vendredi, il avait reçu une lettre du préfet qui enjoignait le Département à quitter le Sytral (lire ici). Le Garde des Sceaux l'a transmise à tous les conseillers généraux, presque en temps réel. Tous trépignaient de voir sa réaction. Voilà qui a chamboulé l'ordre du jour en chassant l'autre dossier chaud : les emprunts toxiques.

Mercier veut récupérer des infrastructures du Sytral

"On négociera". Michel Mercier a choisi de ne pas appliquer en urgence la recommandation du préfet. "Il était important que le préfet dise le droit", a-t-il toutefois lancé ce lundi matin. "C'est le droit", a-t-il repris, ménageant ses effets. C'est à peine s'il s'étonne de la contre-attaque de Bernard Rivalta (lire ici). La sortie du Sytral est une affaire complexe, qui nécessite de se répartir les actifs, la dette, peut-être les charges d'entretien. "Chaque collectivité doit prendre de la dette", a affirmé Béatrice Vessiller. "Et les infrastructures", a ajouté Mercier.

Le Garde des Sceaux s'est cependant voulu apaisant, assurant vouloir maintenir une participation financière. "Ils vont désormais conditionner leur aide, et ne la porter qu'aux projets qu'ils soutiennent", estime un élu. Les élus socialistes sont venus à la rescousse du Sytral. Le maire de Givors, Martial Passi (PCF), s'est demandé "pourquoi ce qui existe et fonctionne serait devenue tout à coup illégal et obsolète". Jérôme Sturla (PS) a jugé "urgent d'attendre", notamment la future présidentielle pour savoir ce qu'il adviendra de la réforme territoriale. "Il serait dommage de balkaniser", fait-il valoir. "C'est malheureux d'entendre dans cette assemblée que l'on peut ne pas appliquer la loi", a réagi le 1er vice-président Michel Forissier. Lui et son président se positionnent comme les défenseurs des petites communes déshéritées menacées par les ensembles urbains. Michel Mercier se définit surtout comme "un facilitateur", préservant "la liberté absolue des communes".

"Pas la bonne échelle" pour le pôle métropolitain

Pour défendre le Sytral, les élus socialistes font valoir qu'un pôle métropolitain (carte ci-dessus) est en passe d'être créé qui inclurait une compétence transport. Or cette instance nouvelle fait grincer des dents, autant au Département qu'à la Région, qui y voient un organe concurrent, susceptible de grignoter leurs compétences. Selon Michel Forissier, le pôle métropolitain "n'est pas bonne échelle". Michel Mercier aussi raille ce projet porté par Gérard Collomb. "Il y a des trous dans le pôle métropolitain", observe-t-il. Ils ambitionnent de constituer un syndicat (dit SRU), chapotant le Sytral, la STAV (Villefranche-sur-Saône) et toutes les autorités de transport du Rhône. C'était aussi une préconisation du préfet.

Ce lundi, Michel Mercier a fait une ouverture en direction de la Région qui pourrait rejoindre cette organisation. Il poserait notamment la question d'un billet unique, relevant que celui-ci existe à Grenoble où il est possible de monter dans un TER avec son billet de bus, à condition d'effectuer un trajet court, circonscrit à l'agglomération. S'il incluait le conseil régional, le syndicat promu par Michel Mercier passerait à une échelle plus vaste. Et par comparaison, le pôle métropolitain, étendu seulement à St-Etienne, Vienne et le Nord-Isère, paraît un peu étriqué, laissant de côté Villefranche-sur-Saône, la Plaine de l'Ain ou la communauté de communes de l'Est Lyonnais qui ne veut pas y adhérer. Alors Queyranne et Mercier vont-ils s'allier pour pousser leur syndicat et barrer la route aux ambitions de Collomb ? Ou les trois vont-ils s'entendre pour former une seule et même institution ? Michel Mercier s'en pourlèche déjà, imaginant Queyranne et Collomb s'étriper pour en prendre la présidence.

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