Métropole de Lyon : la méthode Vortex décortiquée

Le journal Mediapart vient de publier une longue enquête sur la société Vortex spécialisée dans le transport scolaire de personnes handicapées. Une société qui bénéficie d’une délégation de service public de la métropole de Lyon qui a été prolongée en juillet dernier malgré l’accumulation de critique sur sa gestion des employés, des salariés et sur la qualité de ses services.

Dans deux longs papiers (ici et ici), Mediapart a mené une enquête fouillée sur la société de transport scolaire de personnes handicapées. Une investigation qui révèle une nouvelle fois, les pratiques déjà très critiquées, de la société, dont la délégation de service publique a été reconduite en juillet dernier par la métropole de Lyon. Temps partiels, heures de travail non payées, procès aux prud'hommes en cascades, manque de formation des employés etc... Le Pure player revient aussi sur le décès en mars dernier d'un chauffeur de l'entreprise âgé de 70 ans à la fin d'une de ses tournées. "Il partait extrêmement tôt pour déposer les enfants à l’heure à l’école, rentrait au milieu de la journée, avait à peine le temps de s’asseoir sur le canapé, courait et repartait, jusqu’au soir. Il était épuisé. La semaine avant sa mort avait été particulièrement éprouvante", raconte son épouse à Mediapart. Selon le journal "entre août 2016 et mars 2017, plus de la moitié des jours travaillés par cet homme n’ont pas respecté le repos minimum de 11 heures consécutives, avec de nombreux pics à 10, 14 heures de travail journalier". Un autre salarier s'est suicidé en août 2013 après avoir reçu une lettre de Vortex lui indiquant qu'il n'aura plus de travail à cause de la perte de marchés publics alors que la loi impose la reprise des contrats. Toujours en 2013, un autre salarier s'est jeté d'un pont à Lyon durant un arrêt de travail. "En tout entre 2011 et 2016, Vortex a dénombré 129 décès, représentant un taux moyen de mortalité pour 100 salariés équivalents temps-plein de 2,19 %, ce qui est élevé, même pour le secteur du transport", écrit Mediapart.

Les représentants syndicaux attaqués

Le journal en ligne revient aussi sur le climat délétère vis-à-vis des représentants syndicaux. La Direccte de l’Hérault, en 2014, a adressé un courrier expliquant à Vortex "qu’en dénigrant deux organisations syndicales, l’entreprise ne respecte pas son obligation de neutralité et de non-discrimination". Mediapart est aussi revenu sur les demandes, de la direction de Vortex aux élues CGT et Unsa d'organiser une manifestation pour soutenir l'entreprise pour peser sur l'attribution des marchés publics remis en cause par le département du Rhône. Après l'article paru sur Lyon Capitale, la direction avait alors lancé une procédure de licenciement contre les deux représentantes syndicales. Procédure qui n'a finalement pas abouti.

La métropole de Lyon au pied du mur

Comme nous l'écrivons plus haut, le contrat de la société Vortex a été reconduit par la métropole de Lyon en juillet dernier à la surprise générale. Le Grand Lyon avait même augmenté de 15% compte tenu de la "sous-évaluation" du coût des prestations. "Vous reconnaissez explicitement le dumping social et la sous-évaluation du marché par cette entreprise en vue de la remporter", avait réagi Nathalie Perrin-Gilbert. Lors du dernier conseil métropolitain, Gérard Claisse, le 21e vice-président métropolitain, chargé de la politique d’achat public, des gestions externes et des affaires juridiques et assurances, avait assuré que, “dans le prochain appel d’offres, les exigences en matière de qualité seront plus élevées que celles qui prévalaient sur ce que nous avons eu jusqu’ici”. Le vice-président avait aussi lancé une lourde charge à l'encontre du marché du transport de personnes handicapées. “Ce marché n’est pas [mûr] puisqu’effectivement il y a eu du dumping sur les prix. Ceci est vrai pour toutes les entreprises, dont JLI, l’entreprise concurrente [qui se partage les marchés avec Vortex dans le Rhône, NdlR] (...)Il n’y a pas une entreprise vertueuse et une autre qui ne l’est pas. Il y a un marché qui n’est pas [mûr], avec du personnel pas toujours formé, utilisé à temps très partiel, avec un turn-over très élevé. Ce qui ne convient pas pour ce type de transport, qui suppose une haute qualité de service”. Le marché devrait être à nouveau soumis à appels d'offres avant l'été 2018.

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