Notre sondage Ifop-Fiducial révèle que 56% des sondés sont satisfaits de l'action de la métropole de Lyon. C'est un peu mieux qu'à la Ville de Lyon.
Transports en commun
Une bonne volonté ralentie par des couacs
Taux de satisfaction 56 %
Historiquement, les écologistes n’ont jamais été d’ardents défenseurs du métro. Ils lui reprochent de favoriser l’étalement urbain et donc, au bout de la chaîne des mobilités, la voiture. En arrivant à la tête de la Métropole et du Sytral, le bras armé de la collectivité en matière de transports en commun, ils ont trouvé en haut de la pile de dossiers à traiter le métro E promis par Gérard Collomb en 2014. Un projet dont les écologistes pointaient un ratio coût-bénéfice guère convaincant. Pour débrancher en douceur la ligne E, ils l’ont replacée dans une discussion plus large où les ordres de grandeur se chiffrent en milliards d’euros avec le prolongement des lignes A vers le stade de l’OL, B vers Rillieux-la-Pape ou D en direction de la Duchère. Au terme d’une concertation, le plan métro a été abandonné. La ligne E s’est muée en un tramway express, enterré sous la colline de Fourvière puis en aérien sur le plateau du Point-du-Jour. Un choix justifié sur l’autel du pragmatisme financier. Le développement du réseau de transports en commun afin d’offrir une alternative à la voiture, une promesse phare de la campagne électorale de 2020, repose principalement sur un plan tramway. En créant trois lignes en direction de la première couronne (Vaulx-en-Velin, Saint-Fons et Villeurbanne sur un axe nord-sud inédit), les écologistes veulent affiner le maillage du territoire et développer des liaisons entre les grandes villes de la métropole sans passer par Lyon. Le début du mandat avait été pollué par l’épineuse question du téléphérique à Sainte-Foy-lès-Lyon. Bruno Bernard voulait tester ce mode de transport, mais a dû reculer face à la fronde des maires concernés qui sont allés jusqu’à organiser un référendum local. Les bonnes intentions des écologistes concernant les transports en commun se heurtent pour l’heure à une série d’aléas. L’automatisation de la ligne B s’accompagne depuis la rentrée d’une exténuante série de pannes. Le réseau métro dans son ensemble souffre trop régulièrement de dysfonctionnements. Faute de conducteurs, l’offre de bus a dû être réduite pendant plusieurs mois en fin d’année 2022 et le retour à la normale n’est que très progressif. La possibilité qu’en 2026 le réseau TCL ne se soit pas suffisamment développé pour offrir une alternative fiable à la voiture est d’ailleurs l’une des raisons ayant poussé Bruno Bernard à décaler l’interdiction des diesels dans la ZFE de deux ans.
Voiture
La stratégie assumée de la congestion
Taux de satisfaction 28 %
À mi-mandat, les chiffres illustrent bien l’impact des mesures prises par les écologistes pour réduire la place de la voiture. En 2022, le trafic automobile a diminué de 10 %. Et les automobilistes passent plus de temps dans les bouchons (210 heures). Ces réalités statistiques symbolisent la stratégie de la congestion amorcée, plus modestement, par leurs prédécesseurs, mais fortement accélérée par Bruno Bernard et sa majorité. “Notre objectif est que les gens se rendent compte qu’ils perdent du temps, de l’argent et qu’ils s’énervent dans leur voiture (…) Si vous voulez réduire le nombre de voitures qui ne devraient pas circuler, il faut diminuer les voiries et les places de stationnement”, promettait Jean-Charles Kohlhaas, vice-président chargé des mobilités, en début de mandat. La promesse semble tenue. Les écologistes ont rapidement réduit la voirie sur la plupart des grands axes en pérennisant la grande majorité des aménagements temporaires décidés par David Kimelfeld durant le Covid. Trois ans plus tard, chaque voirie passe encore sous leurs fourches caudines. Depuis quelques mois, la majorité métropolitaine se penche sur les ponts qui desservent la Presqu’île. Après Wilson et Lafayette, c’est le nouveau visage du pont Morand qui a récemment été présenté. Il perdra lui aussi une voie de circulation automobile.
De l’autre côté du Rhône, la cure d’austérité routière sera drastique. Une partie importante de la Presqu’île va être piétonnisée. La Métropole de Lyon va aussi expérimenter une zone de trafic limité à partir de 2025 entre Bellecour et les pentes de la Croix-Rousse. Seuls les riverains et quelques acteurs économiques (taxis, livreurs et transports en commun) auront le droit de circuler à l’intérieur de ce périmètre. La Métropole a, en revanche, décidé d’arrondir les angles sur un autre acronyme : la ZFE (zone à faibles émissions). L’interdiction des véhicules Crit’Air 2, principalement les diesels, censée entrer en vigueur en 2026 a finalement été décalée de deux ans. Bruno Bernard a justifié ce report en pointant la difficulté de faire respecter cette interdiction et le manque d’accompagnement de l’État. Fin stratège politique, le président de la Métropole a aussi mesuré le risque politique et électoral inhérent à la ZFE. La mesure est déjà entrée en vigueur pour les Crit’Air 5 et s’appliquera d’ici la fin du mandat aux Crit’Air 3 et 4.
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