David Kimelfeld et Gérard Collomb, à la finale du Bocuse d’Or 2019 © Maxime Jegat / PhotoPQR MaxPPP
David Kimelfeld et Gérard Collomb, à la finale du Bocuse d’Or 2019 © Maxime Jegat / PhotoPQR MaxPPP

Métropole et ville de Lyon : des majorités de plus en plus incertaines

La bataille politique que se livrent David Kimelfeld et Gérard Collomb met numériquement en danger les majorités à la ville de Lyon et à la métropole. Si les deux camps assurent que les engagements de mandat seront respectés jusqu’au bout, la création ce mardi d’un groupe par les pro-Kimelfeld a renforcé le spectre d’une possible scission de la majorité municipale.

“Nous souhaitons porter une parole plus libre.” En quelques mots, les élus pro-Kimelfeld du conseil municipal de Lyon ont officialisé mardi soir leur divorce avec Gérard Collomb (lire ici). Nouvel épisode d'une bataille politique qui se joue depuis plus d'un an au sein de la majorité de l'ancien ministre de l'Intérieur. Majorité qui n'en a plus que le nom, puisqu’elle est désormais disloquée à la métropole de Lyon comme à la mairie.

Guerre froide

Dans les deux camps, on jure encore qu’“on respectera les engagements de mandat pris devant les électeurs en 2014”. Pourtant, dans la guerre froide qui se joue chaque semaine désormais, les deux camps fourbissent leurs attaques dans ce qui ressemble à une course à l'armement. Une escalade commencée par des mots, des vexations à Beauvau comme rue du Lac (lire ici). Puis en actes : quand l’un porte la loi Immigration à Paris, l'autre s'engage pour les mineurs isolés à Lyon et réfute la théorie de l’“appel d'air”. Ou quand, à une semaine de la réélection de Gérard Collomb à la mairie de Lyon, en novembre 2018, David Kimelfeld décide de se séparer d'Arabelle Chambre-Foa et Jérome Payen, deux collaborateurs aujourd'hui au cabinet de Gérard Collomb, qu'il considérait comme les “yeux de Moscou” de ce dernier.

Chaque coup politique en appelle un autre. Tout s'accélère en octobre, quand le maire du 4e sanctionne sa 2e vice-présidente, Fouziya Bouzerda, qui l'a qualifié de “décroissant” dans les colonnes du Progrès, en lui retirant l'essentiel de ses délégations. Dans l'entourage de David Kimelfeld, on y voit la patte de Gérard Collomb. Juste auréolé du soutien officiel de La République en Marche pour l'élection métropolitaine, le maire de Lyon reprend à son compte l'argument de son adjointe à la mairie de Lyon. “Ceux qui pensent que la décroissance serait la solution n'ont pas connu la situation de quartiers comme la Confluence ou le 9e arrondissement”, lance-t-il en conférence de presse. Ce lundi, au conseil métropolitain, Fouziya Bouzerda a publiquement affiché son désaccord avec son président, taclant son “incompétence certaine” et sa “gouvernance par SMS” (lire ici). David Kimelfeld ne répond pas, ou peu, et se contente de lui “proposer de démissionner”. La réponse – même si l’entourage du président de la métropole affirme que les deux événements n’ont rien à voir – arrive le lendemain (ce mardi, donc) quand ses proches annoncent la formation de leur groupe politique à la mairie de Lyon.

“L’idée, ce n’est pas de faire sauter la majorité”

Amputée de 11 éléments, la majorité municipale ne tient plus qu'à un fil. “Au respect des engagements de mandat” de chaque camp. “L'idée, ce n'est pas de faire sauter la majorité”, confiait hier Myriam Picot, présidente du groupe Progressistes et républicains. Sur les 73 élus qui siègent à la ville, ce nouveau groupe pourrait, en votant avec l'opposition, mettre en minorité le maire de Lyon. La chose se jouerait à la voix près. Difficile de faire des comptes d’apothicaire. Que voteraient aujourd'hui Thierry Braillard et Thierry Philip, ou le groupe Europe Écologie-Les Verts ? Le groupe Les Républicains ne manquera pas de souligner cette crise de l’exécutif au prochain conseil, le 18 novembre. “Est-ce que Georges Képénékian peut rester premier adjoint de Gérard Collomb alors qu’il fait partie de ce groupe et qu’il se présente contre lui à la ville ?” s’amuse-t-on chez LR.

À la métropole, la majorité n'existe déjà plus que virtuellement. En 2018, Gérard Collomb avait fait le choix de ne pas reprendre son siège, faute de certitude sur sa réélection (il s'était attiré les foudres des élus Synergies-Avenir, des maires de droite de l'Ouest lyonnais, à qui il avait promis une réforme du scrutin métropolitain). Plus récemment, David Kimelfeld n'a pas débarqué Fouziya Bouzerda, car la procédure l'aurait alors obligé à faire revalider par l'assemblée l'ensemble de son exécutif. Sans l'appui des élus “collombistes”, l'opération aurait été impossible. Le vote des prochains budgets (en janvier à la ville et à la métropole) sera particulièrement surveillé. Dans les deux camps, aucun ne veut croire que la bataille électorale paralysera les deux institutions. Mais plus personne ne pense cela impossible.

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