Six mois après sa défaite aux municipales, une expérience électorale qu’il juge positivement, Michel Havard a décidé de reprendre la parole après un temps de réflexion sur son rôle d’opposant. Fidèle à lui-même, il refuse de sombrer dans une caricature et se languit d’être en 2020 dans une situation différente de 2014 : il formule le pari qu’il n’aura plus à ferrailler contre Gérard Collomb. Et que la ville pourrait ainsi s’offrir à lui, l’opiniâtre gendre idéal.
Lyon Capitale : Pourquoi avoir fait le choix de prendre six mois de recul médiatique, au lendemain des municipales ?
Michel Havard : J’ai pris le risque de faire le bilan de ma campagne. J’ai aussi eu besoin de cette période pour reconstruire ma vie professionnelle. J’ai toujours mon entreprise de conseil, mais je réfléchis à un parcours plus structuré. Je sors de deux années intenses, avec les élections législatives et municipales. Ce temps de recul était nécessaire pour que je me repose des questions. Pour vérifier si le moteur tourne toujours. Et je vais bien. La période qui suit une élection n’est pas non plus la plus passionnante quand on est dans l’opposition. Jusqu’à l’annonce du plan de mandat, il y a assez peu d’enjeux politiques hormis la question des rythmes scolaires. Si je me suis mis en retrait des médias, je n’ai pas pour autant rien fait. J’ai continué à rencontrer des acteurs de la vie lyonnaise même si je n’ai pas cherché à le faire savoir. Ces six mois m’ont permis de raisonner en faisant abstraction de l’émotion de la campagne. Et je tire un bilan positif de ma première campagne des municipales comme tête de liste. J’ai de bons retours des Lyonnais. Nous avons construit une belle équipe, avec des gens d’expérience comme Dominique Nachury et Georges Fenech et les nouveaux de la Génération Lyon. Six mois après, j’ai toujours envie d’être maire de Lyon, ma détermination est intacte. Devenir maire de Lyon est toujours l’histoire de ma vie.
Vous tirez un bilan positif de votre campagne qui s’est toutefois soldée par un échec ?
Aucun maire de Lyon n’a accédé à cette responsabilité à sa première candidature. Même Raymond Barre avait été candidat en 1988 sur la liste de Francisque Collomb. Gérard Collomb a eu le temps d’éprouver entre 1977 et 2001 les joies de l’opposition et la nécessité de durer dans le temps. Cette première campagne m’a permis de poser un socle, de créer une équipe.
Lors du mandat précédent, vous n’aviez pas trouvé le bon angle d’attaque contre Gérard Collomb. Ce mandat qui s’ouvre s’annonce plus gestionnaire que bâtisseur pour le maire de Lyon, votre tâche n’en sera que plus compliquée...
La création de la métropole constitue un enjeu formidable et pose la question de la place de la Ville de Lyon dans l’agglomération. Les réformes électorales modifient le poids des différentes collectivités. On assiste à un transfert de compétences des villes vers les intercommunalités, à l’effacement des départements au profit de la région. Avec la métropole, je serai vigilant sur la question de la proximité. Si les grandes décisions se prennent au Grand Lyon, je ne me désintéresse pas du rôle de proximité de la Ville de Lyon. Je voudrais m’occuper du quotidien des Lyonnais. Je suis inquiet de l’éloignement entre le décideur et le citoyen qui pourrait accompagner la métropole. Il faudra aussi observer quels seront les grands arbitrages financiers entre la Ville et la métropole, notamment sur des projets comme la Maison de la danse. Si l’ouvrage doit être payé par la Ville de Lyon, Gérard Collomb ne pourra presque rien faire d’autre durant le mandat. Ces gros équipements ne sont pas raisonnables au vu de nos finances. Mais j’ai l’impression que Gérard Collomb ne gagera pas le prochain mandat en impulsant trop de nouveaux projets, ce qui est généralement le défaut de ceux qui partent.
Vous avez devant vous cinq ans et demi dans l’opposition avant de retenter votre chance. Qu’allez-vous faire différemment du mandat précédent ?
La probabilité qu’il s’agisse du dernier mandat de Gérard Collomb est assez forte. J’attends de voir le plan de mandat avant de choisir une option d’opposition. Les choses seront de toute façon différentes en 2020. Pour les électeurs, il ne s’agira plus de savoir s’ils veulent reconduire ou non Gérard Collomb, mais d’élire un nouveau maire de Lyon. Durant ces dernières années et pendant la campagne, j’ai aussi appris des choses. Je pense qu’en 2020 il faudra désigner le candidat de la droite plus tôt. Sur l’organisation, nous devrons être meilleurs. Je pense en particulier au maillage du territoire par les élus, à une meilleure connaissance des réseaux. Lors de la campagne, nous n’avons été mauvais sur aucun sujet, mais nous n’avons pas été assez bons pour faire comprendre les problèmes de la ville. Nous devons travailler sur notre capacité à faire passer notre message auprès des acteurs et des Lyonnais. Le temps d’une campagne était trop court pour arriver à convaincre. Mais je ne vais pas changer ma manière d’être en tant qu’opposant. Je ne m’inventerai pas un personnage. Je considère que le conflit politique stérile est une catastrophe pour la démocratie. Ce n’est pas ce qu’attendent les électeurs. Les Lyonnais me disent d’ailleurs qu’ils apprécient que je ne sois pas dans la caricature.
Serez-vous candidat aux régionales, la prochaine échéance électorale ?
Il est trop tôt pour se prononcer, mais je veux m’engager sur cette élection. Stratégiquement, l’UMP doit regagner la région, car le PS truste tous les pouvoirs. Pour les régionales, je ne fais pas de ma place sur une liste une question importante. Je voudrais juste représenter Lyon.
Lors des élections sénatoriales, l’UMP n’avait mis aucun Lyonnais en position éligible. Est-ce révélateur du peu de poids de Lyon dans votre famille politique ?
Il y a une forme de logique. Les grands électeurs lyonnais sont connus, tout comme leur vote. L’élection se gagnait dans les petites communes, où les maires sont sans étiquette et se déterminent parfois en fonction de la représentation de leur territoire sur la liste. Avec les quatre premiers de la liste, nous couvrions la métropole, le nord, l’est et le sud du département. Et cela a marché. Pour avoir un sénateur lyonnais, il aurait fallu que nous gagnions la ville.
Pourquoi soutenez-vous Nicolas Sarkozy, alors que vous faisiez partie des fillonnistes lors de la précédente élection du président de l’UMP ?
J’ai fait le choix de la raison, au-delà de ma relation avec Nicolas Sarkozy qui est franche et réciproquement loyale. Il m’a confié des missions sur l’environnement, m’a emmené à Copenhague, à l’Onu quand il était président et que j'étais député. J’ai été le voir rue de Miromesnil, même si je n’en fais pas état comme d’autres. Je fais peut-être trop de choses que je ne fais pas savoir. Nicolas Sarkozy, c’est surtout le choix de la raison, dans la mesure où l’UMP ne va pas bien. Il a l’autorité et la compétence nécessaires pour remettre la maison en marche.
Le recul de 6 mois n'aura pas suffit pour une vision à long terme. Faire le choix de Sarkozy dans la foulée des lèche bottes connus est un mauvais choix, surtout à Lyon ! Bruno Le Maire était beaucoup plus judicieux afin de constituer une équipe neuve d'ici 2020, avec des jeunes hors des magouilles parisiennes et lyonnaises.
Très bon commentaire.Fenech , l'homme lige de Copé Sarkozy , le bon soldat, celui qui c'est tout mais qui ne dira rien , l'homme parfait quoi!!!Faut il rappeler la liste de ses ''amis' dans un prochain commentaire surement .....