Mis en examen, Jean-Noël Guérini ne démissionne pas

Fait rarissime : un président de conseil général est mis en examen notamment pour association de malfaiteurs. S'il ne démissionne pas, il délègue temporairement une partie de ses prérogatives.

De notre envoyé spécial dans les Bouches-du-Rhône.

Sans surprise, le Marseillais Jean-Noël Guérini a été mis en examen jeudi 8 septembre par le juge d'instruction, Charles Duchaine, pour prise illégal d'intérêt, trafic d'influence et association de malfaiteurs dans le cadre de l'enquête impliquant son frère cadet, Alexandre. Ce dernier a été, lui aussi, mis en examen en décembre 2010 pour abus de biens sociaux, détournement de fonds et de biens publics, recel, blanchiment, trafic d'influence, corruption active et détention de munitions. Puis placé en détention provisoire pendant cinq mois.

Arrivé à pied au tribunal de grande instance de Marseille vers 13h45, Jean-Noël Guérini en est ressorti cinq heures après. Devant la presse, il a confirmé ne pas vouloir démissionner de la présidence du conseil général comme l'y poussent pourtant certains ténors du PS comme Harlem Désir, Arnaud Montebourg ou encore Manuel Valls. Cependant, sous la pression, il a a annoncé qu'il déléguait " temporairement une grande prérogative de (ses) prérogatives " au premier vice-président du conseil général, Daniel Leconte. Mais sans préciser la nature de ces prérogatives. Il a confirmé également vouloir se mettre " en congé " du Parti socialiste " pour ne pas gêner (ses) camarades au moment où est engagé le processus des primaires ".

Ses avocats ont immédiatement lancé la contre-attaque. Patrick Maisonneuve et Dominique Mattei ont annoncé qu'ils allaient contester, " dès demain devant la cour d'appel " d'Aix-en-Provence la mise en examen de leur client. Selon Dominique Mattei, l'association de malfaiteurs ne peut tenir car pour une telle infraction, il faut être " au minimum deux " : " Or, Jean-Noël Guérini est le seul dans ce dossier à être mis en examen pour cette infraction. Les deux conseils vont aussi demander le " dessaisissement " et la " délocalisation " de l'instruction. " Les magistrats ne lui ont posé que quatre questions ", a tonné Maisonneuve. " C'est bien la preuve que la décision était déjà acquise (…). Nous ne croyons pas au hasard. Les choses étaient prévues et elles se sont réalisées dans un climat délétère ".

Les juges reprochent notamment au président du conseil général d'avoir préempté un terrain à la Ciotat, à côté de Marseille, pour permettre à son frère, alors entrepreneur dans les déchets, d'agrandir une de ses décharges. La justice soupçonne aussi le sénateur socialiste d'avoir " toléré les immixtions sans titre " d'Alexandre dans des affaires relevant du département, " à des fins de clientélisme servant leurs intérêts communs ". Enfin, sur la base d'écoutes téléphoniques, ils l'accusent d'avoir recommandé à son cadet de faire le ménage dans son bureau après l'avoir averti d'une enquête en cours. Mais pour Jean-Noël Guérini, cette instruction est purement " politique ". Sans surprise, là non plus.

Au siège de la fédération, rue Montgrand, personne pour commenter cette mise en examen. Jean-David Ciot, premier secrétaire fédéral, était aux abonnés absents, trop occupé, paraît-il, à préparer le bureau fédéral qui se tenait quelques minutes après. Encore une fois, les premières réactions sont venues de Paris. Harlem Désir a enfoncé le clou en déclarant : " Le temps du système Guérini est fini. Le temps de la rénovation est venu ". De son côté, Arnaud Montebourg a demandé, une nouvelle fois, la démission de Guérini de tous ses mandats. Mais la surprise est venue de la droite locale. Très discret depuis le début de cette affaire, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin a demandé à " François Hollande et Martine Aubry de prendre leurs responsabilités, en mettant un terme à une situation qui porte désormais un grave préjudice à la fonction de président du Conseil Général des Bouches-du-Rhône ". Si même Gaudin s'y met...

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