Ces mêmes millonistes avaient pourtant dirigé la Région avec les voix du Front National en 1998. Lorsque les journalistes rappelaient cet épisode et l'accord signé avec les villiéristes, on leur répondait sèchement "que cela n'intéressait personne" ou que "c'était de l'histoire ancienne".
Ce qui n'a pas empêché ceux qui avaient à l'époque dénoncer cette alliance d'appeler à une nouvelle mobilisation.
Il y a eu tout d'abord plusieurs tribunes, les premières lancées par SOS Racisme. Puis, en conseil municipal, le refus des groupes UMP et millionistes de voter une subvention au MRAP. Des intellectuels de gauche groupés autour du pédagogue Philippe Meirieu, ont alors très vivement réagi après ce geste qui selon eux révèle tout ce que signifie cette alliance : "Alors que le monde entier s'est félicité du recul du Front National, la droite lyonnaise ne trouve rien de mieux que de lui rouvrir clandestinement la porte".
Surtout, la récente mise en retrait du porte-parole de Perben, Philippe Genin, a certainement libéré quelques initiatives. Celui-ci a estimé que l'alliance avec les millonistes lui posait des problèmes de consciences. Le nouvel appel de SOS Racisme, intitulé "pas avec l'extrême-droite, ni avec la droite extrême" est à replacer dans ce contexte. Outre des hommes politiques socialistes et Verts, les principales figures de la lutte anti-raciste l'ont signé : le magistrat Albert Lévy, la présidente de la Ligue des droits de l'homme Odile Belinga, l'ancien président d'Hippocampe Stéphane Nivet ou l'ancien recteur Alain Morvan. Ce dernier justifie son acte : "Je compends mieux pourquoi lorsque je m'en suis pris aux dérives négationnistes du côté de Lyon 3, mes prises de positions ont entrainé une certaine réserve pour ne pas dire plus de la part de l'UMP lyonnaise. C'est bien parce que je heurtais des alliances qui ne demandaient qu'à se reconclure". Cet appel commence aussi à circuler dans le milieu culturel. Jean-Louis Sackur, directeur du Centre culturel Théo Argence de Saint-Priest : "Même si c'est plus insidieux le mode de pensée des millonistes et leur politique n'ont pas changé. Ce qui est vrai sur la place publique en 1998 est encore vrai 9 ans après même si c'est moins visible". Animateur de la mobilisation anti-Millon, il a donc décidé de reprendre du service en réactivant le collectif Vaccin, qui regroupait à l'époque la quasi totalité du milieu culturel rhône-alpin.
La renaissance de ce collectif et cet appel républicain va t-il influer sur les débats des municipales à Lyon ? Réponse en mars prochain.
Retrouvez le texte de cet appel sur www.pasaveclextremedroite.com
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