C’est un visage familier des municipales à Lyon. Tous les six ans, Éric Lafond sort de l’ombre. Pour mieux y retourner, faute de nouer des alliances, par idéologie ou égoïsme. Il se console en retenant que sa candidature n’est pas vaine. Sur sa route, il sème des idées, pas toujours farfelues, et pose un regard acide sur un monde politique rétif aux expérimentations.
Dans la classe politique lyonnaise, il est le cousin éloigné qui ne vient qu’aux réunions de famille. Il réapparaît tous les six ans sans que le temps ait de prise sur lui. Sa silhouette ne s’est pas empâtée. Les tempes ne grisonnent pas. Les échecs électoraux qui s’enchaînent glissent sur lui. Sa détermination est sans faille malgré les échecs répétés. En 2001, il monte une liste citoyenne dans le 2e arrondissement : 5,45 %. En 2008, alors que le Modem commence à se balkaniser, il porte la liste autonome : 6,02 %. Il décroche alors son unique mandat : conseiller d’arrondissement dans le 3e. Viré du Modem, il se lance en 2014 avec 100 % Citoyens : 3,70 %, avec une pointe à 4,64 % dans le 3e arrondissement. Dans la foulée, il part aux régionales de 2015, où il touche le fond : 1,56 %. Ces déconvenues n’entament pas sa motivation. En 2020, il repart pour une quatrième campagne municipale à Lyon, sans étiquette ni perspective de lendemain qui chante. “Je continue à tourner autour de ce monde, car je pense qu’il y a plein de choses à faire. La politique est un levier considérable. Le changement du système par l’extérieur, je n’y crois pas. L’empowerment citoyen ne marche que s’il est relayé par le politique”, justifie-t-il.Déçu par LREM
L’optimisme d’Éric Lafond atteint ses limites quand il pose son regard sur une classe politique lyonnaise autour de laquelle il gravite sans parvenir à entrer dans son atmosphère. “Les élus ne font que de la représentation et ont peu de convictions, déplore-t-il. Le pouvoir est centralisé dans les cabinets et les services. Les adjoints qui cumulent des mandats nous font croire qu’ils sont des super- héros, mais ils ne font que survoler leurs dossiers et laissent leurs directeurs de service décider. Or, ce n’est pas leur rôle d’être innovants.” Dans son programme, il portera l’impossibilité de cumuler les mandats pour ses candidats. L’avènement d’En Marche et d’Emmanuel Macron sur une promesse centriste l’a rapidement déçu. “La promesse initiale de renouveler le personnel politique et ses pratiques n’a pas été tenue, regrette-t-il. À Lyon, sur les hommes, on a vite compris qu’il faudrait repasser. Sur les pratiques, toutes les semaines un député de la majorité est mis en examen…”Il vous reste 70 % de l'article à lire.
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