La majorité municipale finit difficilement le mandat à Meyzieu. Christophe Quiniou, qui a succédé à Michel Forissier, n’a pas imposé sa patte. Les divisions d’En Marche pourraient cependant le maintenir dans la course.
En 2014, Michel Forissier avait eu besoin d’un seul tour pour être réélu maire de Meyzieu. Depuis, il est devenu sénateur et a laissé son fauteuil, en juin 2017, à Christophe Quiniou qui achève le mandat dans un climat de défiance. Fin 2019, quatre de ses adjoints ont démissionné et prévoient de le défier dans les urnes en mars. “Je pense que Christophe Quiniou ne fera pas voter son budget 2020, de peur d’être en minorité”, souffle Philippe Pesteil, le chef de file LREM. “Notre budget passera. Je n’ai pas de problème de majorité. Les quatre qui sont partis, ce sont deux couples de professionnels de la politique politicienne. Ils ont démissionné pour préparer leur candidature. Ils veulent se présenter pour dire “le maire n’a pas fait ce qu’il fallait sur l’éducation et l’urbanisme”. C’étaient justement leurs délégations… Pendant deux ans, je ne les ai pas vus en mairie”, affirme Christophe Quiniou. Ses opposants décrivent un édile qui associe peu ses élus, se retranchant avec son cabinet. “Je ne connais pas une équipe municipale où il n’est pas reproché au maire et à son cabinet de tout gérer. Entre Michel Forissier et moi, il n’y a pas eu de différences. Il y a peut-être même plus d’échanges qu’avant”, estime le maire de Meyzieu.
L’échec de l’agrandissement du Leclerc reproché à Christophe Quiniou
Trois ans après avoir succédé à celui qui a ravi la ville au PS en 2001, Christophe Quiniou peine à imposer sa marque. L’un des premiers gros projets pour sa commune qu’il a accompagnés s’est soldé par un échec : la Commission nationale d’aménagement commercial (Cnac) a retoqué le dossier d’agrandissement porté par le propriétaire de l’hypermarché Leclerc. “Christophe Quiniou l’a accompagné pour soutenir le projet devant la Cnac. Il défendait les intérêts d’un promoteur privé. La modernisation du Leclerc est indispensable, mais ils portaient un projet surdimensionné, de la taille d’Auchan Saint-Priest, qui pose problème en termes d’accessibilité, au vu de la saturation de la rocade, et pour les petits commerces du bourg centre”, reproche Issam Benzeghiba, un socialiste qui tente de porter une liste de rassemblement citoyen du centre-droit à la gauche.
L’édile LR prend ses distances avec l’échec de l’agrandissement de l’hypermarché. “Ce n’est pas le projet de la municipalité, affirme-t-il. Nous le soutenions, car il est programmé par le schéma de développement commercial de la métropole. Tout le monde s’accorde à dire qu’il faut refaire le Leclerc et j’ai mené une concertation pour m’en assurer. La Cnac a estimé que le projet n’était pas adapté. Ce n’est pas mon rôle d’élu de prendre ce type de décision. Le terrain n’appartient pas à la collectivité mais au porteur du projet. Et, dans une logique de limitation des déplacements, nous avons besoin de ce projet.” L’aménagement de ce terrain à l’entrée de la commune va rythmer une campagne qui s’annonce indécise.
Les Républicains, en difficulté aux élections récentes, ne pourront pas s’appuyer sur une prime complète au sortant et devront composer avec un Rassemblement national largement en capacité de se maintenir au second tour. “Les derniers scrutins montrent une sociologie qui nous est favorable, souligne Philippe Pesteil. Mais, si nous sommes divisés au second tour, Christophe Quiniou peut gagner.” Car l’alliance de LREM avec la liste que devrait mener Issam Benzeghiba, qui regroupe aussi des Marcheurs dissidents, n’a rien d’automatique en cette fin d’automne. À l’époque où les deux hommes étaient encartés au PS, ils ne partageaient déjà pas la même ligne.