En 2014, Gilles Gascon avait ravi la ville aux socialistes. Six ans plus tard, le maire LR s’avance d’autant plus “sereinement” devant les électeurs que le Rassemblement national comme En Marche n’ont pas investi de candidats.
À Saint-Priest, les planètes s’alignent pour le maire sortant Gilles Gascon (LR). “Je suis raisonnablement serein”, confie-t-il. Aux européennes, son parti a pourtant pris, comme un peu partout, le bouillon : 7,9 % des suffrages. Mais, à Saint-Priest, les circonstances jouent en faveur de Gilles Gascon. Les deux premiers partis du scrutin européen ne présentent pas de candidat. “Chez LREM, tout a été fait pour qu’il n’y ait pas de candidat”, déplore Éric Fromain, ancien premier adjoint de Gilles Gascon, qui revendiquait l’investiture au nom d’Agir, le parti juppéiste. Tout en reconnaissant que la mission s’annonce ardue : “Tout n’est pas à critiquer chez lui. Il a ce côté chiraquien qui lui permet de se faire aimer. En un mandat, il a réussi à devenir incontournable.”
L’absence de candidat RN est plus troublante pour les rivaux de Gilles Gascon, qui céderaient presque à la théorie du complot. Saint-Priest est une terre historiquement fertile pour le FN. Bruno Gollnisch s’y est souvent présenté. Le parti de Marine Le Pen est arrivé en tête des élections européennes avec 25 % des voix. “Aux municipales, nous ne sommes pas sur la quantité, mais la qualité. À Saint-Priest, aucune candidature sérieuse ne s’est présentée. Le territoire nous réussit, mais nous ne voulons pas mettre des gens juste pour faire un bon score”, explique Antoine Mellies, responsable métropolitain du RN. “J’entends mes opposants qui m’accusent d’avoir conspiré avec le RN. Ils n’ont plus de représentants et ils ont vu que nous avons à Saint-Priest de bons résultats sur la sécurité. Je n’ai pas dealé avec eux. Je n’y suis pour rien si leurs élus sortants ne se représentent pas”, balaie celui qui est aussi conseiller régional.
Les transports, principal thème de campagne
Sur sa route, Gilles Gascon retrouve deux listes de gauche qui n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Le principal thème de campagne à Saint-Priest ne permet pas aux différents candidats de se distinguer nettement. Le sujet est d’ailleurs lyonnais : il s’agit du déclassement de l’autoroute A6/A7 à la Confluence. En l’absence de solution de contournement à l’ouest, le report du trafic (environ 50 000 véhicules) devrait se faire en grande partie sur une rocade Est déjà saturée. Gilles Gascon peste contre un déclassement “qui s’est fait dans la précipitation” et demande la construction d’un contournement à l’est, dans lequel il voit une opportunité de développement économique pour son territoire. Une solution que rejette Véronique Moreira, candidate à Saint-Priest et tête de liste EELV sur la circonscription métropolitaine Porte-des-Alpes. “Le maire prétend avoir intégré la question environnementale ; des choses intéressantes ont été faites, mais ce n’est pas à la hauteur de l’enjeu, estime-t-elle. Gilles Gascon continue de bétonner et ne limite pas la place de la voiture.” Philippe Rolland, le candidat PS, réclame lui l’arrivée du métro dans la commune. “Nous avons une ligne de tramway, mais sa lenteur – cinquante-deux minutes pour aller à Lyon – décourage de nombreux habitants”, constate-t-il. Il plaide pour un développement de la desserte en train (quatorze minutes pour relier la Part-Dieu). Un autre point de consensus entre les candidats.