Laurent Wauquiez a présenté ce lundi le comité scientifique du musée des Tissus de Lyon. Un comité qui devrait rendre son rapport d’ici la fin de l’année pour un début des travaux en 2020. Des travaux qui coûteront plus cher que prévu puisque la région financera 50 millions d’euros d’investissement contre 10 prévus initialement.
Lumières colorées, éclairage tamisé, écrans géants autour de l'estrade, élus LR régionaux et lyonnais en nombre, Laurent Wauquiez avait préparé cet événement avec soin. “Nous ne sommes plus dans le sauvetage, mais bien dans une renaissance parce que ce musée est assurément sauvé”, a martelé le président du Conseil régional venu présenter, non sans un certain plaisir, le comité scientifique du musée. “Une nouvelle étape déterminante”, selon le président du parti Les Républicains. Un comité présidé par Sophie Makariou aussi présidente du musée Guimet à Paris dans lequel figurent de nombreuses personnalités comme Henri Loyette, conseiller d'État, président honoraire du musée du Louvre et ancien directeur du musée d'Orsay, Guillaume Verzier, PDG de la manufacture Prelle à Lyon ou Aurélie Samuel, directrice de collection de la fondation Pierre Bergé – Yves Saint-Laurent.
Esclarmonde Monteil, la nouvelle conservatrice en charge du projet scientifique et culturel a aussi été présentée. Passée par le Musée de la Toile de Jouy-en-Josas (78), elle est déjà venue à Lyon durant ses études à l'EM Lyon en 1996. “Une époque où les étudiants n'enregistraient pas les cours”, a ironisé Laurent Wauquiez. Le comité scientifique va proposer un projet pour la fin de l'année 2018 axé autour de quatre domaines : la présentation et la conservation des collections, le lien entre histoire mémoire et création contemporaine ( Laurent Wauquiez souhaite en faire un lieu d'exposition d'art contemporain et essaierait de faire venir les artistes JR ou Christo durant les travaux), la formation aux métiers de restauration, de l'art et de la mode et enfin la création d'un lieu d'accueil prestigieux ouvert sur la ville. “L'objectif est de projeter le musée dans le 21e siècle et d'en faire une partie de l'âme et de l’identité lyonnaise et régionale”, a assuré l'ancien maire du Puy-en-Velay.
Côté chiffres : l’addition s’alourdit
Un projet “ambitieux”, selon les mots de Laurent Wauquiez qui va avoir un coût bien supérieur à celui annoncé initialement. Ce ne sont pas 10 millions d’euros (comme annoncés en octobre 2017), pas 24 millions (comme annoncés en février 2018), mais bien 50 millions d'euros que la région va investir (sans compter le fonctionnement) dans la réhabilitation du musée. Une multiplication par cinq assumée par Laurent Wauquiez. “Quand on met 50 millions pour construire un lycée, on doit être sur un effort similaire pour le musée des Tissus. Je ne veux pas faire a minima. Au début tout le monde devait mettre 10 millions, la ville de Lyon, l'Etat, la région, aujourd'hui on assume cela tout seul pour faire un projet qui rayonne”, a-t-il déclaré.
La CCI a récemment voté la cession à la région de la propriété des deux hôtels particuliers où est basé le musée. De son côté, le conseil régional devrait accepter cette cession lors de la prochaine assemblée plénière qui aura lieu mi-octobre. Concerant, le budget de fonctionnement, le conseil régional va financer 1 million d'euros par an sur les trois nécessaires au fonctionnement du musée. La CCI apportera 500 000 euros et l'État 300 000 euros par an pendant trois ans. Le reste sera tiré de l'autofinancement du musée.
Un musée et un objet politique
Grandes absentes du tour de table, la ville et la métropole de Lyon, dont le projet initial, opposé à celui de Laurent Wauquiez, n'avaient pas été retenu. Une absence (évidemment) regrettée par Laurent Wauquiez. “Nous, notre porte est ouverte et je ne comprends pas que la leur soit toujours fermée. Cela n'a aucun sens. Ils sont les bienvenus. Je leur tends la main. J'espère qu'il va y avoir de la lucidité de leur part parce qu’ici, il y a l'histoire de la soierie et des canuts lyonnais. Qui peut comprendre que la mairie ne soit pas impliquée ? Nous, on prend nos responsabilités, on avance sans les attendre, mais en laissant la porte de la maison ouverte”, a-t-il lancé. Ce dernier en a d'ailleurs profité pour remercier Stéphane Bern, le président du comité d’honneur, qui “malgré toutes les pressions politiques possibles pour peser sur ce dossier a obtenu que la participation de l'État au budget de fonctionnement soit assurée”. Une façon non déguisée de pointer du doigt Gérard Collomb.
Quel calendrier ?
Le projet scientifique et culturel devrait être proposé d'ici la fin de l'année. Le temps d'arrêter ce projet, de lancer les études et appels d'offres, les perspectives les plus optimistes prévoient un début des travaux en 2020, contre 2019 annoncé en février dernier. “Cela peut un peu glisser entre temps”, a concédé Laurent Wauquiez. D'ici là “un geste d'art contemporain” devrait être proposé comme expliqué plus haut et le musée va continuer d'être ouvert. “On va commencer à faire des rotations dans nos collections”, a confié la Esclarmonde Monteil, la nouvelle conservatrice. Quelques petites expositions pourraient aussi avoir lieu d'ici le début des travaux qui devraient durer un an et demi.