Najat Vallaud-Belkacem : "Il n'y aura pas d'état de grâce"

ENTRETIEN - Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de François Hollande durant la campagne de la présidentielle, revient sur la victoire du candidat socialiste et parle du "bonheur d'une victoire espérée depuis si longtemps". Elle assure à Lyon Capitale qu'elle est bien candidate dans la 4ème circonscription de Lyon : "je suis candidate ici et nulle part ailleurs".

Lyon Capitale : Comment passe-t-on une première semaine avec François Hollande élu président de la République ?

Najat Vallaud-Belkacem : C'est un sentiment étrange fait de bonheur et d’impatience. Bonheur d'une victoire espérée depuis si longtemps, et fierté d’avoir été aux côtés de François Hollande dans cette campagne. Bonheur aussi, pour les gens de ma génération, d’avoir enfin leur "mai 1981". Pour tout vous dire j’ai depuis dimanche soir la chanson de Barbara en tête : "Regarde, Quelque chose a changé, L'air semble plus léger, C'est indéfinissable…" Impatience aussi car la situation est grave, que les Français attendent dans leur vie le changement qu’ils ont appelé de leurs vœux par les urnes. Il y a trop de vies invivables, l’heure est au rassemblement et à la mobilisation générale pour redresser la France.

Les 100 premiers jours sont importants : concrètement quelles seront les premières actions de François Hollande ?

François Hollande a annoncé précisément dans la campagne ce que seront ces premiers mois de présidence. De nombreuses mesures seront immédiatement mises en œuvre, notamment sur la gouvernance exemplaire avec la baisse du salaire du président de la République et des ministres de 30%. Il y aura également des mesures concrètes pour le pouvoir d’achat des Français qu’il s’agisse de l’augmentation de 25% de l'allocation de rentrée scolaire, de la mise en place de la caution solidaire pour permettre aux jeunes d'accéder à la location, ou du blocage des prix à la hausse pour trois mois. Il y aura aussi la création du Livret épargne industrie destiné à faciliter l’accès au crédit des PME qui en ont bien besoin.

Autre mesure de premier ordre, dès la fin du mois de mai un mémorandum détaillé proposant un Pacte de responsabilité, de croissance et de gouvernance sera transmis à nos partenaires européens. Il s’agit de modifier et de compléter le Traité de stabilité qui étouffe la reprise et plonge l’Europe dans le chaos et de réorienter la construction européenne vers la croissance et l’emploi.

Puis suivront le droit de partir à la retraite à 60 ans pour les personnes qui ont commencé à travailler tôt et cotisé toutes leurs annuités, la réforme fiscale, la suppression de la TVA sociale, la Conférence nationale pour la croissance et l’emploi…

Les militants et sympathisants ont largement fêté la victoire de la gauche. Redoutez-vous, dans les prochains mois, la fin de l'état de grâce ?

Il n’y aura pas d’état de grâce. Les Français veulent le changement maintenant, pas dans trois mois. François Hollande a déjà imprimé dans la campagne la marque de sa présidence : constance, détermination, lucidité, vérité, courage. Son programme est connu, la situation économique, financière et sociale aussi, le Président est déjà au travail.

La transition du pouvoir se fait-elle en douceur et apaisée comme le souligne de nombreux médias ?

Oui, cette passation de pouvoir est empreinte de dignité et de respect. La politique devrait être a l'image de ce 8 mai : apaisée, réconciliée. Les Français ne veulent pas de la politique à couteaux tirés... Malheureusement, pendant cinq ans, la politique a été souvent brutale et la campagne elle-même a été rude, particulièrement dans l'entre-deux-tours.

Il y a aussi la nomination d'un premier ministre et la constitution d'un gouvernement. On vous cite régulièrement. Croyez-vous en vos chances de faire partie du prochain gouvernement ? A quel poste ?

Seul François Hollande peut répondre à cette question. Il a eu raison de ne donner aucun nom, l’important n’est pas de faire un gouvernement de personnes mais un gouvernement de compétences, et de principes respectés. Dans cette campagne, j'ai fait mon travail avec passion et je me suis engagée sans réserve. J’en suis heureuse et fière : la confiance qui m'a été accordée est un grand honneur. La campagne fut le prélude à cinq années d'action pour la France : je contribuerai d'une manière ou d'une autre au changement désiré par les Français, comme tous les responsables socialistes engagés aux côtés de François Hollande.

Les législatives sont les prochaines batailles à gagner pour assurer une majorité à François Hollande. Globalement comment se prépare-t-on ?

Je crois qu’il faut faire preuve de la même constance et de la même détermination que François Hollande, faire campagne sur le programme que les Français ont choisi. Nous devons aussi rassembler les Français dans la diversité de leurs histoires personnelles et de leurs opinions autour de ce qui nous rassemble : le désir de changement, les valeurs de la République et l’amour de la France. La crise qui frappe l’Europe n’est pas réglée, elle est devant nous. Aux Français de donner à leur président de la République les moyens de changer le destin de notre pays en votant pour la nouvelle majorité présidentielle.

Êtes-vous toujours candidate dans la 4ème circonscription, la seule à Lyon où Nicolas Sarkozy a devancé François Hollande ?

C'est un choix que j'ai fait en parfaite connaissance de cause: le résultat de la présidentielle n'est pas une surprise, et ne constitue certainement pas une raison de changer d'avis. Bien que minoritaire, la gauche continue de progresser dans cette circonscription dont personne n’ignore, et surtout pas moi, qu’elle est un bastion historique de la droite. Le combat sera très difficile, il faudra convaincre et rassembler, mais je suis convaincue que le changement est possible partout. Je suis candidate ici, et nulle part ailleurs.

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