Philippe Meirieu
© Tim Douet

Philippe Meirieu soutient Perrin-Gilbert contre les écolos

Dans un long communiqué, Philippe Meirieu, vice-président EELV du conseil régional, développe son incompréhension face à l’accord signé par son parti avec Gérard Collomb. Il en appelle à soutenir Nathalie Perrin-Gilbert, dont les idées sont, pour lui, plus proches des écologistes que de celles du maire de Lyon. Il dénonce aussi un accord construit pour garder des places plus que pour défendre un programme.

Dans un long communiqué en forme de cri du cœur, Philippe Meirieu, vice-président (EELV) du conseil régional et ancien président du parlement du parti écologiste, en appelle à voter Nathalie Perrin-Gilbert dans le 1er arrondissement contre Émeline Baume (EELV), nommée tête de liste suite à l'accord entre Les Verts et le PS signé lundi soir. "Pour satisfaire à l’oukase du maire sortant qui veut éradiquer tout ce qui pourrait compromettre son hégémonie et contester son modèle de développement, les négociateurs d’EELV ont accepté de conclure un accord qui impose à l’une de leurs militantes d’affronter et de tenter de faire battre Nathalie Perrin-Gilbert, qui est arrivée en tête avec près de 34 % des voix dans le 1er arrondissement", écrit le pédagogue. En fin de communiqué, il prend clairement position pour la maire sortante du 1er : "Je souhaite vivement la victoire de Nathalie Perrin-Gilbert. Pour qu’un vrai contre-pouvoir existe à gauche à Lyon. Pour qu’un arrondissement lyonnais porte clairement les valeurs d’une gauche citoyenne, écologiste et républicaine."

Baume et NPG, deux proches de Meirieu

Avec cette prise de position, Philippe Meirieu vient entériner le malaise qui plombe depuis lundi soir les écologistes lyonnais, plus que partagés sur l'accord signé avec Gérard Collomb. Il révèle au grand jour les divisions d'un courant divisé entre le pragmatisme politique de ceux qui pensent être plus utiles à l'intérieur et ceux qui considèrent que le maire sortant de Lyon ne comprend que le rapport de force. Le communiqué de Philippe Meirieu met aussi le feu au parti écologiste puisque celui que beaucoup considèrent comme un "vieux sage" les renvoie à leurs contradictions ou aux querelles de personnes. Philippe Meirieu a tranché entre deux de ses proches : Émeline Baume, qui l'accompagne depuis son entrée en politique aux régionales de 2010, et Nathalie Perrin-Gilbert, la seule socialiste qui l'avait soutenu aux législatives de 2012 quand le PS l'avait investi.

“Un accord sur des postes”

Mais Philippe Meirieu justifie son intervention par la signature d'un accord contraire à la méthode verte : "EELV avait indiqué que cette alliance devait se faire à partir d’un accord sur des questions de fond plutôt que sur des combinaisons d’appareil. C’est là une tradition des écologistes et, quand ils la respectent, elle contribue largement à leur crédit. Or, à ma connaissance, les choses ne se sont pas passées ainsi : l’accord a été conclu sur des postes avant d’envisager les moindres questions de programme."

Perrin-Gilbert plus proche des idées écologistes que Collomb

Pour enfoncer le clou d'un contrat mal ficelé, Philippe Meirieu dénonce l'incongruité politique de l'accord : "Les écologistes militent contre le Grand Stade et les grands travaux inutiles et imposés : Nathalie Perrin-Gilbert fait de même. Les écologistes ont milité pour le passage de la gestion de l’eau en régie publique à Lyon : Nathalie Perrin-Gilbert était à leurs côtés. Les écologistes militent pour le droit à l’accueil et à l’éducation des enfants sans papiers : Nathalie Perrin-Gilbert est exemplaire dans ce domaine. Les écologistes militent pour un droit universel au logement : Nathalie Perrin-Gilbert est à la pointe de ce combat. Les écologistes ne veulent pas d’une métropole qui siphonne les richesses du territoire régional au profit des plus nantis : Nathalie Perrin-Gilbert n’en veut pas non plus... Tandis que, sur tout cela comme sur bien d’autres sujets, Gérard Collomb – qui n’ose même plus se référer au socialisme et à la gauche dans ses documents de campagne – campe sur des positions opposées !" Et Philippe Meirieu d'en rajouter une couche : "Je ne saurais aujourd’hui entériner ce qui se passe. Pas seulement parce que je connais l’engagement et le courage de Nathalie Perrin-Gilbert. Pas seulement parce que nous avons subi ensemble la même vindicte et les mêmes méthodes détestables. Mais parce qu’il faut toujours, d’abord, mettre au centre du débat les questions de fond et se déterminer en fonction d’elles."

Balkanisation des écologistes

Dans le camp de Nathalie Perrin-Gilbert, ce communiqué a été accueilli avec grand plaisir. L'entourage de la maire sortante du 1er estime depuis lundi soir que les reports de voix des écologistes ne seront pas mathématiques en faveur de Gérard Collomb. Avec la prise de parole de Philippe Meirieu, Nathalie Perrin-Gilbert voit s'ouvrir un boulevard. Gérard Collomb a achevé sa balkanisation des écologistes, engagée en 2012 après la candidature de Philippe Meirieu sous l'étiquette PS-EELV aux législatives. Nous revient alors en mémoire cette phrase du créateur d'Europe Écologie, Gaby Cohn-Bendit (frère de...) : "Les Verts sont capables du meilleur comme du pire, mais c'est dans le pire qu'ils sont les meilleurs."

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