Invité politique de Sud Radio, le secrétaire national du Parti communiste est longuement revenu sur la grève à la SNCF. Il estime que les cheminots devraient être écoutés et redoute une ouverture à la concurrence du rail français, qui serait selon lui “un gâchis monstrueux”. Il accuse notamment François Hollande de ne pas avoir rompu avec “les logiques de Nicolas Sarkozy”.
Ce jeudi, Pierre Laurent était l’invité politique de Sud Radio. Au micro de Christope Bordet, il est revenu sur l’affaire Bygmalion qui secoue l’UMP. Selon lui, "Nicolas Sarkozy était au courant de l'affaire". "Il ne pouvait pas ignorer le train de vie de sa propre campagne présidentielle", soutient-il.
Cet UMP en lambeaux et ce parti socialiste affaibli ne donnent-ils pas une mauvaise image de la politique ? "Les deux partis qui alternent au pouvoir sont mal en point, reconnaît le secrétaire national du PCF. Mais il y a en France des forces vives qui s'organisent." Et de citer en exemple les mouvements de cheminots et des intermittents, qui "montrent qu'il y a une demande forte de progrès social".
La grève, “une gêne évidente”
À ce sujet, d’ailleurs, alors que le mouvement social des cheminots semble s’essouffler, ne faudrait-il pas mettre fin à la grève ? "Il faudrait d'abord écouter les grévistes, ils visent juste. Il existe des problèmes qui ne seront pas réglés par la réforme de la loi ferroviaire ! tonne Pierre Laurent. C'est une gêne évidente et les cheminots en ont conscience, mais en même temps les usagers connaissent très bien les problèmes quotidiens des transports liés au manque d'investissement ou d'entretien."
Mais est-ce le moment de faire cette grève alors que les entreprises ont déjà beaucoup de mal à fonctionner ? "Il n’y a pas de bon moment pour faire une grève. Personne ne choisit le moment de faire une grève. Il y a un an que les cheminots sont dans l'action (…) Ils ont tiré toutes les sonnettes d'alarme, et c'est parce qu'on ne les a pas écoutés qu'ils ont fini par faire grève."
Le secrétaire national du Parti communiste donne ses préconisations : "Tous les amendements portés par les députés communistes et Front de gauche visent à maintenir l'unicité réelle de la SNCF. Il faudrait une seule entreprise, or le projet de loi crée 3 EPIC." Une démarche que Pierre Laurent estime être une préparation à l’ouverture à la concurrence, qui serait selon lui "un gâchis monstrueux".
“François Hollande a trompé les Français”
Mais le PCF et de l'extrême gauche ne sont-ils pas derrière l’action des cheminots ? Non, selon l’élu : "Les cheminots ne sont téléguidés par personne."
Le leader communiste ne cache pas son amertume à l’égard de la politique de François Hollande : "La gauche soi-disant, qui est au pouvoir, usurpe la gauche, confisque sa parole mais en vérité ne mène pas une politique de gauche. On voit d'ailleurs la gêne de la droite, qui hésitait à voter le projet de loi, car il ressemblait trop à ce dont une partie de la droite rêve. Nous avons un président de la République et un gouvernement qui ont tourné le dos à la gauche. François Hollande a trompé les Français. Il a dit qu'il allait rompre avec les logiques de Nicolas Sarkozy et, dans beaucoup de domaines, la rupture annoncée n'a pas eu lieu."