La Ville de Lyon assume une politique plus répressive envers les incidents du quotidien dans les bassins lyonnais. Voici comment sont filtrés les éléments perturbateurs.
Un directeur frappé d’un coup de pied dans le dos : cette agression survenue le 9 juillet a provoqué la fermeture, un jour durant, de la piscine du Rhône. Et une curiosité médiatique qui ne faiblit pas. "C’est un sujet fantasmé", soupire l’attachée de presse de la Ville. "On parle d’incivilités, de resquilleurs", relativise-t-elle. Et aussi de quelques coups de poing si vite partis...
90 incidents dans les piscines de Lyon depuis l’été
Le phénomène n’est hélas pas nouveau. Au début des années 2000, les agents avaient découvert au beau matin une voiture gisant au fond d’un bassin, à la Duchère… De plus, la piscine du Rhône ne concentre pas plus les incivilités que les autres : 31 incidents y ont été dénombrés depuis le début de la saison estivale, contre 90 au total dans les bassins lyonnais. Mais c’est aussi elle qui accueille le plus de publics : 50 000 visiteurs, soit le même nombre que l’ensemble des autres établissements nautiques (Mermoz, Gerland, Vaise, Monplaisir et Duchère).
90% des incidents se produisent à l’extérieur de la piscine du Rhône, dans la file d’attente, nous fait savoir la Ville de Lyon. Depuis la réouverture de l’équipement et la météo plus clémente, celui-ci est pris d’assaut. Il se trouve régulièrement en surcapacité, obligeant le public à attendre des sorties pour pénétrer dans le hall. Sous le soleil, ces attentes dégénèrent parfois. D’aucuns exigent le tarif réduit sans présenter de justificatif. De plus, c’est désormais à ce stade que les vigiles procèdent à la vérification des maillots de bain et empêchent aux usagers munis de caleçons d’entrer. "Une fois que les gens sont entrés et ont payé, c’est beaucoup plus difficile pour les faire sortir", observe Carole Suzanne, la responsable des piscines à la Ville de Lyon. Du coup, ce sont les agents de sécurité qui ramassent.
39 exclus annuels de la piscine du Rhône
En dépit de la volonté de l’adjoint en charge de la sécurité, Jean-Louis Touraine, de minimiser les événements (lire ici), la Ville assume une politique plus ferme. Elle dépêche pas moins de 12 maîtres nageurs sauveteurs par jour pour garder un œil sur les usagers (2500 au maximum), et jusqu’à 14 agents de sécurité au plus chaud de la journée. "On ne tolère plus des choses qu’on laissait passer avant", prévient Carole Suzanne. Depuis 2009, des agents procèdent à des verbalisations. Depuis 2006, les piscines de la Ville prononcent des exclusions temporaires ou annuelles. Au 2 août, 95 personnes s’étaient vu refuser l’entrée pour l’ensemble de 2013, dont 39 dans la seule piscine du Rhône. Une telle sanction est décidée en cas de menaces de mort, d’agressions physiques, de vols, de dégradations (vitres cassées, pommeaux de douches arrachés…), de jets de projectiles ou de consommation d’alcool. Sont provisoirement exclus ceux qui ne respectent pas les règles, comme sauter d’un plongeoir fermé. Des lettres d’avertissement ont aussi été envoyées à certains parents de mineurs.
Ce sont les agents de sécurité postés à l’extérieur ou dans le hall qui s’assurent qu’un exclu ne tente pas de rentrer. "Ils sont très physionomistes, certains se rappellent des perturbateurs de l’an dernier", raconte l’attachée de presse de la Ville. Certes, les sanctionnés pourront tenter leur chance dans une autre piscine de la Ville. Mais s’ils se font attraper, ils encourent une verbalisation et l’exclusion définitive.
Cette politique de fermeté présente, aux dires de Carole Suzanne, des résultats. "Ils n’ont pas envie d’être privés de piscine tout l’été comme leurs copains". A l’avenir, la municipalité planche sur des mesures de prévention pour réduire les tensions (lire ici) : une meilleure signalétique, le renfort de la vidéosurveillance et la réfection du hall d’entrée.