La ville de Lyon vient d'adopter son projet “Végétalisation Presqu'île” pour un montant de 600 000 euros. Un projet taxé de greenwashing par l'opposition. La majorité a salué un “apaisement du centre-ville”.
Annoncée début juin, la végétalisation de la Presqu'île de Lyon a très rapidement été taxée de “greenwashing” mettant en danger notamment les cyclistes. Depuis le projet a été légèrement remanié et notamment les visuels initiaux montrant des bacs en bois posés sur les voies de bus et les pistes cyclables. Lors du vote de la délibération ce lundi en conseil municipal, Alain Giordano a présenté des visuels incluant une piste cyclable à contresens. Pour les bacs, ils sont toujours présents. L'adjoint a assuré qu'ils créeront un “effet de masse” avec 100 nouveaux arbres rue de Brest et rue Édouard-Herriot pour 2000 m2 de végétalisation en plus. “Historiquement, la ville centre s'est construite depuis 1000 ans contre la nature. Là il faut expérimenter rapidement une revégétalisation dans un secteur très contraint”, a-t-il déclaré.
Il a justifié l'absence de plantation de pleine terre par la présence “de réseaux sous-terrain”. “De plus, les strates basses peuvent être piétinées ou servir pour les déjections canines. Là, la nature va être rehaussée”, a expliqué M. Giordano. Concernant les plantes, elles changeront en fonction des saisons. 30% de la chaussée circulée sera consacrée aux espaces verts. Ce projet devrait coûter 600 000 euros d’installation sans compter l'arrosage et l'entretient.
“Greenwashing” et “coup de com” écologiste pour l'opposition
L'opposition a fait feu de tout bois contre ce projet. Nathalie Perrin-Gilbert a dénoncé “l'affolement” de Gérard Collomb “dans sa course avec David Kimelfeld pour savoir qui a le vernis le plus vert”. Un “affolement dû au calendrier électoral”, selon la maire du 1er arrondissement : “À partir du 1er septembre il sera interdit de communiquer sur tout sujet qui n'a pas été annoncé avant”.
“Affolement, enfin parce que si lors des mandats précédents, vous aviez quelques éléments de bilan à présenter, comme Velo'v, les berges du Rhône, etc., là, rien de vraiment excitant ne pouvait être vendu aux Lyonnais. Alors vite il fallait trouver quelque chose en communication”, a-t-elle conclu.
Arthur Remy, élu Manufacture de la cité, a pointé le manque de “sincérité et d'intérêt” du projet. “Ce qui crée l’effet de rafraîchissement c'est l'évapotranspiration des arbres. D'où l'intérêt de planter en pleine terre. Il y a donc un non-sens avec ce que vous proposez. On n'est pas très loin du concept d'embellissement des villes. Je l'ai bien noté avec votre citation : ‘on enlève du gris’”, a-t-il déclaré.
Mêmes critiques du côté de Denis Broliquier qui a qualifié cette végétalisation de “projet purement électoraliste”. “C'est sans doute le score des écologistes aux Européennes qui a suscité cet élan de greenwashing”, a ironisé le maire du 2e arrondissement. “Depuis des années, nous vous demandons des plantations d'arbres (…) Vous nous avez toujours répondu la même chose. Que c'était trop cher et trop compliqué à mettre en place ! Subitement, à 9 mois des élections cela devient possible ? Personne n'est dupe”, a-t-il ajouté. Selon l'élu Les Indépendants, le projet présenté “transpire l'impréparation et la précipitation et pose des problèmes pratiques, biologiques (consommation d'eau, NdlR) , économiques (800 000€, NdlR) et démocratiques”.
Enfin les élus LR ont eux aussi critiqué un “coup de com électoral” qui “met le doigt sur les lacunes du bilan de Gérard Collomb”. “Vous seriez en campagne contre le maire sortant, vous ne feriez pas mieux”, a raillé Stéphane Guilland.
La majorité défend son projet
“Aurions-nous été tardivement touchés par la grâce 6 mois avant des élections ?”, a questionné Gérard Collomb en réponse. Le maire de Lyon a assuré avoir mis la “végétalisation” au cœur de ses politiques publiques “depuis [qu'il] a été élu”. “Quand nous avons fait les berges du Rhône et les rives de Saône, quand nous avons fait Garibaldi, que n'ai-je pas entendu sur les problèmes pour la circulation que cela allait engendrer ?”, a détaillé l'ancien ministre de l'Intérieur. “Nous concevons quand nous le pouvons des projets avec de la nature. Sauf pour la Place des Terreaux où nous étions tenus par ce qui a été décidé avec Daniel Buren par nos prédécesseurs”, a-t-il ajouté. Et de conclure : “Tous les Lyonnais ont aujourd'hui en tête ce qu'il s'était passé à l'époque du congrès mondial des roses en 2015. C'est cette ambiance-là que nous voulons redonner. Je ne pense pas que cela déplaira aux Lyonnais”.
David Kimelfeld, qui avait annoncé une piétonisation de la Presqu'île dans la foulée de l'annonce de la végétalisation par Gérard Collomb a défendu le projet de son prédécesseur à la métropole. “Il n'y a pas de contradiction entre le projet évoqué ici et la piétonnisation de la Presqu'île. Il y a plutôt une dynamique enclenchée à travers une vision globale. Au bout du compte, qui se souviendra de qui a dégainé le premier ? Personne parce que le résultat sera là”, a déclaré le président de la métropole de Lyon. Se disant “partisan” de cette expérimentation il a assuré que la Presqu'île sera “plus facile à vivre” et “répondra à l'attractivité nécessaire en étant au rendez-vous avec meilleure sérénité pour habitants”. La délibération a finalement été adoptée.
Géraniumisation ! Kollomb comme Cimberfield mettent quelques pistaches en centre-centre, sur trois rues d'une ville qui en compte 5000. Pour que rien ne change. Sans vision ni volonté, sauf celle de racler un demi bulletin de vote. Quand on en est à vendre des plantes en pot — des plantes en pot !!! — dans une rue, comme programme de la mandature d'une métropole d'un million d'habitants, c'est l'aveu soit de l'échec, soit pire, de l'absence d'ambition pour notre communauté.