Durant tout le week-end, les discussions vont aller bon train à l'Assemblée nationale concernant le projet de loi de mariage pour tous gouvernemental. Dans le Rhône, les députés sont tous contre, échaudés par la circulaire sur la Gestation pour autrui (GPA) prise le 25 janvier par Christiane Taubira. Réactions.
Elle a jeté de l'eau dans le gaz. Alors même que le gouvernement avait choisi d'écarter la procréation médicalement assistée (PMA) du débat sur le mariage pour tous, la ministre de la Justice a mis les pieds dans le plat vendredi dernier. Christiane Taubira a publié le 25 janvier une circulaire sur le droit des enfants nés de mères porteuses à l'étranger, c'est à dire de GPA. Passée inaperçue en fin de semaine dernière, celle-ci a provoqué un tollé dans les rangs de l'opposition ce début de semaine.
"Je ne suis pas sûr que la loi passe aussi facilement désormais"
Philippe Cochet, président de la fédération UMP du Rhône, se félicite cependant de l'arrivée de cette circulaire. "Elle jette le trouble y compris dans les rangs de la majorité", affirme le député maire de Caluire. Selon lui, les conséquences pourraient être bien plus importantes que prévues pour la majorité. "Je ne suis pas sûr que la loi sur le mariage pour tous passe aussi facilement désormais le barrage de l'Assemblée et du Sénat".
Il se prononce fermement contre la GPA qui se résume à une "marchandisation des corps" et contre la PMA qui permet aux enfants qui en sont issus d'avoir "non plus deux mamans, mais quatre bien souvent étant donné le taux de rotation des partenaires chez les homosexuels, 3 à 4 fois supérieur à celui des hétéros" selon lui. "Comment croyaient vous que les enfants le vivent, cette notion de filiation est la base de leur équilibre. Demandez aux associations d'enfants adoptés, ils le portent toute leur vie.".
L'alliance civile plutôt que le mariage homosexuel
"C'est une chose de donner des droits aux enfants nés de mères porteuses à l'étranger, cela en est une autre d'ouvrir le droit à la gestation pour autrui (GPA), mais qu'on ne me dise pas que cette circulaire ne vise pas à faire reconnaître le droit à la GPA in fine" réagit Michel Terrot, député UMP d'Oullins, opposé comme son collègue à la GPA et la PMA. Il rappelle les propos d'Elisabeth Guigou, tenus il y a quinze ans au moment des débats sur le Pacs. "'Nous n'irons jamais jusqu'au mariage', disait-elle dit et voyez où nous en sommes aujourd'hui !". Opposé au mariage homosexuel, il n'est cependant pas contre une "alliance civile" qui renforcerait les droits des homosexuels. C'est l'idée de l'amendement déposé par Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée, la semaine dernière.
Contre "le plan secret du gouvernement"
Pour Philippe Meunier, député UMP de Meyzieu, la sexualité tout comme l'amour relèvent de la sphère privée et le mariage est question de reproduction des générations et de sécurité des enfants. "Certains auront un papa et une maman et les autres non. C'est un scandale ! Ils sont trop petits pour choisir. Pour nous, le droit de l'enfant n'est pas négociable". Le député ne votera ni l'Alliance civile, ni le mariage pour tous. Il réclame un référendum sur le sujet.
Il est par ailleurs farouchement opposé à la PMA qui figurera au menu de la prochaine loi sur la famille, présentée en mars. Sans parler de la GPA et de la circulaire Taubira du 25 janvier, "c'est assez triste de voir ces caprices de riches qui veulent faire porter leurs enfants par des femmes du quart monde en les payant; on est dans l’indicible et ce dossier là est très grave parce que les socialistes sont en train de transgresser notre pacte républicain. Ils veulent détruire le droit de la famille. C'est la raison pour laquelle, nous demandons un référendum. Les Français doivent se réveiller et si le gouvernement ne le comprend pas, ce sera la rue !". Il déplore enfin "le plan secret du gouvernement" qui consiste à "saucissonner" les propositions de loi pour arriver à ses fins, sous l'influence du "très puissant lobby gay".
"Bientôt, on n'aura même plus besoin d'un homme"
Georges Fenech, député de Givors, se prononce radicalement contre la PMA et la GPA. "Avec la GPA, nous ne sommes plus dans l'aide médicale pour un couple, regrette-t-il, mais on se retrouve dans une nouvelle conception de la procréation sur commande, sur mesure, contraire à l'éthique humaine. C'est une atteinte aux Droits humains plus qu'aux Droits de l'homme. On franchit là un pas extrêmement dangereux pour l'avenir de l'humanité".
Concernant la PMA, Georges Fenech parle d'"un acte thérapeutique, pas d'un acte social". Or on ne peut pas, selon lui, utiliser la thérapie génique pour se reproduire. "J'ai lu quelque part que la technique médicale allait permettre d'ici deux ans de créer un enfant à partir du patrimoine génétique de deux femmes, on n'aura même plus besoin d'un homme. On est là dans la manipulation génétique et cela me gêne énormément !".
Enfin, comme ses collègues, Georges Fenech incrimine la stratégie du gouvernement. "Le mariage pour tous est un leurre. C'est la filiation pour tous qu'ils auraient dû l'appeler. Quand on nous dit que la GPA ne se fera pas, alors qu'avec la circulaire Taubira, on a mis le doigt dedans. Nous avons là un commencement de preuve irréfutable que la GPA sera prise en compte tôt ou tard par ce gouvernement. En tant que parlementaire, je monte vendredi à l'Assemblée et y resterai tout le week-end. J'appelle aussi tous les Français à se mobiliser, à signer des pétitions".
Des questions relevant de la bioéthique
Enfin, Dominique Nachury, seule femme élue député UMP dans le Rhône, elle est plus modérée. "Je suis clairement contre la PMA et la GPA ouverte aux couples homosexuels dans un cadre général, affirme-t-elle. Mais je préfèrerais que nous en débattions dans le cadre de lois de bioéthique, ce qui devrait permettre de traiter le sujet de manière plus approfondie que cette loi sur le mariage pour tous".
il va falloir qu'on m'explique quand on parle a propos du mariage que c'est une question de régénération... dans ce cas, il va falloir restreindre les mariages pour les couples agés... a moins que la science ne permette d'avoir (encore) des enfants a 80 ans !