En campagne pour les municipales à Paris, l'ancienne ministre de l'environnement de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, a affirmé que la capitale était "plus polluée que par le passé". Faux.
Invitée, mardi 5 novembre, dans la matinale de France Inter, la candidate UMP à la mairie de Paris a affirmé que "le nombre de jours de mauvaise qualité de l'air à Paris est passé de 53 par an en 2001 à 117 par an aujourd'hui". Nathalie Kosciusko-Morizet s'appuie sur l'indice ATMO qui caractérise la qualité de l'air journalière pour l'ensemble des grandes agglomérations françaises.
Airparif, en charge de la surveillance de l'air en Ile-de-France, nous a confirmé les chiffres.
À deux détails près, et d'importance.
D'abord, en 2011, les seuils ont été abaissés pour les particules (principalement émises par le trafic routier et le secteur résidentiel-tertiaire). "Leur prise en compte a été beaucoup plus sévère, explique Arthur de Pas, ingénieur à Airparif. Du coup, le nombre de jours plus dégradés a augmenté."
Deuxième élément négligé par Nathalie Kosciusko-Morizet : l'évolution des méthodes de calculs. En 2007, les progrès technologiques ont permis d'affiner les mesures de la qualité de l'air. "Les méthodes de mesures ont été plus performantes, donc les niveaux prélevés ont augmentés" précise Airparif.
Résultat : "la comparaison est biaisée". Au point de conclure à des contrevérités... un brin gênantes pour une ancienne ministre de l'environnement.
Airparif conclut l'inverse
Dans une étude rendue publique le 3 juillet dernier, Airparif conclut exactement l'inverse de ce qu'avance NKM : "la qualité de l'air générale à Paris s'améliore depuis 10 ans". Entre 2002 et 2012, la pollution aux oxydes azote a ainsi diminué de 30%, celle des particules PM 10 (dont le diamètre est inférieur à 10 microns) de 35% et celle du dioxyde de carbone de 13%.
Deux explications à cette amélioration : les actions menées au niveau national et européen sur le trafic routier et sur le chauffage et l'industrie et les aménagements réalisés dans Paris intra-muros qui ont abouti à la diminution générale du trafic à Paris (-15% à -20%).
Airparif pointe néanmoins le fait que 97% des Parisiens (soit 2,1 millions d'habitants) sont exposés à des niveaux supérieurs à la valeur limite annuelle des dioxydes d'azote et que 22% (470 000 habitants) respirent encore trop de particules par rapport aux normes européennes.
Conclusion : la qualité de l'air de Paris n'est pas plus polluée qu'en 2002 comme l'a affirmé l'ancienne ministre de l'environnement. Au contraire. Ceci dit, la capitale reste une ville encore trop polluée.