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Pour Eric Lafond, les législatives sont trop chères

Plus vertueux que ses petits camarades Eric Lafond ? Le candidat centriste dans la 3e circonscription a lancé un pavé dans la marre mercredi 9 mai en proposant de réduire de moitié ses dépenses électorales dans le cadre de la campagne des législatives. "S'il ne veut pas faire campagne, qu'il le dise" ont réagi les patrons des fédérations PS et UMP du Rhône. Pour Emeline Baume (EE-LV) plus modeste face à l'UMP et au PS, "c'est le pot de terre contre le pot de fer".

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Le financement de la campagne des législatives est strictement encadré par la loi Rocard du 15 janvier 1990. Elle réglemente les sources de financement de la vie politique française en contrepartie de quoi, l'Etat s'engage notamment à rembourser un montant maximum de 47,5% des dépenses électorales de chacun des candidats. Toutes les formations politiques, même celles qui ne sont pas représentées au Parlement en bénéficient.

Lafond veut limiter les dépenses de campagne

Mais en ces temps de disette budgétaire, une voix s'est élevée à Lyon cette semaine, celle d'Eric Lafond, candidat centriste aux législatives. Il propose de limiter "les dépenses engagées par les candidats pour convaincre les électeurs. Il est légitime, selon lui, que la collectivité prenne en charge le débat démocratique". Mais "en cette période, il est aussi légitime que les candidats fassent des efforts et réduisent leurs dépenses électorales". Le conseiller municipal a décidé de montrer l'exemple, il s'est s'engagé à "réduire de moitié" ses dépenses électorales et a proposé que "les candidats prennent des engagements publics et publient leurs comptes sur leur site de campagne". Une traduction du programme de moralisation de la vie publique porté par François Bayrou pendant la campagne présidentielle.

Il s'explique : "les dépenses électorales d'un candidat aux législatives se montent en moyenne à 34000 € par candidat. Considérant que 6 ou 7 candidats pourraient réaliser un score supérieur à 5%*, cela génère environ 1.6 milliards € (34000*6*577) de dépense publique". Nous avons vérifié, en 2007, selon le rapport annuel de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (p. 27), compte tenu des rejets et des réformations de la commission, l'Etat a remboursé 43,1 millions d'euros aux candidats aux législatives en France en 2007.

"Il ne veut pas faire campagne"

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"Il ne veut pas faire campagne" réagit Jacky Darne (photo ci-contre), candidat dans la 5e circonscription du Rhône et président de la fédération PS du Rhône. Même réaction chez son rival Philippe Cochet (photo ci dessous), député-maire de Caluire, candidat dans la 5e circonscription et président de la fédération UMP du Rhône. "On peut aussi décider de ne pas faire campagne, a-t-il lâché. Je pense que la démocratie c'est d'être en capacité d'organiser un certain nombre de réunions publiques, de documents de campagne, etc".

Pour les patrons des deux fédérations les plus importantes du Rhône, c'est clair. Le jeune candidat enfonce des portes ouvertes. "Un certain nombre de mesures ont déjà été prises au niveau national pour limiter le plafond de dépenses remboursées par l'Etat" rappelle Jacky Darne. Pour le patron du PS, "c'est le coût de la démocratie. Le système a été mis en place pour donner accès à tous à la démocratie. On est arrivé à un point d'équilibre en la matière". Philippe Cochet, plus sévère, qualifie la proposition d'Eric Lafond de "mesure tarte-à-la-crème".

50 000 à 60 000 euros de dépenses prévisionnelles pour Cochet (UMP) et Darne (PS)

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Les deux ténors locaux sont d'autant plus échaudés par cette proposition qu'ils n'ont pas attendus le 21 mai et l'ouverture de la campagne officielle pour se lancer sur le terrain. Ils prévoient chacun entre 50 000 et 60 000 euros de dépenses électorales dans le cadre des législatives 2012. Entre les locations de salles pour les meetings et l'édition de nombreux tracts de campagne (en papier recyclé s'il vous plaît !) envoyés aux 45 000 inscrits de leur circonscription, la facture grimpe vite. Jacky Darne qui finance pour moitié sa campagne par un prêt bancaire a même édité un bandeau électoral où on le voit en photo aux côtés de François Hollande. Le combat électoral bat son plein à Caluire, Neuville et Limonest depuis la fin janvier déjà.

Eric Lafond compte lui surtout son site Internet et ses envois de vidéos sur les téléphones portables de ses sympathisants pour faire campagne. "Les professions de foi envoyées aux électeurs une semaine avant le scrutin suffisent " estime selon le conseiller municipal à diffuser ses idées. Les tracts envoyés par les candidats brouillent selon lui le message. Par ailleurs, il dit avoir remarqué que "les meetings et autres réunions publiques sont inutiles. Ils ne réunissent que des personnes déjà convaincues". Le candidat fera surtout campagne via "une quarantaine de militants sur les marchés, dans la rue et au contact direct des électeurs". La location de son local de campagne lui coûtera tout de même 6 000 euros de janvier à juin, la plus grosse dépense de son compte de campagne.

10 000 à 13 000 euros pour Emeline Baume (EE-LV)

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Emeline Baume (photo ci contre), petite mais néanmoins réaliste candidate écologiste dans la 2e circonscription du Rhône prévoit quant à elle 10 à 13 000 euros de dépenses : "un tract de quatre pages diffusé de la main à la main et quelques tracts ponctuels imprimés tout simples. Une prestation d'animation sur l'espace public, un peu de restauration, le R 39 obligatoire (bulletin, profession de foi, affichage, expert comptable), un stagiaire, un local et un site internet". Pour financer sa campagne, elle a fait un prêt classique (au crédit coopératif évidemment).

"Nous sommes habitués à avoir peu de moyens financiers mais une grande envie de transformation de la société qui fait que nos entourages se mobilisent bénévolement !" résume la candidate qui par choix dit aussi ne faire "que très peu le choix de l'hyper communication pour des raisons de bilan carbone et et de message de fond". Elle critique "la droite (du centre au FN) [qui] veut jouer la transparence, l'éthique, l'exemplarité ? Très bien, chiche ! Parlons alors du financement des partis et mouvements politiques (donc du nombre d'élus, donc du cumul des mandats et de l’écrêtement) et de fait de la 5ème République ! Là chacun constatera que nous ne jouons pas dans la même cour ! C'est le pot de terre contre le pot de fer et que c'est pourquoi nous demandons la 6ème République !!!", termine la candidate.

* Seuls les candidats aux législatives qui obtiennent au moins 5% des voix sont remboursés par l'Etat d'une partie de leurs dépenses électorales.

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