QUEYRANNE

Pourquoi Annie Guillemot a renvoyé madame Queyranne

Vendredi dernier, la maire de Bron retirait sa délégation à Elisabeth Brissy-Queyranne, sa 2e adjointe à la Culture. Les deux élues sont en désaccord sur le projet de future médiathèque. Le mari de l’évincée, ancien maire de la ville et président du conseil régional, a sèchement dit à Annie Guillemot ce qu’il pensait de ces pratiques.

Le torchon brûlait entre elles depuis quelques mois. C'est désormais officiel : par un arrêté signé vendredi dernier, la maire de Bron retire sa délégation à Elisabeth Brissy-Queyranne, sa 2e adjointe à la culture. L'histoire serait banale si l'évincée n'était pas à la ville l'épouse du président du conseil régional et prédécesseur d'Annie Guillemot à l'hôtel de ville de Bron. C'est la construction de la nouvelle médiathèque qui est à l'origine de leur rupture.

Le projet était déjà lancé au cours du premier mandat. Mais avec une enveloppe toute autre : 4,5 millions d’euros. Or il est à présent question d’un chantier de 12 millions d’euros, avec des financements croisés dont ceux de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine.

Annie Guillemot mise en minorité dans un jury

Face à ces montants qui grossissent, l'élue s'est interrogée sur l'opportunité de rénover la médiathèque actuelle, en centre-ville. Une option plus économe. Mais Annie Guillemot a refusé cette proposition : cette médiathèque constitue un engagement fort de ce mandat. Elle signe aussi sa volonté d'amarrer à la commune le quartier Parilly, où l’équipement sera situé, et de valoriser une entrée de ville. Le 30 juin 2010, le jury statue pour désigner le lauréat parmi quatre architectes présélectionnés. "Sur les onze personnes, six ont voté pour un candidat dont moi, cinq autres dont le maire et trois élus pour un autre", raconte madame Queyranne. Celle-ci est convoquée deux jours plus tard dans le bureau du maire. "Elle m'a demandé de partir". L'adjointe refuse et tient bon. Mais le 25 novembre, la maire présente les esquisses de « sa » médiathèque. Elle est passée outre l'avis du jury, qui n'est que consultatif.

Elisabeth Brissy-Queyranne ne soutient plus ce projet. Publiquement, elle dit tout l'inverse, solidarité politique oblige. "C'est une muraille de béton qui tourne le dos à Parilly", attaque-t-elle. Elle aurait voulu de grands plateaux, "pour une utilisation évolutive". Une disposition qui permet d'adapter l'offre, "par exemple avec des ateliers d'alphabétisation ou de petits spectacles le dimanche et pas faire seulement du prêt de livres". "Nous n'avons jamais pu parler du projet culturel. Pourtant, une médiathèque, ce n'est pas comme une piscine", regrette-t-elle. Elle s'est donc abstenue, ainsi que huit autres élus, lors d'une délibération municipale sur la politique de la ville. Pis : elle a organisé une conférence de presse pour annoncer son désaccord.

Monsieur Queyranne prend la parole

En ce début d’année, Annie Guillemot convoque trois fois son adjointe dans son bureau. Elle lui propose une autre délégation. Madame Queyranne refuse. Conqéquence : elle a reçu ce lundi une lettre recommandée lui retirant sa délégation. Elle reste toutefois 2e adjointe. Aujourd'hui elle songe à créer son propre groupe municipal. Mais il n'est pas question pour ses soutiens de démissionner. "Ce serait lâche, comme renoncer à défendre ses idées", balaie-t-elle.

Remercier un adjoint est une pratique assez courante dans les municipalités. Sauf que l'évincée n'est autre que l'épouse du président du conseil régional, et prédécesseur d'Annie Guillemot à la tête de la ville. C'est lui qui a propulsé l'actuelle édile, en 1999. Pour l'heure, le président de la Région se garde bien de s'en mêler. En tout cas officiellement. Lors d'une réunion de section du PS qui s'est tenue ce lundi, il a pris la parole. Alors que Guillemot accuse madame de "complot" et de sa volonté de fédérer son opposition, monsieur intervient."Il a dit que la menace de retrait de délégation est un acte grave qu'il n'avait jamais pratiqué", rapporte un militant. Contactée par nos soins, Annie Guillemot ne souhaite pas réagir pour l'instant.

Lire aussi : Une médiathèque "enviée" par l'Egypte antique

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