Malgré une intense campagne médiatique, Collomb a perdu. Il s'est battu au nom de "la rénovation du parti", du "respect des militants", de la "base", de la "démocratie", de la "concertation"... Mais cet adepte du principe "vous êtes avec moi ou contre moi" était-il bien placé pour défendre de telles valeurs ? Lors des municipales, c'est lui et personne d'autre qui a composé les listes. Il n'avait pas plus consulté les militants sur le choix de "son" candidat aux européennes, Thierry Philip. "La démocratie, c'est quand c'est moi qui décide" pourrait dire Gérard Collomb. La "proximité" et la "modernité" aussi. Les 288 membres de la convention nationale du PS, instance chargée de représenter le parti dans tout ce qu'il compte de sensibilités, en ont jugé autrement en ratifiant à l'unanimité (5 abstentions) des listes de candidats où ne figure pas Thierry Philip. Pire pour Collomb, les militants socialistes du Rhône n'ont pas plus écouté ses appels au vote négatif ou blanc en plébiscitant à 70,7% ces mêmes listes (il se console en soulignant la faible participation, 31,4%)...
Gérard Collomb avait peut-être raison de défendre Thierry Philip plutôt que Vincent Peillon. Les électeurs le diront en juin. Mais il s'y est à l'évidence mal pris en surestimant son équation personnelle. En politique, on ne pèse jamais tout seul. Gérard Collomb s'était rendu incontournable à l'automne, car les 5 à 10% qu'il représentait avec les "barons locaux" étaient en mesure de faire basculer le congrès en faveur de l'un ou l'autre des candidats. Aubry, Delanoë, Royal lui ont tour à tour fait les yeux doux. Sauf que les Marseillais ont fait pencher la barque en faveur du "mauvais" cheval, Ségolène Royal. Très logiquement, les Marseillais ont par la suite plus compté que les Lyonnais dans le courant royaliste lorsqu'il s'est agi de se répartir les postes aux européennes. Avec le parachutage de Vincent Peillon, il n'en restait qu'un à pourvoir : c'est le Marseillais Karim Zéribi qui l'a eu au détriment du Lyonnais Thierry Philip. Gérard Collomb a alors mené la fronde des mécontents. Mais il s'est heurté à Martine Aubry. Cette dernière, trop heureuse de diviser les royalistes, a "écrasé" Collomb pour raffermir son autorité sur le parti. Il n'y a là que de la politique très classique, de la part de Collomb comme des autres. Ce qui énerve autant le maire de Lyon, c'est finalement de découvrir qu'il pèse toujours aussi peu dans son parti, malgré ses ambitions de promouvoir un "modèle lyonnais" dont la substance mériterait sans doute d'être encore précisée.
(édito paru dans le numéro d'avril de Lyon Capitale)
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