Pourquoi Perrin-Gilbert a dû jeter l'éponge

La maire du 1er arrondissement ne participera pas aux régionales. Reléguée à la 20e place de la liste socialiste du Rhône, elle a décidé de renoncer. Récit de manœuvres clandestines.

Déçue du mauvais sort que lui ont réservé ses camarades, Nathalie Perrin-Gilbert a décidé de retirer sa candidature. Elle revendiquait la 4e place de la liste socialiste du Rhône : elle n'aura finalement réussi à décrocher que la 20e position, forcément non éligible. Comme prévu, c'est Sarah Peillon, adjointe au maire du 7e arrondissement et attachée parlementaire de Jean-Louis Touraine, qui a décroché la place convoitée.

La composition des listes socialistes obéit à une mécanique bien huilée, qui répond à une exigence de parité, de renouvellement des générations, de représentation des territoires, de diversité des pressentis, mais qui tient compte aussi du poids relatif de chaque courant issu du congrès de Reims. C'est ainsi que la 4e place devait échoir à une femme signataire de la motion A (celle de Bertrand Delanoë). Le nom de Nathalie Perrin-Gilbert a été avancé par ses soutiens, mais des membre de la commission électorale, issus d'autres courants, s'y sont fermement opposés.

Queyranne sous la pression de Collomb

"Elle ne fait pas suffisamment preuve de solidarité avec son groupe lors de votes importants", tranche un élu influent. Ils se sont conformés à la volonté de Gérard Collomb qui voulait faire barrage à son impétueuse maire d'arrondissement. Même Jean-Jack Queyranne, principal concerné, a laissé faire : le maire de Lyon lui avait clairement signifié que la présence de Nathalie Perrin-Gilbert sur ses listes l'inciterait à ne pas faire campagne pour lui. "Collomb n'a pas fait preuve d'intelligence politique", peste l'évincée qui avait très envie de prendre du champ par rapport à l'Hôtel de ville. Le cabinet du maire a bien essayé de faire un geste en lui proposant la 20e place, lui laissant entrevoir une remontée en 16e voire en 14e position. Mais l'intéressée a décliné l'offre. "Elle voulait la 4e place ou rien. La plupart des signataires de la motion A ne voulaient pas discuter", regrette Jean-Christophe Vincent, secrétaire fédéral aux élections.

Certains ont eu une position jusqu'au boutiste

Pour débloquer la situation, Walter Graci, secrétaire de section du 6e arrondissement et signataire de la motion A, a proposé en commission la candidature de Sarah Peillon, plus consensuelle. "Il a bien fallu trouver une solution de repli, invoque ce militant. La motion A compte d'autres femmes lyonnaises de qualité. D'ailleurs d'autres blocages sont survenus et il a, à chaque fois, fallu trouver d'autres noms. Le problème, c'est que certains ont eu une position jusqu'au boutiste".

"Il a ouvert une brèche", critique un militant. Les autres représentants de la motion ont aussitôt désavoué Graci. Ils ont aussi claqué la porte de la commission, lui reprochant d'avoir malmené leur courant. Pierre-Alain Muet, Christiane Demontès et Martine Roure ont également mis en cause Jacky Darne, premier secrétaire du PS. Le courrier, daté de lundi dernier, a finalement été diffusé mercredi.

"Le premier secrétaire fédéral a choisi à notre place"

"Alors que les motions avaient été sollicitées pour présenter leurs candidats, seule la nôtre s'est vue refuser sa première candidature (ndlr : celle de Nathalie Perrin-Gilbert). Le premier secrétaire fédéral n'a pas pris le temps de rechercher une alternative avec nous, a choisi à notre place, entraînant notre départ de la commission (...) Il a adressé la liste à tous les militants, fermant la porte à toute poursuite des discussions et de recherche de consensus". La missive est gratifiée par des "amitiés socialistes". Un oxymore comminatoire ? "Cette liste apparaît au final déséquilibrée : tous les promus lyonnais sont issus de la rive gauche du Rhône, au détriment des 1er, 2e, 4e, 5e et 9e arrondissements", regrette Pierre-Alain Muet.

Les signataires de la motion A ont pourtant abandonné l'idée de proposer aux militants une liste alternative. Ont-ils craint un rapport de force défavorable ou ont-ils préféré opter pour une attitude plus responsable ? Ils se rangeront derrière la liste ainsi constituée. Reste l'attitude de Nathalie Perrin-Gilbert. Elle l'assure, elle va soutenir la liste socialiste. Mais elle va sans doute cultiver sa différence. "Je vais regarder de très près ce qui se passe à Lyon", lâche-t-elle, le sourire en coin.

Lire aussi : Comment Collomb torpille la candidature de Perrin-Gilbert

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