Embourbée dans son congrès national de novembre et la guerre Fillon/Copé, l'UMP n'a pas réagi officiellement à la proposition de Michel Havard d'organiser des primaires pour désigner le challenger à Gérard Collomb en 2014. Mais elle voit cette initiative d'un bon œil. De son côté, l'ex-député propose la mise sur pied à la rentrée d'un comité d'organisation des primaires. Objectif : ne pas perdre de temps.
En lançant son idée de primaire pour les municipales, Michel Havard a remis sa candidature au centre du jeu. C'est pourtant un aveu de faiblesse : celui qui s'autodésignait comme le candidat naturel d'opposition à Gérard Collomb accepte de voir son leadership contesté par d'autres. Mais, faisant cela, il a repris l'initiative : tous ses challengers se sont rangés derrière sa proposition.
L'UMP pense d'abord à son congrès de novembre
Le feu vert des élus lyonnais de droite ne vaut pas acceptation définitive. "Le principe doit être validé au niveau national. Pour l'instant, je ne vois pas de réticences", explique Philippe Cochet, président départemental de l'UMP. "Je n'étais pas au courant", "Je n'en savais rien" : à Paris, des cadres nationaux ont découvert la semaine dernière, par nos questions, cette proposition de l'ex-député. Une ignorance qui trahit bien l'ordre des priorités pour l'UMP : d'abord le congrès du parti en novembre avec l'élection du nouveau président, ensuite on parlera des municipales.
Les primaires pourraient cependant être un thème de campagne : Philippe Cochet imagine que le sujet puisse être "un élément constitutif du programme d'un ou plusieurs compétiteurs". En tout cas, Jean-François Copé y serait favorable. "Tant en termes de participation que de dynamique, les primaires socialistes ont bien marché. L'UMP peut s'en inspirer", souligne un cadre national. Une telle consultation est envisagée pour les municipales de Paris. Pourquoi pas à Lyon ? La décision de l'organiser ne tombera qu'après novembre. En décembre ou janvier. Le calendrier de Michel Havard serait alors amendé, lui qui proposait que les candidats se fassent connaître avant novembre. "Si le scrutin se déroule en avril, est-ce un drame ?" s'interroge un autre cadre national de l'UMP.
Havard veut gérer localement les primaires
"Il n'y a besoin du feu vert de personne. Ce ne sont pas les primaires de l'UMP", corrige Michel Havard, frondeur. Cette consultation étant élargie au Nouveau Centre et à Lyon Divers Droite, ce n'est selon lui pas au parti de Jean-François Copé de trancher pour les autres. En réalité, craignant toujours un parachutage national, l'ex-député souhaite accélérer le calendrier. Déjà en lice, il veut prendre ses rivaux de court, qu'ils viennent de Paris, d'Oullins ou de Lyon. Et gérer localement le scrutin, s'émanciper de la tutelle de sa formation. Le leader de l'opposition municipale suggère la constitution d'un comité d'organisation des primaires, à la rentrée. Un organe qui serait dirigé par "une personnalité indépendante" et composé de représentants des diverses formations et des candidats alors déclarés. Son rôle : organiser, surveiller et prononcer les résultats du scrutin. L'UMP serait priée d'avaliser les règles que ce comité instaurera.
Le principe d'une consultation un an avant l'élection municipale semble retenu. "Un an de campagne, c'est bien le minimum", estime Philippe Cochet. Michel Havard imagine une vingtaine de lieux de vote. Quid du corps électoral ? Comme pour les primaires socialistes, c'est bien l'ensemble des électeurs lyonnais qui pourraient voter. Ce serait une première pour l'UMP, qui avait jusque-là organisé des primaires seulement ouvertes aux militants (municipales de Paris en 2008, régionales en Ile-de-France en 2010). Et les candidats devront répondre aux mêmes conditions : "payer une taxe d'habitation à l'intérieur de la ville", selon Philippe Cochet. Pour lui, posséder une résidence sur Lyon avant le 31 décembre 2012 suffirait. Michel Havard est sur la même ligne. Voici qui n'exclut pas un parachutage, local ou national : il suffirait par exemple à François-Noël Buffet d'acquérir (ou de louer) un pied-à-terre à Lyon pour être sur les rangs. Les candidats devraient, toujours selon Havard, se prévaloir du soutien d'au moins trois élus lyonnais. Nora Berra propose une alternative : le parrainage de Lyonnais.