Présidentielle – Instaurer la priorité nationale, sortir de l’euro, analyse de deux mesures chocs de Marine Le Pen.
Revenu universel, fin des régimes spéciaux, changement de Constitution, sortie de l’euro, les candidats à l’élection présidentielle 2017 proposent des programmes de rupture rarement atteints. Dans son mensuel d'avril, Lyon Capitale s’est attardé sur les mesures chocs des cinq principaux candidats d’une campagne inédite. Vous trouverez ci-dessous celles de Marine Le Pen.
Instaurer la priorité nationale
Ce qu’espère en faire Marine Le Pen : C’est la nouvelle appellation de la proposition totem du FN : la préférence nationale. “La priorité nationale recoupe la question du logement, des aides sociales, du rapport au travail. Elle consiste simplement à dire que l’on veut traiter les Français prioritairement. Quand on a six millions de chômeurs, le rôle de l’État est de protéger nos compatriotes”, développe Antoine Mellies, conseiller régional FN. La mesure phare de la priorité nationale consiste à instaurer une taxe de 10 % sur les contrats des travailleurs étrangers.
Ses limites : Une telle mesure existe déjà, mais à un niveau moindre. Avant d’employer un salarié étranger, un chef d’entreprise doit s’acquitter d’une taxe forfaitaire auprès de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Le périmètre du mot “étranger” pose aussi question. Les ressortissants de l’Union européenne ne pourraient se voir appliquer cette taxe que si la France sort de l’Europe. L’impact sur le taux de chômage de cette mesure risquerait d’être marginal. En 2012, une étude du ministère de l’Immigration sur le travail des immigrés montrait que ceux-ci “occupent des postes dans des métiers dits pénibles (BTP) ou à forte saisonnalité (hôtellerie, restauration) qui souffrent de pénuries de main-d’œuvre dans les périodes de croissance”. Ce sont aussi aujourd’hui les métiers où les offres d’emploi trouvent le moins preneurs.
Sortir de l’euro
Ce qu’espère en faire Marine Le Pen : Après le Brexit, le FN veut organiser un Frexit, un référendum sur la sortie de l’euro, donc le retour au franc. Une monnaie qui serait dévaluée pour favoriser les exportations.
Ses limites : Le FN s’estime victime d’un “plan peur” sur les conséquences de la sortie de l’euro. L’inquiétude des milieux économiques est en effet palpable. Conjuguée à une bonne dose de protectionnisme, notamment l’instauration d’une taxe de
3 % sur les importations, le programme du FN pourrait mettre en grande difficulté les entreprises qui commercent avec l’étranger. Seul le secteur du tourisme profiterait de la victoire du Front national. Les taux d’intérêt sont aussi annoncés à la hausse. “Les produits que nous importons vont être renchéris, ce qui favorisera la relocalisation de notre production”, espère Antoine Mellies, tout en admettant que les conséquences d’un Frexit sont difficiles à imaginer : “On ne connaît pas le comportement des agents économiques.”
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Je ne connais pas le futur mais je connais le passé. En 1998, il fallait écouter les experts et autres ministres sur les bienfaits de l'euro a venir. F. Barroin était particulièrement en verve : 'Avec l'Euro, on aura mécaniquement une croissance autour de 4%, le chômage sera divisé par 2 en 3 ans... etc' Quelle bande de jean-foutre !