Najat Vallaud-Belkacem ministre de l'éducation
© Tim Douet

Quand la droite se déchaîne sur Najat Vallaud-Belkacem

Depuis qu’elle est à la tête du ministère de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem est la cible de violentes charges de la presse de droite et d’extrême droite, des élus ou des lobbys conservateurs. Retour sur 10 jours de déchaînement parfois raciste et machiste.

Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l'Élysée, a à peine fini d'égrainer la composition du gouvernement Valls II que les réseaux sociaux commencent à s'en prendre à Najat Vallaud-Belkacem, nommée à l'Éducation nationale et promue numéro 3 du gouvernement.

Christine Boutin est la première à décocher des flèches sur Twitter : "@najatvb a l'éducation et @ChTaubira confirmée c'est une bravade du président de la République. La France des valeurs ne l'acceptera pas." Plus tôt dans la journée, évoquant la rumeur de cette nomination, elle la qualifiait de "vraie provocation non tolérable !" Des cadres de l'UMP lui emboîtent le pas. Laurent Wauquiez, député-maire du Puy-en-Velay, qualifie la ministre d'"ultra pro-gender" et voit sa nomination comme une provocation. Position partagée par Nadine Morano. Éric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes, la décrit en "porte-parole d'une idéologie dangereuse".

“Khmère rose”

Des seconds couteaux de l'UMP vont aller plus loin encore. Franck Keller, conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine, opte pour l'approche machiste : "Quels atouts Najat Vallaud-Belkacem a utilisés pour convaincre Hollande de la nommer à un grand ministère ?" Hervé Mariton, député de la Drôme et candidat à la présidence de l'UMP, la qualifie de "Khmère rose" ou de "Viêt-Minh souriante".

“L’ayatollah” pour Valeurs actuelles

Le déchaînement gagne ensuite la presse de droite et d'extrême droite, qui va encore plus loin. Minute et Valeurs actuelles lui consacrent leur une de cette semaine dans une sorte de surenchère liée à ses origines marocaines. Minute titre “La provocation Vallaud-Belkacem”, avec le surtitre “Une Marocaine musulmane à l'Éducation nationale”. Valeurs actuelles, dans son sous-titre, la promeut ministre de la rééducation nationale et la qualifie d'"ayatollah". Ce journal lui consacre un dossier d'une dizaine de pages qui la définit comme"une provocatrice qui ne recule devant rien pour imposer coûte que coûte ses délires progressistes", en référence aux ABCD de l'égalité qu'elle avait promus lors de son passage au ministère du Droit des femmes et qui avaient crispé les conservateurs.

Il est reproché à Mme Vallaud-Belkacem d'être un instrument de communication politique de François Hollande destiné à ne pas se couper de sa base électorale à gauche, d'être un symbole progressiste et libertaire :"Sa nomination est perçue par beaucoup comme une vraie menace pour l'école et les enfants, qui voient arriver rue de Grenelle une idéologue, une ayatollah du genre et autres délires libertaires."

Procès en incompétence

La presse et les élus de droite lui intentent aussi un procès en incompétence. Et Valeurs actuelles de rappeler qu'elle a raté deux fois le concours d'entrée à l'ENA. C'est le créneau exploité par Marine Le Pen : "L'on sacrifie l'école de la République pour promouvoir une ministre, qui n'a aucune compétence en matière d'éducation et dont personne ne peut citer le moindre début de bilan dans ses mandats précédents, à part avoir lancé des polémiques dont la nation, sûre de ses valeurs, se passerait volontiers."

Comme Taubira avant elle

Cible de toutes les attaques, comme Christiane Taubira avant elle, Najat Vallaud-Belkacem bénéficie du soutien indéfectible du PS, qui souhaite une condamnation juridique de la une de Minute. La ministre de la Justice lui a aussi apporté un soutien public en réaction aux unes de Minute et de Valeurs actuelles : "Faut-il qu'ils soient creux du cerveau, vides du cœur, et leurs âmes desséchées. Najat tu portes haut notre ambition pour l'école. Merci." Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, apporte son soutien à sa collègue, victime d'attaques "sexistes et aujourd'hui racistes".

À droite, peu de voix se sont élevées pour la soutenir. Chantal Jouanno, sénatrice UDI, dans une interview à Libération, a cependant réagi aux attaques de la droite : "On est décidément tombé bien bas." À Lyon, Najat Vallaud-Belkacem a reçu le soutien du recteur de la grande mosquée, Kamel Kabtane : "Certains pensent que les Français de culture musulmane ne peuvent être que balayeurs et jamais ministre. Il va falloir qu’ils s’habituent !" Quant à la principale intéressée, elle a répondu avec gravité et humour à la une de Minute, à la sortie du conseil des ministres mercredi : "Je ne sais pas si vous connaissez la formule de Pierre Desproges : “Pour le prix d'un journal, vous avez la nausée et les mains sales”."

Et au final NVB gagne en popularité à droite

Si la droite s'est déchaînée sur Najat Vallaud-Belkacem, les électeurs de droite n'ont, en revanche, pas adhéré. C'est l'un des enseignements du baromètre politique CSA pour Les Echos et Radio Classique. La ministre de l'Éducation nationale est la 2e politique préférée des français, derrière Alain Juppé. Elle progresse surtout de 16 % en un mois dans l'électorat de droite. À gauche, elle est la 2e personnalité préférée avec 65 % d'opinions favorables derrière Martine Aubry (71 %).

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