Quand la montée du FN arrange tout le monde

Derrière les indignations de bon aloi, les petits calculs électoraux des deux bords s’accordent bien d’un FN élevé. Le PS et le PC misent dessus pour conserver les villes de l’Est lyonnais dans des triangulaires, les Verts pour affaiblir Collomb à Lyon... et la droite se dit qu’un FN très haut prendra cette fois ses électeurs à gauche.

Annoncé dans les sondages comme le premier parti de France aux élections européennes de juin 2014, la poussée frontiste pourrait commencer dès les municipales. Fort de son succès dans la cantonale de Brignoles, le parti de Marine Le Pen espère conquérir des mairies, notamment dans le sud de la France. Dans l’agglomération lyonnaise, l’état-major frontiste rêve de victoires dans la première couronne, ou à défaut de jouer les arbitres du duel PS-UMP. La montée en puissance frontiste inquiète les partis républicains, mais chacun arrive à trouver des raisons d’en faire un avantage électoral.

Analyses discordantes à droite

À droite, l’analyse des dernières élections partielles chamboule les théories sur l’origine des électeurs frontistes. “Le FN a longtemps grappillé des voix à droite et à l’extrême gauche, aujourd’hui il semble que l’extrême droite grignote sur l’électorat socialiste. Le PS risque d’avoir de drôles de surprises lors des triangulaires, qui lui étaient jusqu’alors favorables”, pointe Damien Gouy-Perret, directeur de campagne de Michel Havard. Les dernières élections partielles ont vu le PS exclu du second tour.

Un cadre de la fédération UMP se montre toutefois moins optimiste : “L’électorat populaire du PS se déroute vers le FN dans des proportions significatives, mais ce n’est pas encore suffisant pour espérer très cyniquement faire de la montée du FN un avantage. La nature du scrutin municipal va favoriser des triangulaires un peu partout, puisqu’il ne faut obtenir que 10 % des suffrages pour pouvoir se maintenir. Il paraît difficile d’imaginer des villes où la gauche serait éliminée dès le premier tour, comme cela a pu être le cas à Meyzieu aux cantonales et à Givors lors des législatives. La montée du FN va donc servir le PS, comme c’est le cas depuis Mitterrand. C’est un motif d’angoisse pour nous.”

“Une vraie aubaine” pour EELV

Les rêves de conquête de l’UMP dans les villes de l’Est lyonnais pourraient se heurter à la montée du Front national. Bron, Saint-Priest, Saint-Fons ne sont gagnables pour l’état-major UMP qu’en évitant des triangulaires. À Villeurbanne, le FN pourrait même voler le rôle de premier opposant à la droite, comme lors des élections cantonales de 2011 où aucun candidat UMP n’avait pu accéder au second tour. “Le FN reste l’assurance-vie du PS”, peste un responsable fédéral. Le PS ne se fait ainsi guère de souci pour ses villes de la banlieue lyonnaise.

Même les écologistes se mettent à tirer des plans sur la comète FN. “La progression de l’extrême droite peut être une vraie aubaine pour nous arithmétiquement. En cas de quadrangulaire au second tour, Gérard Collomb devrait l’emporter mais, dans certains arrondissements, il peut manquer d’une vraie majorité et le FN deviendrait l’arbitre de ses décisions. Face à ce risque politique, Gérard Collomb sera forcé de fusionner avec nous”, anticipe un cadre d’Europe Écologie.

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Cet article est extrait de Lyon Capitale n°727 (novembre 2013).

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