"La liberté des uns s’arrête là où commence celles des autres ?" L’équipe de l’ancien maire PS Renaud Gauquelin vient de publier une tribune dans le journal municipal de janvier où elle dénonce les actions d’un collectif de femmes pour se "réapproprier l’espace public" comme une volonté "d’imposer leur pensée unique", au détriment du "vivre ensemble". Le nouveau maire Alexandre Vincendet (LR) taxe son prédécesseur de "misogynie" et le somme de s’excuser "à l’égard des femmes".
"Tout va très bien, madame la marquise". Est-ce sur cet air de Ray Ventura que se chante la dernière tribune du groupe PS de Rilleux-la-Pape ? Publiée ce lundi 2 janvier 2017 dans le journal municipal Le Rilliard, son auteur Marc Cachard dénonce un "reportage accablant pour l’image de notre belle ville", en faisant référence aux images diffusées début décembre au 20h de France 2. Intitulé "Quand les femmes deviennent indésirables dans les lieux publics", une assistante maternelle de Rillieux y indiquait notamment qu’elle "essaye de s’effacer", par "peur".
"Tout cela est erroné" répond le PS local, qui dénonce des "comportements irresponsables, orientés et malsains […] qui évidemment [vont] dissuader de venir vivre ici". Arguant que "l’immense majorité des Rilliardes et des Rilliards se sentent des citoyens libres et heureux de se rencontrer", le groupe PS s’interroge sur les réelles motivations "des dames, pour la plupart très proches d’Alexandre Vincendet" qui depuis plusieurs semaines organisent des marches dans le quartier pour "se réapproprier le territoire", et par exemple s’imposer aux cafés dans lesquels la présence féminine est rare. "Vont-elles voir des matchs de foot dans les bars ?", demande l’auteur. "Vont-elles imposer leur pensée unique et essayer de tous nous convaincre de nous mettre au mini-golf ou de s’inscrire à des cours de yoga, parce qu’elles considèrent que c’est bon pour la santé et, comme elles le pensent, il faut le faire ?"
"La tribune de la honte" pour Alexandre Vincendet
Il n’en fallait pas moins pour que le nouveau Maire LR Alexandre Vincendet tire à boulets rouges sur son prédécesseur Renaud Gauquelin dans un communiqué de presse intitulé "La tribune de la honte : Quand un député socialiste se livre par écrit à la misogynie la plus abjecte". Il dénonce des "clichés misogynes scandaleux", et au final une "sortie hallucinante de machisme" et un "mépris digne du début du siècle dernier". En conclusion, le maire réclame à l’équipe de celui qui est désormais député "des excuses publiques à l’égard des femmes qui peuvent légitimement se sentir outragées" et demande des comptes aux plus hautes instances socialistes : "à Hélène Geoffroy, Secrétaire d’État en charge de la Politique de la ville dont M. Gauquelin est le suppléant, à David Kimelfeld, premier secrétaire de la fédération du PS du Rhône et à Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, s’ils comptent apporter leur soutien au député Renaud Gauquelin, candidat à sa propre succession aux élections législatives."
Marc Cachard "se voulait humoristique"
Interrogé sur le sujet, Marc Cachard assume ses propos : "Cela se voulait humoristique. Le reportage est mal foutu : on semble mettre sur le même plan ce qui se passe en Seine-Saint-Denis et ce qui se passe à Rillieux. Ces femmes qui sont pour certaines proches du Front National essayent de faire croire que certains bars leurs sont interdits. Mais le sentiment d’insécurité ne veut pas dire qu’il y a insécurité. Si leur démarche était saine, je ne pourrais qu’être d’accord : chacun doit avoir le droit d’aller et venir comme bon lui semble. Mais si des femmes ne veulent pas aller dans certains lieux, de quel droit les force-t-on à le faire ?
Au travers de cette tribune, je voulais alerter sur la manipulation qui entoure tout cela et sur la stigmatisation qui est derrière. Honnêtement, nous sommes cinq à avoir lu ce texte dans le groupe PS, et il n’a choqué personne." Présent dans la même pièce, Renaud Gauquelin acquiesce. "Personnellement, je pense qu’il y a le feu dans le camp d’en face, et qu’il ne s’agit là que d’un contre-feu", conclut Marc Cachard en faisant référence aux élections à venir.
Si la bataille pour les municipales est derrière, celle pour les législatives ne fait donc que commencer.