Le président sortant présentait ce mercredi ses tandems chargés d'animer sa campagne dans les huit départements. Un joli tour de passe-passe qui lui permet d'afficher une parité en trompe-l'œil. La liste PS comptera plusieurs élus issus de la diversité.
La peinture inspire-t-elle Jean-Jack Queyranne ? Ce mercredi, il présentait à l'Etoile (Lyon 3e) ses têtes de liste départementales. Avec une innovation : plutôt que de désigner un leader, il met en avant des tandems. Or derrière lui, deux tableaux géants, maculés de rouge, ornaient le mur : l'un représente un couple en pleins ébats dans une position pas bien catholique, l'autre une femme ensanglantée étranglée par un homme dont on ne voit pas le visage. Vers quel modèle inclineront ses duos politiques ?
Deux femmes sur huit
Le procédé est en tout cas habile : il permet au président sortant de présenter une parité impeccable. Sauf qu'en regardant de plus près, seuls deux leaders sur les huit sont des femmes : Bernadette Laclais en Savoie et Sylvie Gillet de Thoret en Haute-Savoie. Ailleurs ont été désignés Jean-François Debat dans l'Ain, Hervé Saulignac en Ardèche, Michel Grégoire dans la Drôme, Bernard Soulage en Isère, Jean-Louis Gagnaire dans la Loire et lui-même dans le Rhône. Comme l'a souligné le député du Rhône, l'équipe comptera "des élus fortement implantés sur leur territoire mais aussi de nouveaux venus" : parmi les 48 élus régionaux actuels, 24 "ne seront pas candidats à une position éligible ou ne seront pas candidats du tout"
Plus exemplaire sur la diversité
Pas complètement exemplaire en matière de parité, il compte bien l'être quant à la diversité. Le groupe socialiste comptait en 2004 cinq conseillers régionaux enfants de l'immigration, quand le MoDem et le PCF n'en affiche chacun qu'un et l'UMP aucun (sur 27 élus !). Et il entend bien faire au moins aussi bien en 2010, même si une recalée iséroise se plaint du peu de place qui lui est fait. "Le PS s'est engagé à ce que 15% des candidats placés à des positions éligibles soient issus de la diversité", a rappelé Farida Boudaoud (n°2 dans le Rhône).
A mesure que la campagne s'engage, Queyranne s'est résolu à partir seul. Des discussions sont en cours avec le parti radical de gauche, qui devraient aboutir. Mais Europe Ecologie et le PCF ont déjà décliné son offre d'alliance dès le premier tour. Reste le MoDem, le député du Rhône leur ayant très tôt proposé une alliance arc-en-ciel. "Les portes restent ouvertes jusqu'à la fin janvier, assure-t-il. Des propositions leur ont été faites". Mais Azouz Begag bat déjà les estrades...
"On pourrait gagner dès le premier tour"
Le président sortant regrette l'éparpillement des candidatures à gauche, alors que l'UMP part unie. "Des actions ont été menées en commun pendant six ans. Nous partageons le même bilan. Les six budgets ont été votés par l'ensemble de la majorité", plaide Queyranne. Sa déception est teintée d'amertume : "Face à Sarkozy qui s'engage sur les 22 régions, il faut une certaine inconscience de partir seuls au premier tour, d'autant que l'attaque du gouvernement contre les régions est frontale".
Avec un accord avec les centristes et ses partenaires de gauche, "on pourrait gagner dès le premier tour. Ce serait un sacré coup de semonce pour le président", s'esclaffe-t-il. Ce n'est pourtant pas tant l'UMP qui préoccupe Queyranne qu'Europe Ecologie qui le talonne dans les enquêtes d'opinion et qui pourrait même virer en tête au soir du premier tour. Il perdrait ainsi sa présidence. Plusieurs soutiens de Queyranne se sont d'ailleurs chargés de tacler Philippe Meirieu (voir ci-dessous). Partir avec les centristes assurerait au chef de file socialiste la victoire avant même le véritable démarrage de la campagne. On l'imagine : les centristes vont être choyés avant Noël.
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