Emmanuel Hamelin © Tim
Emmanuel Hamelin © Tim Douet

Qui est vraiment Emmanuel Hamelin ?

OFF DE CAMPAGNE - Lyon Capitale vous propose de mieux découvrir les cinq candidats engagés dans la primaire UMP qui se tiendra le 2 juin pour le premier tour et le 9 juin pour le second. Retrouvez tous les éléments pour vous permettre de juger Emmanuel Hamelin, le premier à être entré en dissidence. Son parcours, son programme et surtout comment ses concurrents le perçoivent.

Mandat(s) actuel(s) : conseiller municipal.

Anciens mandats : conseiller régional, député.

Son parcours

Emmanuel Hamelin tente avec cette primaire UMP d’inverser le cours d’une carrière politique sur la pente descendante : il n’a pas gagné une élection depuis les législatives de 2002. L’intéressé rétorque à cet argument que Gérard Collomb a perdu trois fois avant d’être enfin élu maire de Lyon en 2001, un point aussi soulevé par Michel Havard. Emmanuel Hamelin a connu le succès politique assez tôt et a payé un lourd tribut à la “boboïsation” de la Croix-Rousse, son fief électoral. Marginalisé dans son propre parti, il s’est relancé en mars 2010 en annonçant qu’il se présenterait contre Michel Havard pour décrocher l’investiture UMP aux municipales de 2014, faute notamment d’avoir obtenu un mandat régional. En trois ans, il a transformé son sursaut d’orgueil en une candidature sérieuse à la primaire. Il aborde le scrutin du 2 juin en outsider, légèrement en retrait de Georges Fenech et de Michel Havard. Au vu des différents sondages publiés ces dernières années, il peut espérer une bonne surprise le 2 juin au soir. En termes de notoriété, il a souvent devancé ses rivaux. Sarkozyste de la première heure, Emmanuel Hamelin partage avec Michel Havard un positionnement assez centriste à Lyon, qui se veut rassembleur. Au fil de ses mois de dissidence, il a réussi à exister, tordant le cou à ceux qui lui reprochaient son manque de travail. Dans les médias, il a pris des positions sur le Grand Stade, dossier sur lequel la voix de l’UMP était faiblarde et confuse.

Ce qu’il propose

À la différence de ses rivaux, Emmanuel Hamelin a très vite posé ses idées sur la table des primaires. “Certains de mes concurrents sont frileux à l’idée d’annoncer des projets. Ils ont peur que Gérard Collomb ne pique leurs idées. Je préfère être celui qui est copié. Je me dévoile donc tôt, pour vous montrer ma vision de Lyon”, avance-t-il. Il a beaucoup insisté durant sa campagne pour montrer qu’il pouvait aussi voir plus loin que Lyon, en évoquant la métropole et le besoin impérieux d’y rattacher l’aéroport Saint-Exupéry. Avec cette volonté de prendre de la hauteur, il coupe court au débat entre les candidats sur la solution à apporter à l’insuffisante ligne C3, en proposant un TER qui relierait l’Ouest lyonnais à la gare de l’aéroport, via Saint-Paul et la Part-Dieu. Après s’être beaucoup fait entendre sur la délicate accessibilité à la Confluence, il propose de régler le problème en raccordant ce nouveau quartier à la ligne A du métro. Il est le seul candidat à faire cette proposition. En fin de campagne, à la recherche de thématiques plus porteuses, il vient de s’en prendre à la mauvaise gestion de Gérard Collomb en matière de propreté. Il attaque aussi le maire de Lyon sur la sécurité, un thème porteur à droite, et promet de renforcer la vidéosurveillance. Il veut en outre créer 1 500 places de crèche durant le prochain mandat, en ayant recours au secteur privé. Il prévoit enfin de raser le palais des Sports de Gerland pour construire l’équivalent d’un Zénith en lieu et place.

Sa campagne

Elle a commencé sous forme de baroud d’honneur en mars 2010 et Emmanuel Hamelin la mène principalement dans les médias. Privé de temps de parole au conseil municipal, isolé à l’UMP dans le Rhône, l’ancien député de la Croix-Rousse a su trouver les slogans pour exister. Sa campagne pour la primaire s’est poursuivie sur ce thème. Habile, il avait invité en début d’année Frigide Barjot à ses vœux et s’en voit aujourd’hui récompensé par un appel de la Manif pour tous à voter pour lui. Anticipant le début de la campagne, il avait distribué ses tracts dès la fin du mois de février. Comme la plupart de ses collègues, il n’a pas livré de grand meeting, se contentant d’une réunion publique à l’UMP, où il a réuni autant de militants et sympathisants que Georges Fenech. Comme Michel Havard, il n’a pas renversé la table mais n’a pas commis d’erreurs durant la campagne. S’il devait ne pas se qualifier pour le second tour, il viserait la mairie du 2e arrondissement, nous a-t-il confirmé.

Ce que les autres pensent de son programme

Emmanuel Hamelin a été le premier à avancer ses idées. Rien d’étonnant à ce qu’il soit attaqué sur ce terrain. “Il est censé avoir le projet le plus abouti, mais moi je suis resté sur ma faim”, nous souffle un concurrent. D’abord, sur 1 500 places de crèche qu’il veut créer : “Le problème, c’est que la Caisse d’allocations familiales, qui les cofinancerait, considère que Lyon est déjà bien doté”, souligne un concurrent. Ensuite, sur la liaison TER entre Saint-Paul et la Part-Dieu, en souterrain : “On peut en rêver. Mais cela suppose des financements de la Région, de RFF et de la SNCF”, indique un conseiller de Nora Berra. “Son TER, je ne le vois pas du tout, du tout, rentable”, complète un candidat. “Quant à sa proposition de prolonger le métro A à Confluence, elle supposerait une suspension du trafic de la ligne A vers Perrache pendant deux ans”, ajoute un militant connaisseur des questions de transport. Sa proposition de raser le palais des Sports reçoit un accueil mitigé : “Pourquoi pas ? C’est vrai qu’une réhabilitation coûte très cher. Mais attention, si c’est pour faire un Zénith, il faut aussi penser à la halle Tony-Garnier à côté”, prévient un conseiller de Nora Berra. “Le palais des Sports n’est plus aux normes, c’est exact, mais il est utilisable. Selon nous, c’est moins cher de lui rajouter des extensions que de démolir et reconstruire”, commente un proche de Michel Havard.

Ce que les autres pensent de lui

Habile devant les micros, à l’aise dans les débats, chaleureux, aimable, l’ex-député n’en est pas moins critiqué. “Ça fait dix ans qu’il n’a pas gagné une élection et il dit qu’il va gagner la Ville de Lyon ?” s’étrangle un candidat. “Il est incapable de dessiner une ligne forte. Je ne comprends pas sa stratégie”, ajoute un autre.

Sa chance

Elle repose principalement sur sa notoriété. Durant la campagne, il l’a agrémentée d’idées, pour se donner une crédibilité et contrer l’image de dilettante que lui collent ses rivaux. Pour l’emporter, Emmanuel Hamelin devra compter sur une participation qui dépasse le cadre des militants UMP qui, par loyauté, pourraient être tentés d’accorder leur confiance à Michel Havard. La mobilisation, à la dernière minute, des anti-mariage homo pourrait aussi densifier sa base électorale. La Manif pour tous a plus ou moins appelé à le soutenir et dispose d’une mailing list de 3 000 adhérents. Mais il devra partager cet électorat incertain avec Georges Fenech.

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