Rama Yade, ex-secrétaire d’État chargée des affaires étrangères et des droits de l’homme (2007-2009), vice-présidente du Parti radical, était l’invitée politique de Sud Radio, ce jeudi 25 septembre.
Interrogée par Christophe Bordet, Rama Yade est revenue sur l'assassinat de l'otage français en Algérie, Hervé Gourdel. "Je voudrais rendre hommage à Hervé Gourdel et j'ai une pensée pour sa famille", a-t-elle commencé, avant d'interpréter "cet assassinat" comme "un traumatisme national". "Cet homme est allé exercer sa passion dans un pays qu'il devait aimer, il est mort loin de chez lui, dans des conditions terrifiantes", s'émeut l'ancienne secrétaire d'Etat. Face à cet événement, elle préconise "de faire corps autour d'une espèce de solidarité nationale, de soutenir la communauté internationale dans son action contre l'Etat islamique ; et, plus humainement, si cela est possible, de retrouver le corps de notre compatriote, pour lui offrir une sépulture digne".
“Le 6e Français assassiné depuis 5 ans par les djihadistes”
Sur les conditions de la mort d'Hervé Gourdel : "Je ne sais pas si une négociation aurait permis quoi que ce soit, se demande Rama Yade. Comment négocier, par quels outils négocier avec des hommes qui pratiquent une barbarie aussi terrifiante, qui en 24 heures assassinent un homme et transmettent une vidéo pour faire allégeance à l'Etat islamique."
Il faut, selon elle, replacer cet assassinat dans le contexte plus global des exactions commises ces dernières années par l'Etat islamique : "Il y a quelques heures, Samira Saleh Al-Naimi, avocate, défenseure des Droits de l'homme en Irak, a été assassinée par l'Etat islamique à Mossoul (...) À travers Hervé Gourdel, nous sommes là avec le sixième Français assassiné depuis cinq ans par les djihadistes (...) et je rappelle que ces dernières semaines on a assisté à l'assassinat de Steven Sotloff, James Foley, de David Haynes (...) Il y a encore deux otages britanniques qui récemment ont fait l'objet de menaces d'exécution", commente-t-elle.
La France, “plus grand contingent de jeunes djihadistes en Europe”
En conséquence, l'ex-secrétaire d'Etat appelle à la "mobilisation". "J'espère que les Nations unies cesseront leur hypocrisie (...) La solidarité doit être totale ; on ne peut pas invoquer des souverainetés d'Etat pour empêcher des interventions militaires", estime Rama Yade.
Enfin, selon elle, la France doit prendre ses responsabilités dans la lutte contre le djihadisme international. "Pour les pays occidentaux, l'enjeu est de trouver une perspective à la jeunesse et en particulier à la nôtre. Je rappelle quand même que la France est le pays qui a le plus grand contingent de jeunes djihadistes parmi les jeunes Européens, c'est-à-dire un tiers, 1 000 sur 3 000. Cela dit quelque chose de notre société et cela n'est pas normal", affirme-t-elle.
Réécoutez l'intégralité de l'interview de Rama Yade en cliquant dans la rubrique "les derniers podcasts", "invité politique du 25/09".