Pour la première fois, un sondage place Nicolas Sarkozy devant François Hollande au 1er tour. L'effet Villepinte est significatif pour le candidat-président. Ses troupes pavoisent et promettent une accentuation du rapport de forces entre les deux favoris de l'élection présidentielle.
Premier tournant dans la campagne présidentielle : ce mardi matin, la courbe des sondages des deux favoris s'est inversée. Selon une enquête d'opionion Ifop-Fiducial pour Europe 1- Paris Match - Public Sénat, Nicolas Sarkozy arriverait en tête au soir du premier tour avec 1,5 point d'avance sur François Hollande qui jusqu'alors caracolait en tête des sondages. Le président-candidat est crédité selon cette enquête de 28,5% d'intentions de vote contre 27% pour le député de Corrèze.
Quelques jours après le grand meeting de l'UMP à Villepinte devant 50 000 personnes, l'opération second souffle initiée par Nicolas Sarkozy semble porter ses fruits. Et à droite comme à gauche, personne n'en est vraiment surpris. "Je pensais que le phénomène serait un peu plus lent. J'estimais qu'après le meeting de Villepinte il remonterait et que si cela ne se produisait pas, ce serait inquiétant. Je m'attendais à un resserrement de l'écart mais pas à cette bonne nouvelle", analyse Emmanuel Hamelin, sarkozyste de toujours et candidat aux législatives à la Croix-Rousse. "François Hollande nous a toujours dit et encore la semaine dernière que l'élection présidentielle était loin d'être jouée. Les sondages donnent une photo à l'instant T et l'on s'attendait à ce que l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy lui soit favorable. Il est normal de le voir progresser dans les sondages. Nous allons devoir nous mobiliser tous pour que François Hollande soit président", commente Martine Roure, coordinatrice de la campagne du candidat socialiste dans le Rhône. L'élue PS réfute d'ailleurs le qualificatif de favori pour son champion. À droite, Philippe Cochet qui faisait de Nicolas Sarkozy le challenger il y a quelques jours se veut toujours aussi prudent :"Il n'y a pas d'euphorie. Ce sondage ne fait que confirmer une tendance : Hollande descend et Nicolas Sarkozy monte. Cela ne préjuge en rien du résultat mais c'est important au niveau de la mobilisation".
L'effet Villepinte ?
Le croisement des courbes intervient au surlendemain du meeting de Villepinte et en pleine séquence forte de l'UMP qui a cristallisé l'attention médiatique. Le phénomène peut-il durer dans le temps alors que d'autres sondages publiés ce mardi n'annonçaient qu'un resserrement de l'écart entre les deux favoris du premier tour (la Sofres donne un 30-26% à l'avantage du candidat socialiste) ? Après son discours inaugural à Marseille, Nicolas Sarkozy avait gagné quelques points avant de stagner. L'effet Villepinte sera-t-il aussi éphémère que la séquence marseillaise ?
"Ce sondage confirme que notre électorat de base répond présent et que l'électorat flottant est sensible à la campagne de Nicolas Sarkozy qui est orientée sur des idées quand la gauche est courte en propositions et mise sur l'anti-sarkozysme. Le président tape juste avec ses annonces sur l'Union Européenne et l'espace Schengen. Il va continuer à leur parler avec des annonces comme celles de lundi soir sur les éxilés fiscaux. Il a le bon positionnement", affirme Emmanuel Hamelin (UMP). "La seule chose que je retiens de ce sondage et de l'après Villepinte, c'est qu'en amenant deux ou trois idées dans cette campagne qui manque de contenu, c'est que ça paie. Je suis heureux de voir les gens réagir à des annonces même si toutes ne sont pas intéressantes", commente Éric Lafond du Modem.
L'effet Villepinte, Philippe Cochet le mesure en comparant son champion à François Hollande : "Nicolas Sarkozy parle au peuple quand les autres s'adressent à des segments d'électeurs. Un message fort passe auprès des Français : il est crédible quand les autres ne font pas la maille. Il est solide face à l'évanescence du candidat socialiste".
Hollande encore favori du 2nd tour
Face à ce premier sondage inversant la tendance du premier tour, Martine Roure préconise de ne rien changer. "François Hollande doit rester sur ses positions et sur sa manière de faire campagne en étant respectueux des autres. Il n'est pas mauvais mais Nicolas Sarkozy est une bête politique. Il est loin d'être mort. Jusqu'à présent, il n'avait pas mobilisé son électorat qui se demandait s'il en avait vraiment envie. À Villepinte, il a frappé fort. Mais au second tour, François Hollande est toujours en tête", retient Martine Roure. Le sondage Ifop-Fiducial donne en effet François Hollande vainqueur avec 54% d'intention de vote. Si Nicolas Sarkozy a remobilisé son camp, il lui reste encore à convaincre les indécis (ils représentent encore 38% du panel de l'enquête) et les déçus de son quinquennat qui lui préfèrent François Hollande.