La veille de l'assemblée plénière du conseil régional, les élus de l'Humain d'Abord-PCF-FdG exprimaient leurs inquiétudes et leurs attentes quant au vote du budget de la collectivité pour l'année 2018. Emploi, transport, ou encore culture, ces élus ont déposé 80 amendements pour "préciser le budget des grandes masses", explique Cécile Cukierman, présidente du groupe.
Avant toute chose, la présidente du groupe L'Humain d'Abord-PCF-FdG s'est étonnée de la date à laquelle le budget de la région sera voté : "Nous ne sommes qu'en novembre et nous n'avons pas toutes les données. Il y a encore beaucoup de choses en expérimentation, et le budget nécessitera forcément des ajustements." Cécile Cukierman, qui dirige ce groupe, déplore la tendance du président du conseil régional, Laurent Wauquiez, de ne pas consulter les élus locaux : "Quand on n'associe pas les élus, on transforme la région en une baronnie importante qui devient le fait du prince." Le ton est donné par les élus communistes qui, ont déjà déposé 80 amendements au budget 2018 de la région.
Des amendements déposés "à l'aveugle" ?
Le grand regret exprimé par Cécile Cukierman et les autres élus de son groupe, c'est le manque cruel de transparence : "On a des budgets qui sont donnés dans des grandes masses. Impossible de savoir exactement qui obtient quoi". Ces 80 amendements déposés ont donc vocation non pas à être "obstruants", mais bien à "cibler toutes les questions qui mettent en avant ce qui sera fait ou non, pour savoir quelle ligne exacte du budget sera impactée." François Jacquart, élu du groupe en Ardèche poursuit : "Ces amendements, c'est aussi une manière d'interpeller les vice-présidents et de leur donner la parole eux qui n'ont absolument pas commenté les budgets".
La colère laisse place à l'inquiétude pour Cécile Cukierman qui redoute cette méthode d'opacité locale et "invite à dépasser les simples clivages gauche-droite, d'accord-pas d'accord".
Transport : "une convention sans ambition"
"On ne peut pas reprocher à un président de conseil régional de ne plus vouloir de retard sur les trains. Mais heureusement qu'il s'en inquiète, c'est le B.A BA", entame François Jacquart. C'est selon l'élu d'Ardèche, c'est une convention "sans ambition", qui ne répond pas intégralement aux besoins des usagers. Il entend ainsi trancher avec les grandes annonces présentées par Laurent Wauquiez plus tôt dans le mois sur la nouvelle convention qui lie la collectivité à la SNCF. Comme beaucoup d'autres élus, François Jacquart souligne que ce marché a été signé sans concertation. Face au mécontentement général, le conseil régional a mis en place un groupe de suivi, qui devrait être consulté lors des prochains ajustements. "Un groupe de suivi, mais pas de suivi dans les discussions", relève l'élu d'Ardèche. Selon le groupe l'Humain d'Abord-PCF-FdG, cette nouvelle convention laisse le champs libre à la SNCF de réorganiser son fonctionnement pour répondre aux attentes de Laurent Wauquiez, c'est-à-dire presque uniquement sur les retards et les suppression de trains. "Mais elle ne répond pas aux besoins de la population". Certaines lignes engorgées mériteraient des trains supplémentaires, ce à quoi la région répond par la présence de cars : "Même si parfois ça se justifie, concède François Jacquart, on a actuellement 1 500 trains pour 600 cars." Les élus du groupe de gauche s'indignent de cette convention, rappelant que le principe des "malus" expliqué par la région, était déjà présent dans la précédente convention.
Agence Economique Régionale : des aides déversées sans critère
"Trop de guichets, trop de démarches à mener de front dans tous les sens pour les entreprises, trop d’informations à redonner à des administrations cloisonnées et qui travaillent en silo", peut-on lire dans le dossier de présentation de l'agence économique régionale, présenté en mai 2017. Avec un budget annuel de 110 millions d'euros, l'agence économique régionale, créé en mai 2017, se veut efficace, et claire pour les entreprises qui y font recours. Premier regret pour les élus de gauche, pas de priorisation des demandes : petites et grandes entreprises, en difficulté ou non, peuvent faire appel à cette aide. Seconde inquiétude, aucun critère n'est demandé aux entreprises. "Chaque chef d'entreprise estime ses besoins, et il peut demander entre 1 400 et 490 000 euros", présente Raphaël Debû, élu à la métropole de Lyon. Ce manque de critère associé au manque de retour des entreprises une fois les investissements faits peut "ouvrir la porte du soupçon du clientélisme", craint Raphaël Debû. Pourtant, la région affirme que les aides ont été au préalable "déterminées par l'assemblée plénière." Les dossiers sont remplis, examinés, et validés par la commission permanente, s'ils répondent aux critères établis. "Par la suite, les entreprises doivent fournir des factures ou des devis pour justifier l'attribution de cette aide financière", poursuit la région.
Avec 80 amendements déposés, dont certains encore dans l'attente d'être validés, le groupe l'Humain d'Abord-PCF-FdG espère pouvoir éclaircir la politique de Laurent Wauquiez qui, "à vouloir tout simplifier, finit par ne plus être transparent", regrette Cécile Cukierman. Avant de poursuivre : "Je ne fais pas de la technicité budgétaire, mais comme je n'ai pas le détail, alors je me mets à leur niveau pour faire de la politique".